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Les malades chroniques doivent se vacciner contre la grippe
Les vaccins contre la grippe sont disponibles depuis quatre semaines. Tous les assurés concernés ont reçu leur prise en charge. Les personnes âgées viennent dès les premiers jours. Mais les patients plus jeunes souffrant d’une affection chronique vont-ils cette année se protéger ?
Les risques d’infection grippale sont plus importants chez les personnes dénutries, atteintes de diabète ou d’insuffisance respiratoire car leurs défenses immunitaires sont alors perturbées ou diminuées. Toutes les études démontrent l’intérêt de la vaccination pour réduire le nombre d’hospitalisations et le risque de mortalité. C’est d’ailleurs pour cette raison que chez ces sujets dits à risque la vaccination est gratuite depuis 1988.
La campagne 2001 de l’Assurance maladie en a fait une de ses priorités. Les responsables de la prévention s’inquiètent de la trop faible couverture vaccinale des sujets atteints d’affection de longue durée. En effet, leur taux de vaccination se dégrade encore passant de 44 % en 2000 contre 48 % l’année précédente. En particulier, les plus jeunes d’entre eux se font de moins en moins vacciner. Ils reçoivent pourtant une prise en charge leur permettant d’obtenir gratuitement le vaccin et leur médecin traitant est censé les sensibiliser à l’intérêt de cette protection. « Parmi ces sujets fragilisés par une pathologie sous-jacente (diabète, mucoviscidose, maladies cardiovasculaires, respiratoires…), trop nombreux sont ceux qui sous-estiment la nécessité de se faire vacciner contre la grippe, souligne le Dr François Baudier, responsable du département santé publique à la CNAM. Or, face à l’affection grippale, ils courent le risque de développer de graves complications (décompensation d’une maladie préexistante, surinfection bactérienne…), mettant leur vie en péril. » Il s’agit donc de convaincre ces 675 000 personnes fragiles de se faire vacciner. Voici quelques arguments chocs, appuyés par les témoignages de spécialistes.
Insuffisance cardiaque
La grippe aggrave l’insuffisance cardiaque dans deux circonstances. La principale, en cas d’atteinte chronique, est la décompensation due aux infections bronchopulmonaires liées au virus de la grippe. La seconde, beaucoup plus rare, correspond aux myocardites aiguës entraînées par le virus, potentiellement responsables d’un tableau dramatique d’insuffisance cardiaque aiguë.
« Près de 20 000 insuffisances cardiaques liées à la grippe entraînent 200 000 journées d’hospitalisation chaque année, qui pourraient être évitées par la vaccination antigrippale », dénombre le Pr Michel Galinier du CHU de Toulouse.
Environ 600 000 Français souffrent d’insuffisance cardiaque chronique. Cette maladie grave est de plus en plus fréquente en raison d’une meilleure prise en charge des cardiopathies ischémiques aiguës et du vieillissement de la population. Après 80 ans, 10 % de la population est touchée.
Les patients souffrant d’insuffisance cardiaque chronique sont de plus fréquemment porteurs d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive dont l’origine est souvent un tabagisme. « La prévention des surinfections bronchopulmonaires chez l’insuffisant cardiaque est donc essentielle et le recours à la vaccination antigrippale doit être systématique, conseille le Pr Galinier. La vaccination antipneumococcique semble également intéressante dans cette population. » Ces mesures de prévention devraient contribuer à diminuer les hospitalisations pour insuffisance cardiaque dont le coût est estimé à près de 1 % des dépenses de santé en France.
En revanche c’est surtout chez des sujets jeunes qu’on observe une recrudescence des cas graves de myocardites dues au virus grippal. Bien que cette pathologie soit rare son pronostic reste gravissime. « Une fois le processus de myocardite déclenché, aucun traitement étiologique n’est efficace et il faut se contenter d’une thérapeutique purement symptomatique en attendant une éventuelle amélioration, explique le Pr Galinier. La sévérité de cette maladie, potentiellement mortelle, pourrait faire discuter un élargissement de la vaccination antigrippale. Cependant, il paraît difficile de définir une population à risque puisque le plus souvent ce sont des sujets jeunes, antérieurement sains qui sont atteints. »
Pour les autres pathologies cardiovasculaires, plusieurs études montrent que la grippe peut constituer un facteur de décompensation de la maladie coronaire entre 40 et 60 ans et favoriser l’accident vasculaire cérébral après 65 ans.
Diabète
Le diabète est l’une des nombreuