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Les principales zoonoses
TRANSMISSION PAR DÉJECTION
Se séparer du chat ?
Madame Y., patiente bien connue de la pharmacie :
– Avec mon mari, nous souhaiterions avoir un enfant. Mais j’ai lu sur internet que je devrais certainement me séparer de mon chat.
– C’est à cause du risque de toxoplasmose. Il faut déjà savoir si vous êtes immunisée. Ensuite, vous habitez en appartement : votre chat sort-il chasser ?
– Non, il est tout le temps à la maison.
– S’il est nourri avec des aliments industriels, il ne présente aucun danger de contamination.
La présence d’un chat durant la grossesse est l’un des facteurs de risque si la femme n’est pas immunisée contre la toxoplasmose. Cependant, de simples règles d’hygiène sont suffisantes pour minimiser le risque de transmission et éviter de se séparer de son chat. Une sérologie est instaurée chaque mois chez la femme enceinte pour détecter une éventuelle infection.
LA TOXOPLASMOSE
La toxoplasmose est une infection parasitaire fréquente due à Toxoplasma gondii, un protozoaire cosmopolite. Généralement bénigne et asymptomatique, elle peut être à l’origine de complications chez les patients immunodéficients et de complications fœtales chez les femmes enceintes non immunisées.
• Le chat est l’hôte définitif. Il excrète dans ses fèces le parasite sous forme d’oocystes, pendant 7 à 15 jours après la contamination. Les oocystes ont besoin d’un environnement aéré et humide pour devenir contaminants (sporocystes).
Transmission• La transmission peut se faire :
– principalement par ingestion de viande peu cuite contaminée par des parasites enkystés, de légumes et fruits crus souillés et mal lavés ou par l’eau contaminée par les déjections de l’hôte parasitaire principal (chat) ;
– par transmission maternofœtale : après ingestion des sporocystes, les tachyzoïtes diffusent dans l’organisme et peuvent traverser le placenta et contaminer le fœtus.
• De rares cas de transmission par transplantation ou don du sang ont été décrits.
SymptômesChez l’homme
La durée d’incubation est mal connue : de 5 jours à 3 semaines.
• Chez l’homme immunocompétent, la toxoplasmose est asymptomatique dans 80 % des cas. Des signes bénins sont relevés, associant adénopathies cervicales ou occipitales, fièvre modérée, asthénie voire myalgies ou arthralgies. Une éruption cutanée (petits boutons rosés) peut aussi apparaître sur l’ensemble du corps.
Ces symptômes durent quelques semaines à plusieurs mois. Le parasite peut s’enkyster dans les muscles, l’œil ou le système nerveux sans symptomatologie tant que le système immunitaire le maintient sous forme inactive.
• Chez les patients immunodéficients, on observe le plus souvent une toxoplasmose de réactivation avec localisation cérébrale (fièvre élevée, céphalée importante et persistante, épilepsie, paralysie partielle) parfois associée à une localisation oculaire sous forme de choriorétinite pigmentaire entraînant une rougeur de l’œil, une baisse de l’acuité visuelle et l’impression de « mouches » volant devant les yeux. Des manifestations pulmonaires sont aussi possibles. La principale complication redoutée est la dissémination du parasite dans l’organisme avec risque de décès.
• Chez une femme enceinte non immunisée, peuvent survenir des complications fœtales plus ou moins graves selon le stade de la grossesse. Le risque de transmission est plus faible en début de grossesse mais les séquelles sont plus graves. La principale complication est la choriorétinite mais peuvent également survenir : accouchement prématuré, séquelles neurologiques, mort in utero.
Chez l’animal
Généralement asymptomatique, la toxoplasmose peut se manifester par une adénomégalie discrète. Chez la femelle gestante non immune, avortements, malformations fœtales et mortinatalité des petits sont observés.
Traitement• Lorsqu’une primo-infection est détectée pendant la grossesse, une prise en charge par un service hospitalier est nécessaire et un traitement par spiramycine peut être prescrit et poursuivi jusqu’à l’accouchement.
• En cas de toxoplasmose congénitale, le traitement repose sur l’administration de pyriméthamine et de sulfadiazine chez la femme enceinte. Chez l’enfant, si la contamination est prouvée à la naissance, un traitement à base de vitamines est préconisé ainsi qu’une surveillance de la formule sanguine et un examen ophtalmologique tous les 3 mois.
• Chez l’immunodéprimé : cotrimoxazole en préventif. En curatif, le traitement est similaire à celui de la toxoplasmose congénitale.
• Le traitement n’est pas nécessaire chez le patient immunocompétent.
Prévention• La prévention repose au quotidien sur des mesures d’hygiène et une bonne cuisson des aliments :
– une cuisson à une température supérieure à 67 °C à cœur détruit le parasite enkysté en moins d’une minute. Les kystes peuvent également être détruits par congélation à – 12 °C pendant 3 jours minimum ;
– blanchir les légumes : les oocystes sporulés présents sur les aliments consommés crus et mal lavés peuvent être tués à 60°C pendant 1 minute.
A dire aux patients• Bien se laver les mains avec du savon, au moins pendant 30 secondes et en se brossant les ongles, surtout après manipulation de viandes crus ou de légumes terreux.
• Porter des gants pour jardiner ou pour toucher la terre.
• Rincer crudités, fruits et plantes aromatiques pour retirer toutes traces de terres et éliminer les oocystes.
• Bien laver les ustensiles de cuisine après découpe de viandes.
• Si présence de chats, laver quotidiennement le bac à litières à l’eau très chaude (> 70 °C) en portant des gants. Demander à une autre personne de le faire lorsque la femme est enceinte.
• Chez les femmes enceintes séronégatives, éviter certains aliments et éviter les contacts avec la litière du chat (voir tableau p. 8).
LES ÉCHINOCOCCOSES
L’échinococcose humaine est une maladie parasitaire due à des ténias, vers plats ou cestodes du genre Echinococcus. Chez l’homme, on distingue l’échinococcose alvéolaire provoquée par E. multilocularis, aussi appelé « ver du renard », forme la plus fréquente présente dans le quart Nord-Est de la France et le Massif central, et l’échinococcose hydatique ou hydatidose due à E. granulosus pour laquelle quelques cas ont été recensés, essentiellement dans le Sud-Est et en Corse.
CycleL’hôte intermédiaire se contamine par ingestion d’œufs présents sur le sol. Ingéré, le parasite passe au stade larvaire puis poursuit son développement dans les viscères. L’hôte définitif se contamine par ingestion des viscères de l’hôte intermédiaire ou par des carcasses infectées.
Transmission• Chez l’homme, le parasite est en situation d’impasse parasitaire.
• Echinococcose alvéolaire : l’homme se contamine en ingérant des végétaux et les baies sauvages (fraises, myrtilles, légumes cultivés) accessibles aux renards ou chiens infectés.
• Hydatidose : l’homme se contamine en ingérant les œufs embryonnés présents sur le pelage du chien (par caresse) ou sur des aliments ou sols souillés par les fèces du chien infecté.
SymptômesChez l’homme
• L’incubation peut durer plusieurs années.
• L’échinococcose alvéolaire peut être découverte de manière fortuite suite à une hépatomégalie ou des signes non spécifiques : fièvre, douleurs, troubles digestifs, voire ictère. La lésion primaire dans le foie prend un aspect tumoral (« tumeur parasitaire », « pseudo-tumeur ») et des « métastases larvaires » peuvent aller au niveau de la rate voire dans les poumons et le cerveau en cas de dissémination lymphatique ou sanguine. Sans traitement, l’évolution est fatale.
• L’échinococcose hydatique devient symptomatique lorsque les kystes deviennent importants en taille avec des signes non spécifiques (anorexie, perte de poids, asthénie) et des signes dépendant de leur localisation (foie : douleurs abdominales, nausées, vomissements ; poumon: toux chroniques, douleurs thoraciques, essoufflement).
Chez l’animal
Les animaux domestiques peuvent être porteurs sains. Ils ne développent pas la maladie mais peuvent la transmettre.
TraitementIl repose toujours sur une intervention chirurgicale accompagnée ou non d’une chimiothérapie antiparasitaire (albendazole) lorsque l’exérèse chirurgicale est limitée ou impossible.
PréventionLes règles de prévention sont similaires pour les deux maladies et reposent sur la vermifugation efficace et régulière (tous les 3 mois chez les animaux adultes) des animaux carnivores domestiques (chiens et chats).
A dire aux patients• Eviter la consommation de baies sauvages crues.
• Veiller à bien cuire les aliments provenant des champs, des forêts ou des jardins potentiellement accessibles aux renards (pissenlits, champignons, mûres, myrtilles) : à plus de 60 °C pendant au moins 30 minutes.
• Porter des gants pour les travaux de plein air, et bien se laver les mains après.
• La congélation n’a pas d’effet sur les œufs d’échinocoques. Ils ne craignent pas non plus l’eau vinaigrée ou javellisée.
• Se laver les mains après avoir caressé ou toiletté son animal.
LA TOXOCAROSE
La toxocarose est une infection parasitaire cosmopolite due à un ver rond ou nématode du genre Toxocara (T. canis ou T. cati).
CycleL’hôte définitif est le chien ou le chat. L’animal se contamine en ingérant des œufs embryonnés présents sur le sol et rejetés par d’autres animaux contaminés, ou des larves directement lors de la tétée pour l’animal jeune. Chez l’adulte, le parasite reste en attente dans les viscères et reprend son évolution chez la femelle gravide sous l’effet des hormones.
Transmission• L’homme se contamine généralement par ingestion d’aliments souillés par des œufs embryonnés. L’enfant se contamine par les mains salies lors de jeux par terre ou dans les bacs à sable souillés par des déjections canines, et portées à la bouche.
Après éclosion des œufs dans l’intestin, les larves vont commencer une migration tissulaire se révélant symptomatiquement sous le terme de larva migrans viscérale, Toxocara étant en impasse parasitaire chez l’homme.
SymptômesChez l’homme
• Le plus souvent, la toxocarose est asymptomatique ou modérée. Les signes, s’ils existent, sont dus à la larva migrans : douleurs digestives, hépatosplénomégalie, myalgies, troubles asthmatiformes.
• Chez l’enfant, des troubles du sommeil et du comportement peuvent apparaître.
• Une atteinte oculaire est également possible, préférentiellement chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte jeune. Elle se traduit unilatéralement par une baisse de la vision s’amplifiant en quelques jours voire semaines, ou une uvéite.
Chez l’animal
La toxocarose est très fréquente chez les jeunes adultes et se manifeste par des troubles de la croissance, de la diarrhée, un abdomen dilaté (abdomen de grenouille), ou encore des vomissements avec parfois rejet de parasites entiers.
Traitement• Il repose sur l’utilisation d’un antiparasitaire antihelminthique (hors AMM) : albendazole ou diéthylcarbamazine pendant 2 à 3 semaines.
• L’utilisation de corticoïdes est privilégiée en priorité dans la forme oculaire pendant plusieurs semaines.
PréventionLes mesures collectives reposent sur l’interdiction d’accès aux chiens des zones de jeux pour enfants et la suppression des bacs à sable publics.
A dire aux patients• Bien se laver les mains après avoir jardiné, nettoyé la niche ou la litière, épluché des légumes d’un jardin potager. Laver les mains des enfants ayant joué dans un bac à sable.
• Vermifuger les chiens 2 à 4 fois par an, à l’aide d’un vermifuge à large spectre.
• Vermifuger les chiots dès l’âge de 15 jours, toutes les 2 semaines jusqu’à 2 mois, puis tous les mois jusqu’à 6 mois (voir tableau p.4).
• Isoler les jardins potagers.
TRANSMISSION PAR INGESTION
« J’ai le ver solitaire »
Marcel, 54 ans, demande une boÎte de Fluvermal (flubendazole) :
– Je crois avoir attrapé le ver solitaire, il y a des segments tout blancs dans mes selles…
– Le flubendazole n’est pas indiqué pour le « ver solitaire » ou ténia. Même si les symptômes ne sont pas gênants, mieux vaut consulter votre médecin pour un antiparasitaire adapté, qui est sur ordonnance.
– Comment ai-je pu attraper le ténia ? Je suis allé au restaurant japonais : est-ce dû aux sashimis de poissons ?
– Non, le ténia provient d’une viande de bœuf insuffisamment cuite ou crue.
L’alimentation est une source importante de transmission de zoonoses. En cause : les aliments crus ou peu cuits. Les bactéries sont les principaux agents responsables identifiés.
ZOONOSES BACTÉRIENNES
Salmonella, Campylobacter, Listeria et Brucella sont 4 bactéries potentiellement responsables de zoonoses d’origine alimentaire. La listériose et la brucellose sont des maladies à déclaration obligatoire, tout comme les toxi-infections alimentaires collectives que peuvent entraîner Salmonella et dans une moindre mesure Campylobacter.
TransmissionL’homme se contamine par l’ingestion d’aliments voire d’eau de boisson souillés, notamment par des erreurs de manipulations lors de la préparation. Plus rarement la contamination se fait par voie interhumaine ou animale, ou par voie materno-fœtale (Listeria).
Symptômes• L’incubation dure quelques heures (Salmonella) à quelques jours. Des symptômes tels que nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées, céphalées et fièvre apparaissent ensuite et peuvent durer plusieurs jours à plusieurs semaines. Des selles sanguinolentes peuvent être présentes en cas d’infection par Campylobacter. La brucellose provoque une fièvre ondulante caractéristique avec sueurs abondantes et arthralgies ou myalgies.
• Les troubles sont généralement bénins, mais des risques de complication sont possibles chez les personnes âgées, les enfants et les immunodéficients :
– Listeria : la listériose peut se traduire par une forme neuroméningée grave (méningite isolée, encéphalite, abcès cérébral). Chez les femmes enceintes et les nouveau-nés : avortement, mort fœtale, accouchement prématuré, infection fœtale ou néonatale…
– Campylobacter : déshydratation, neuropathie…
– Salmonella : déshydratation, septicémie parfois mortelle ;
– Brucella : complications ostéoarticulaires, parfois neurologiques.
Traitement• Antibiothérapie systématique pour la listériose, recommandée pour la brucellose.
• Traitement symptomatique pour salmonellose et campylobactériose et antibiothérapie si gravité.
Prévention• Elle repose sur l’éviction de certains aliments et le respect de règles d’hygiène : bien se laver les mains après contact avec un animal et après avoir manipulé des aliments à risque (œufs et viandes crues, légumes non lavés).
• Eviter les œufs crus (également en préparations comme dans la mousse au chocolat), le lait cru et les fromages au lait cru et volailles crues (Salmonella) ou fruits de mer. Bien cuire (> 65 °C à cœur) la viande de volaille et de boucherie.
• Pour les sujets à risque, éviter en plus : fromages à pâte molle, poissons fumés, coquillages crus, tarama, rillettes, pâtés, foie gras, produits en gelée, graines germées.
A dire aux patients• Dans le réfrigérateur, maintenir une température inférieure à 4 °C et séparer aliments crus et cuits. Laisser les viandes crues dans leur emballage.
• Respecter la chaîne du froid.
• Nettoyer le réfrigérateur régulièrement et désinfecter à l’eau faiblement javellisée : l’application directe d’eau de Javel concentrée sur les parois du réfrigérateur risque d’agresser la surface et provoquer des crevasses favorables au développement de micro-organismes.
• Bien rincer légumes, fruits et herbes aromatiques.
• Nettoyer ustensiles, plats de préparation et plan de travail après avoir manipulé des aliments crus.
• Cuire les aliments crus d’origine animale.
• Réchauffer soigneusement les restes alimentaires ou plats cuisinés.
• Bien se laver les mains.
LE TÆNIASIS
Les ténias (tænia) sont des vers plats (cestodes) de grande taille (2 à 10 m de long). Il en existe 2 sortes : T. saginata ou ténia du bœuf, le plus fréquent, et T. solium ou ténia du porc, éradiqué en France mais qui sévit toujours dans certains pays en voie de développement.
Cycle• Le bœuf ou le porc sont des hôtes intermédiaires et se contaminent par ingestion des œufs dispersés dans le sol.
• Le tænia poursuit son cycle chez l’animal et se propage dans les muscles où il s’enkyste sous forme de cysticerque infestant.
Transmission• L’homme se contamine en ingérant les cysticerques présents dans la viande consommée crue ou insuffisamment cuite, les charcuteries.
• Dans l’organisme, les cysticerques se fixent à la muqueuse intestinale par l’intermédiaire de leur scolex et se transforment en ver adulte. Les premiers segments ou anneaux porteurs d’œufs sont expulsés dans les selles 2 à 3 mois après la contamination.
• L’homme peut également se contaminer par ingestion des œufs via la terre (mains sales), l’eau ou des légumes souillés.
SymptômesChez l’homme
• L’infection est souvent asymptomatique. Des signes non spécifiques et de faible intensité peuvent être présents : douleurs abdominales, nausées, alternance de diarrhée et constipation, qui apparaissent 6 à 8 semaines après la contamination et durent jusqu’à la mort du tænia. La découverte d’anneaux du parasite dans les selles, les sous-vêtements ou la literie est fréquente dans le cas d’un T. saginata. Un prurit anal au moment de l’évacuation des segments peut aussi se produire.
• De rares complications existent :
– avec T. saginata, risque d’appendicite aiguë ou chronique, d’occlusion intestinale, de pancréatite…
– avec T. solium, rares complications intestinales, cysticercose avec localisation des cysticerques dans tous les organes (tissus sous-cutanés, muscles de la langue, du cou, du thorax, de l’œil et cerveau) qui provoquent des réactions tissulaires ou neurologiques (neurocysticercose) intenses et graves (convulsion, cécité…).
Chez l’animal
Légère diarrhée et mauvais état général.
TraitementLe traitement repose sur la prise de niclosamide ou de praziquantel (hors AMM) avec efficacité variable.
PréventionElle passe par le respect des règles d’hygiène et de bonne cuisson des viandes.
A dire aux patients• Rassurer : les ténias restent rares en France, mais informer les touristes qui se rendent en Asie, Afrique et Amérique Latine.
• Cuire la viande à cœur, au moins 60 °C pendant plusieurs minutes. La viande destinée à être consommée crue ou peu cuite peu être congelée au préalable à – 10 °C pendant 10 jours ou – 15 °C pendant 6 jours.
Attention : la fumaison ne détruit pas le parasite.
L’ANISAKIASE
Les parasites Anisakis et Pseudoterranova (nématodes) sont responsables de l’anisakiase, une zoonose cosmopolite des mers tempérées et froides de l’hémisphère nord.
Fréquente au Japon, elle est sporadique en Europe, liée à la consommation de harengs (fumés ou marinés).
CycleL’hôte définitif est un animal marin (cétacés, pinnipèdes). Les œufs, éliminés dans ses selles, s’embryonnent et libèrent des larves qui vont infester des crustacés. Les crustacés infectés sont ensuite ingérés par des calmars ou des poissons (hareng, maquereau, lotte, flétan, merlu…). Après la mort de l’hôte, les larves migrent vers les muscles, si le poisson n’a pas été éviscéré rapidement, assurant la contamination du prédateur suivant.
TransmissionL’homme se contamine par ingestion de poisson cru, peu cuit ou conservé dans des préparations à faible teneur en sel et contaminé. L’homme représente une impasse parasitaire.
Symptômes• Les symptômes sont fonction de la muqueuse où pénètrent les larves (larva migrans) :
– paroi gastrique : vomissements, diarrhées, altération de l’état général surviennent dans les heures qui suivent le repas ;
– muqueuse intestinale : les douleurs abdominales peuvent durer quelques jours ou semaines, allant jusqu’au syndrome occlusif ou appendiculaire.
• Certains patients à terrain atopique peuvent souffrir de manifestations allergiques (urticaire, angio-œdème) allant jusqu’au choc anaphylactique.
TraitementLe traitement le plus adapté est l’exérèse chirurgicale. Le traitement médicamenteux à base d’albendazole reste indispensable en cas de syndrome occlusif ou d’invagination intestinale.
Prévention• Elle repose sur la cuisson à cœur des poissons de mer frais. Pour un filet de 3 cm d’épaisseur: 10 minutes. La chair ne doit pas être rose à l’arête.
• En cas de réaction allergique, seule l’éviction est efficace.
A dire aux patients• Pour les amateurs de poisson cru, il est recommandé de congeler la chair durant 7 jours dans le congélateur domestique pour tuer les larves et la découper en tranches fines plutôt qu’en tranches épaisses ou cubes facilitant ainsi le contrôle visuel (présence de larves enkystées).
• L’éviscération rapide des poissons pêchés est aussi recommandée pour éviter la migration post-mortem des larves vers les muscles.
• Le risque de contamination avec des poissons d’élevage lorsque le mode d’alimentation est maîtrisé est considéré comme nul.
LA TRICHINELLOSE
La trichinellose est une zoonose cosmopolite due à un nématode (ver rond) du genre Trichinella. En France, les espèces T. spiralis, T. pseudospiralis et T. britovi sont recensées.
Cycle• En Europe, les animaux les plus touchés sont le sanglier, le porc et le cheval.
• La contamination s’effectue par carnivorisme (muscles contenant les larves infestantes). Le cycle est dit autohétéroxène : l’animal carnivore ou omnivore est successivement hôte définitif puis hôte intermédiaire. Les larves libérées dans l’intestin se transforment en adulte en 24 à 36??heures. Les femelles fécondées libèrent de nouvelles larves dans la paroi de l’intestin. Par voie lymphatique puis sanguine, les larves migrent et vont s’enkyster dans les muscles où elles survivent plusieurs mois puis se calcifient.
Transmission• L’homme se contamine par ingestion de viande contaminée peu ou non cuite.
• Le parasite se trouve alors en impasse parasitaire : l’homme ne peut le transmettre.
Symptômes• L’incubation dure 48 heures et est le plus souvent asymptomatique. Un syndrome digestif avec douleurs abdominales et diarrhée peut survenir en cas d’infestations massives.
• Après 48 heures peuvent apparaître fièvre, douleurs abdominales, diarrhées, nausées, vomissements. Pendant la phase d’enkystement, 15 jours après la contamination, apparaissent des symptômes spécifiques : fièvre en plateau avec altération de l’état général, atteinte musculaire et œdème de la face (particulièrement palpébral) et éventuellement des manifestations allergiques.
• Les signes musculaires et allergiques peuvent persister plusieurs semaines. Des complications neurologiques et cardiaques (myocardite) peuvent survenir et des séquelles neurologiques et musculaires sont observées.
TraitementLe traitement repose sur l’albendazole pendant 10 à 15 jours associé à une corticothérapie.
PréventionElle repose sur une cuisson suffisante de la viande.
A dire au patient• La congélation domestique de la viande n’est pas suffisamment efficace pour éliminer tout risque de contamination.
• Les viandes fumées ou préparées par salaisons sont également source de contamination. Seules les charcuteries cuites (pâtés, rillettes, saucissons à l’ail) sont considérées comme sans risque.
TRANSMISSION PAR GRIFFURE OU MORSURE
Un vaccin utile ?
Valérie, 28 ans, va partir en voyage avec son compagnon au Vietnam :
– Faut-il que l’on se fasse vacciner contre la rage avant de partir ?
– Tout dépend des modalités de votre voyage. Le vaccin antirabique est recommandé en cas de séjour prolongé ou en situation d’isolement.
– Est-ce qu’il faut s’y prendre longtemps à l’avance ?
– Il faut prévoir 3 injections à débuter au moins un mois avant votre départ. Je vous conseille de consulter votre médecin à l’avance pour prévoir les différentes vaccinations dont vous aurez besoin.
L’effraction cutanée, après griffure ou morsure animale est une autre voie de transmission de zoonose.
LA RAGE
• C’est une maladie à déclaration obligatoire induite par un virus neurotrope du genre Lyssavirus.
• La rage autochtone des mammifères terrestres non volatiles a disparu de France métropolitaine ; les rares cas observés sont dus à des animaux importés illégalement ou à des chauves-souris infectées.
Vecteurs• Les réservoirs sont les carnivores et les chauves-souris.
• Une fois infectés, ils excrètent le virus dans leur salive et peuvent le transmettre à leurs congénères ou à d’autres animaux notamment domestiques par morsure. Les animaux qui n’ont pas été vaccinés deviennent alors à leur tour vecteurs du virus.
Transmission• La transmission à l’homme se fait par contact direct sur une peau lésée, une plaie ou une muqueuse avec la salive d’un animal enragé. Le virus ne traverse pas la peau saine.
• Le virus reste actif même chez un animal mort.
• La contamination interhumaine est exceptionnelle ; quelques cas ont été recensés suite à une greffe d’organe, de cornée ou de tissus.
SymptômesChez l’homme
• La durée d’incubation chez l’homme est variable mais le plus souvent de 30 à 90 jours (parfois > 1 an). Elle est plus courte en cas de morsures profondes ou multiples au niveau des zones richement innervées et proches du système nerveux central (visage).
• Les prodromes sont divers et non spécifiques : fièvre, asthénie, nausées, douleur au niveau de la morsure. La phase d’état correspond à un tableau d’encéphalopathie. La rage est :
– furieuse (rage spastique) avec agitation, agressivité, hypersalivation avec spasmes laryngopharyngés, troubles de la déglutition, hydrophobie ou aérophobie ;
– paralytique (ou muette, 30 % des cas) : paralysie ascendante.
• En l’absence de traitement, l’évolution se fait vers le coma puis la mort en quelques jours.
Chez l’animal
La rage se traduit chez les animaux par un changement de comportement : tendance à mordre ou apathie chez les animaux domestiques, tendance à se laisser approcher pour les animaux sauvages… Des troubles nerveux apparaissent, puis la mort en quelques jours.
Traitement• Nettoyer la plaie à l’eau savonneuse, appliquer un antiseptique (voir p.16).
• Un traitement spécifique est mis en place dans un centre antirabique (69 centres et 20 antennes répartis sur le territoire français, liste sur pasteur.fr) s’il existe un risque de contamination. Il repose sur une vaccination post-exposition dont le but est d’assurer une protection avant que le virus n’atteigne le système nerveux central et qu’apparaissent les premiers symptômes. Il n’existe aucun traitement curatif une fois la rage déclarée.
• Deux protocoles de post-exposition sont possibles :
– protocole Essen : 5 injections IM d’une dose de vaccin à J0, J3, J7, J14 et J28.
– protocole Zagreb en 4 injections IM : 2 doses à J0 puis 1 dose à J7 et J21.
• En cas de contamination grave (ex : morsure ayant traversé le derme), on associe une sérothérapie antirabique par immunoglobulines spécifiques (milieu hospitalier et centres antirabiques).
Prévention• La vaccination préventive est recommandée chez les professionnels exposés (vétérinaires…) et certains voyageurs se rendant en zone d’endémie. Elle consiste en 3injections (J0, J7 et J21 ou J28). Le rappel à 1 an n’est plus proposé aux voyageurs.
• La vaccination préventive ne dispense pas d’un traitement post-exposition à la suite d’une contamination mais elle en réduit l’importance. Dans ce cas, le traitement post-exposition se limite à 2 injections à 3 jours d’intervalle.
A dire aux patients• Faire vacciner son animal domestique est fortement recommandé et même obligatoire en France pour les chiens de catégorie 1 et 2 (chiens d’attaque, de garde et de défense), et pour les animaux amenés à passer les frontières.
• Consulter pour envisager une vaccination avant un voyage en zone endémique.
• Apprendre aux enfants à ne pas jouer ou caresser les animaux errants.
LA MALADIE DES GRIFFES DU CHAT
Egalement appelée lymphoréticulose bénigne d’inoculation, la maladie des griffes du chat (MGC) est provoquée par la bactérie Bartonella henselæ.
VecteursIl s’agit essentiellement de chats, et plus rarement de chiens.
Transmission• Les puces assurent la transmission entre les chats. Elles éliminent la bactérie dans leurs déjections que l’on retrouve sur les poils de l’animal. Ce dernier contamine ses griffes en se grattant ou au cours de sa toilette.
• La transmission à l’homme se fait le plus souvent par griffure ou morsure de l’animal, mais aussi par piqûre de puces.
• Elle est également possible par voie oculaire en se frottant les yeux avec des mains contaminées exceptionnellement par inoculation avec des objets souillés.
SymptômesChez l’homme
• La MGC se traduit, dans 60 à 90 % des cas, par une papule érythémateuse au point d’inoculation, 3 à 10 jours après la contamination, qui régresse spontanément. Une adénopathie régionale en rapport avec le siège de la griffure ou morsure apparaît dans les 2 semaines.
• Des symptômes généraux (fièvre, céphalées, douleurs musculaires et articulaires…) sont possibles.
• Si la pathologie est généralement bénigne et sans séquelle avec une guérison en 2 à 3semaines, de rares complications oculaires (conjonctivite associée à un ganglion préauriculaire dit syndrome de Parinaud), neurologiques (encéphalopathie, convulsions…) ou osseuses peuvent survenir dans 5 à 15 % des cas.
• Chez le patient immunodéprimé, l’infection évolue en forme grave : angiomatose bacillaire ou péliose hépatique (affections caractérisées par prolifération de kystes remplis de sang).
Chez l’animal
Généralement sans symptôme chez l’animal, la MGC est parfois à l’origine de fièvre, d’atteintes cardiaque, hépatique, rénale, de modifications de la formule sanguine…
Traitement• Les formes sans fièvre ne nécessitent aucun traitement spécifique.
• Pour les formes systémiques et les patients immunodéficients, la prise en charge repose sur un traitement antibiotique par macrolides, doxycycline ou fluoroquinolones pendant plusieurs jours, au moins 4 semaines dans les cas sévères, éventuellement associé à une ponction ou un drainage du ganglion.
PréventionLa prévention repose sur un traitement antipuces bien conduit des animaux domestiques et de l’environnement.
Traitement de l’animal
Présentés sous forme de poudre (à la tétraméthrine Biocanina…), de spray (Effipro, Fiprokil…), de collier (Seresto…), de spot-on (Tick-Puss, Frontline…) ou de comprimés (Capstar, Comfortis), les antiparasitaires externes sont à renouveler tous les mois. Attention, les actifs sont spécifiques à chaque espèce, même si certains conviennent à la fois aux chats et aux chiens. Les doses sont adaptées au poids.
Traitement de l’habitat
Il existe des sprays (à pulvériser sur les zones à traiter) ou des foggers (à laisser diffuser) à base d’insecticides comme la perméthrine (Eco-logis) ou le méthoprène (Insecticide Habitat Clément Thékan). Des précautions sont indispensables : bien aérer après utilisation et éviter tout contact du produit avec les animaux, enfants…
A dire aux patients :• Traiter régulièrement son chat/chien contre les puces.
• Nettoyer et désinfecter sans attendre toute griffure/morsure.
• Consulter son médecin en cas d’apparition d’adénopathie suite à une griffure/morsure.
TRANSMISSION PAR CONTACT CUTANÉ
Une gale non contagieuse
Madame F., inquiète, demande un acaricide :
– Une amie de ma fille de 15 ans a passé le week-end chez nous. Je viens d’apprendre qu’elle est atteinte de gale.
– Savez-vous de quel type de gale il s’agit ?
– C’est son chien qui lui a transmis. Risquons-nous d’être contaminés aussi ? Surtout que ma fille a dormi dans la même chambre que son amie…
– Non. Dans les cas de gale animale, l’homme représente une impasse parasitaire.
Le contact cutané prolongé avec l’animal peut favoriser la transmission de parasites, notamment acariens et champignons.
GALES ANIMALES
• Les gales animales sont des dermatozoonoses dues à des parasites de la famille des Sarcoptidés (acariens) sauf Sarcoptes scabiei var hominis pour lequel la transmission est exclusivement interhumaine.
• Les gales animales se transmettent beaucoup plus rarement à l’homme que la gale humaine, elle-même très contagieuse.
VecteursEssentiellement des animaux domestiques : chiens, chats, rongeurs, qui peuvent également se contaminer entre eux.
Transmission• La transmission se fait par contact direct (caresses, jeux…) avec l’animal infecté.
• L’homme est une impasse parasitaire : une personne atteinte de gale animale ne la transmet donc pas à son entourage.
SymptômesChez l’homme
• Papules et démangeaisons intenses qui entraînent des lésions de grattage au niveau des zones de contact sont observées.
• Contrairement à la gale humaine, on ne retrouve pas de sillon caractéristique.
Chez l’animal
• Des démangeaisons avec croûtes et zones pelées apparaissent notamment au niveau du pavillon de l’oreille, des coudes, du poitrail, du tour des yeux, des membres et des flancs.
Traitement• Une guérison spontanée est obtenue après éloignement et traitement de l’animal vecteur. Un traitement antiparasitaire n’est donc a priori pas nécessaire.
• Un antihistaminique par voies locale et/ou orale permet de calmer les démangeaisons. Un traitement antibiotique peut être nécessaire en cas de lésions de grattage surinfectées.
• S’il est inutile de traiter l’entourage, les autres animaux doivent être éloignés et si possible examinés par un vétérinaire pour vérifier l’absence de contamination ou traiter.
L’utilisation d’un insecticide en spray ou en fogger permet d’assainir l’environnement, y compris le panier des animaux (Eco-Logis…).
Prévention• Se laver les mains à l’eau et au savon systématiquement après contact avec les animaux.
• Avoir une bonne hygiène corporelle, éviter le couchage avec son animal de compagnie.
• Inspecter et faire examiner par un vétérinaire son animal régulièrement.
• Eviter le contact avec les animaux suspects et les faire examiner par un vétérinaire.
A dire aux patients• Consulter un vétérinaire en cas d’apparition de lésions cutanées chez son animal.
• Nettoyer régulièrement l’environnement de l’animal (coussins, paniers…) par un lavage en machine à 60 °C.
TEIGNES ANIMALES
• Les teignes sont des affections bénignes et superficielles du cuir chevelu et de la barbe dues à des champignons dermatophytes cosmopolites du genre Microsporum ou Trichophyton et leurs spores.
• Seuls les dermatophytes zoophiles (transmis par les animaux : Microsporum canis, M.equinum, Trichophyton mentagrophytes…) et telluriques (transmis par contact avec le sol ou via le pelage animal, le museau… : M. gypseum), peu contagieux, sont à l’origine de dermatozoonoses.
VecteursTous les mammifères, surtout les jeunes animaux, et plus rarement les oiseaux, qui peuvent se contaminer entre eux.
Transmission• La transmission à l’homme se fait soit par contact direct avec un animal porteur (caresses), soit indirectement via des poils laissés sur un fauteuil par exemple. Exceptionnellement, elle peut également se faire via le sol contaminé par des spores.
• La transmission interhumaine de champignons zoophiles est faible, voire nulle. Au contraire, les espèces anthropophiles sont très contagieuses.
SymptômesChez l’homme
• Les teignes se traduisent par plusieurs formes de lésions du cuir chevelu :
– les teignes tondantes : elles entraînent des plaques d’alopécie squameuses (une ou deux grandes plaques pour les microsporiques, très nombreuses petites plaques pour les trichophytiques), peu ou pas inflammatoires ;
– les teignes suppurées : elles se présentent comme des placards ronds très inflammatoires et surélevés avec présence de pus (kérion).
• Les démangeaisons sont fréquentes mais d’intensité variable.
Chez l’animal
• Si les animaux responsables peuvent présenter des lésions, ils peuvent aussi être porteurs sains.
• Les symptômes sont variables d’une espèce à l’autre mais on retrouve en général l’apparition d’une zone sans poil, souvent circulaire et bien délimitée.
Traitement• Les suspicions de teignes nécessitent un avis médical. La prise en charge associe toujours :
– un traitement par voie locale : application biquotidienne d’un antifongique imidazolé
– un traitement par voie générale: terbinafine ou griséofulvine pendant 4 à 8semaines.
• Une visite chez le vétérinaire permettra de traiter l’animal contaminateur et d’examiner les animaux contact.
• Le traitement de l’entourage est inutile. L’éviction scolaire n’est d’ailleurs plus systématique. Mais un nettoyage consciencieux de l’environnement est conseillé.
PréventionLes mesures d’hygiène classiques doivent être rappelées.
A dire aux patients• Consulter un médecin en cas d’apparition de lésions du cuir chevelu s’accompagnant de cheveux cassants.
• Si une souche zoophile est mise en évidence, une enquête est nécessaire chez les animaux contacts (vétérinaire).
• Décontaminer l’environnement par un ménage approfondi du logement (aspirateur…), ne pas partager le linge, désinfecter bonnets, capuches ou brosses à cheveux avec une poudre antifongique (Daktarin, Pevaryl, Fazol), nettoyer le linge de lit et de toilette à 60 °C, nettoyer le panier de couchage de l’animal et le matériel de toilettage…
DERMATOPHYTOSES DE LA PEAU GLABRE
• Equivalents des teignes mais sur peau glabre, anciennement appelées herpès circiné, ces dermatophytoses sont aussi d’origine mycosique et touchent les zones du corps découvertes, en contact avec les animaux vecteurs (chats, chiens…).
• La lésion débute par un érythème souvent prurigineux qui s’étale et forme un anneau bien limité avec une périphérie recouverte de squames et de petites vésicules.
• Un traitement local est suffisant: antifongique imidazolé matin et soir pendant 2 semaines (4 à 6 semaines au niveau des plis de la peau), excepté en cas de lésions très étendues où sera prescrite la griséofulvine per os.
• Les conseils de prévention sont les mêmes que pour les teignes animales.
INTERVIEW GILLES SALVAT, directeur de la santé animale et du bien-être des animaux à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
La majorité des zoonoses alimentaires serait induite par des virus
Quelles sont les principales causes de zoonoses alimentaires ?
La majorité des zoonoses alimentaires est probablement provoquée par des norovirus, mais leur mise en évidence reste encore difficile à ce jour. Ce sont des pathologies bénignes, responsables de diarrhées et d’une fièvre modérée, qui apparaissent après ingestion d’aliments contaminés par des matières fécales. Les toxi-infections bactériennes sont plus documentées. En premier lieu les campylobactérioses, toxi-infections individuelles ou familiales responsables de 500 000 cas par an en France, en hausse probablement du fait des modifications des habitudes alimentaires et de l’amélioration des techniques de diagnostic. Les aliments sont contaminés lors de mauvaises manipulations dans leur préparation (contaminations croisées) et les complications peuvent être sévères (déshydratation, syndrome de Guillain-Barré), surtout chez les personnes âgées et les enfants. Plus médiatisées car leur impact est de plus grande ampleur, les salmonelloses sont les secondes causes de toxi-infections avec 250 000 cas par an. Elles sont plus souvent collectives. Plus anecdotiques, des « intoxinations », où les toxines bactériennes sont mises en cause : la toxine émétique de Staphylococcus aureus, stable aux températures de cuisson, provoque des vomissements violents très rapidement (2 à 4 heures après l’ingestion), qui cèdent en quelques heures voire quelques jours ; ou la toxine botulique, plus rare, retrouvée dans les conserves et charcuteries sèches maisons, qui peut provoquer une paralysie flasque. Elle est souvent grave, parfois mortelle, mais rare (moins de 10 cas par an).
Quelles zoonoses sont les plus graves pour l’homme ?
La plus grave : la listériose, maladie à déclaration obligatoire, qui se manifeste par un syndrome grippal, avec risque de complications chez la femme enceinte et les patients immunodéprimés. Elle est en stagnation depuis quelques années (300 cas par an en France), même si on constate une augmentation qui pourrait être liée à l’augmentation des prescriptions d’IPP : en augmentant le pH de l’estomac, les IPP rendent moins efficaces une barrière naturelle à Listeria.
Les E. coli producteurs de shigatoxines (STEC), sont responsables de diarrhées aqueuses mais peuvent être à l’origine d’une néphrotoxicité et d’un syndrome hémolytique et urémique, principalement chez les jeunes enfants. On recense environ 100 cas par an, et l’aliment le plus incriminé est le steak haché.
Jusqu’ici nous avons évoqué les zoonoses transmises par l’animal, mais le contraire est-il possible : l’homme peut-il transmettre des pathologies à l’animal ?
Oui, on peut citer par exemple la tuberculose (Mycobacterium tuberculosis) transmise au chien, ou à l’éléphant, l’éléphant d’Asie notamment.
L’ESSENTIEL À RETENIR
CHORIO-RÉTINITE PIGMENTAIRE
Inflammation de la rétine et de la choroïde (membrane de l’œil située entre la rétine et la sclérotique) qui atteint les pigments de la rétine.
INFOS CLÉS
• La toxoplasmose est surtout à craindre au cours de la grossesse pour l’enfant à naître et les patients immunodéprimés. Eviter les aliments crus et porter des gants pour le jardinage. Pas de contact avec la litière du chat.
• Ne pas laisser jouer les enfants dans les bacs à sable publics ou accessibles aux chiens. –
• Eviter de consommer les baies sauvages crues, même après lavage intensif.
• Penser à vermifuger régulièrement ses animaux domestiques.
QU’EST CE QU’UNE ZOONOSE ?
Il s’agit d’une infection ou infestation de l’animal transmissible à l’homme et inversement. L’organisme responsable peut être bactérien (Listeria, Salmonella…), viral (rage…), parasitaire (Toxoplasma, Echinococcus…) ou fongique (dermatophytes…).
– L’hôte définitif (HD) héberge les formes adultes sexuellement matures de l’organisme infectieux.
– L’hôte intermédiaire (HI) est l’être vivant chez lequel l’organisme infectieux doit obligatoirement séjourner pour devenir infestant pour l’hôte définitif. La présence d’HI dans le cycle n’est pas systématique. Il existe 2 types d’hôtes intermédiaires : l’HI passif qui abrite la forme infestante jusqu’à son passage accidentel chez l’HD, et l’HI actif, aussi appelé vecteur, qui peut transmettre activement l’organisme pathogène par piqûre, régurgitations, déjections…
IMPASSE PARASITAIRE
Situation dans laquelle l’évolution du parasite est stoppée, l’homme étant un hôte accidentel.
QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?
Mélanie, 32 ans, enceinte de son 2e enfant :
– J’ai contracté la toxoplasmose durant ma première grossesse. Quels aliments dois-je éviter pour ne pas la contracter une seconde fois durant cette nouvelle grossesse ?
– Il n’y a pas d’aliments à éviter cette fois pour la toxoplasmose car vous êtes désormais immunisée.
Le pharmacien a-t-il bien répondu ?
Réponse : Oui et non. Si la crainte d’une infection par Toxoplasma est bien écartée, il reste cependant des aliments à éviter à cause du risque potentiel de contamination par Listeria notamment (voit tableau p.8)
INFOS CLÉS
• Bien cuire à cœur viandes et poissons.
• Proscrire de l’alimentation les végétaux non contrôlés issus des domaines sauvages.
• Femmes enceintes, personnes immunodéficientes : en plus des recommandations précédentes, éviter les charcuteries, laitages crus, œufs crus…
ALIMENTS À ÉVITER CHEZ LA FEMME ENCEINTE ET LES PATIENTS IMMUNODÉFICIENTS
Aliments crus
– Lait cru, fromage à pâte molle, à croûte fleurie (camembert, brie…) et à croûte lavée (munster, pont-l’évêque…), éviter les fromages râpés industriels, enlever la croûte des fromages.
– Poissons mêmes marinés ou fumés, sushis, coquillages crus.
– Viandes (tartare et carpaccio).
– Fruits et légumes du potager, au contact de la terre et mal lavés (ou état de lavage inconnu), herbes aromatiques.
– Produits à base d’œuf cru (mayonnaise, mousse au chocolat maison…).
– Graines germées (soja…).
Aliments cuits
– Charcuterie cuite (rillettes, pâtés), jambon artisanal, foie gras.
– Viandes insuffisamment cuites.
– Produits en gelées.
– Crustacés décortiqués vendus cuits.
QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?
Marcel revient à la pharmacie avec une ordonnance de Trédémine (niclosamide), indiqué dans le traitement du ténia :
– Je dois prendre 4 comprimés en 2 prises, mais le médecin me recommande de commencer demain matin. Je peux commencer dès ce soir, non ?
– Votre médecin a raison : attendez demain matin pour commencer. Et ce soir, faites un repas léger : bouillon de légumes, un yaourt et un fruit.
Le pharmacien a-t-il bien répondu ?
Réponse : Oui. Trédémine est administré à jeun, sans boire ni manger jusqu’à 3 heures avant la prise, en ayant pris un repas léger la veille au soir. Les comprimés sont répartis en 2 prises : 2 comprimés le matin, 2 comprimés 1heure plus tard, avec très peu d’eau et en mastiquant longuement et complètement, pour que le médicament arrive au niveau de l’estomac sous forme pulvérulente.
INFOS CLÉS
• Une griffure/morsure doit être immédiatement nettoyée à l’eau savonneuse puis désinfectée.
• Une consultation médicale est indispensable lorsque l’animal est inconnu, en cas d’apparition de fièvre, d’adénopathie ou de rougeurs.
TESTEZ-VOUS
Parmi ces animaux, lesquels peuvent transmettre la rage ?
A) Les souris
B) Les chauves-souris
C) Les couleuvres
D) Les bovins
E) Les chiens
F) Les singes
Réponses : a, b, d, e, f
INFOS CLÉS
• Dermatophytoses et gales animales sont bénignes et ne se transmettent pas d’homme à homme.
• A éviter : les contacts avec les animaux porteurs de lésions cutanées ou inconnus, et dormir avec son animal de compagnie.
• En présence d’un cas avéré, faire également traiter son animal par un vétérinaire.
LES NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE : QUELLES ZOONOSES ?
Les NAC (nouveaux animaux de compagnie) sont devenus un phénomène de mode et sont très variés : rongeurs, serpents, tortues, oiseaux, poissons… Parfois peu connus ou importés illégalement en France, ils sont à l’origine de maladies infectieuses rares et émergentes ou ayant disparu du territoire.
– La chorioméningite lymphocytaire due à un virus retrouvé chez certains rongeurs, provoquant un syndrome grippal (forme bénigne) ou méningé avec maux de tête, raideur de nuque et photophobie, guérissant sans séquelle, excepté chez la femme enceinte (risque d’avortement ou de malformations du fœtus).
– Les infections cutanées à « cow-pox » dues à un virus transmis par des rats, évoluant vers une croûte noirâtre et pouvant être accompagnées de fièvre et ganglions. Risque de formes graves chez les personnes immunodéprimées ou ayant un terrain allergique.
– Des salmonelloses transmises par des rongeurs ou des reptiles naturellement porteurs de salmonelles.
– Des infections cutanées à Mycobacterium marinum, présent chez les animaux aquatiques, évoluant vers l’ulcération, touchant essentiellement les mains et les avant-bras. En l’absence de traitement, possibilité d’infection grave des tendons de la main.
– Un syndrome pseudo-appendiculaire chez l’enfant dû à des bactéries du genre Yersinia transmises par des rongeurs.
TESTEZ-VOUS
Qu’est-ce que c’est ?
A) Une gale animale
B) Une teigne
C) Une dermatophytose circinée
Réponse : c
- Un patient a entendu dire qu’il pouvait désormais prendre son comprimé de Lévothyrox le soir au coucher. Est-ce vrai ?
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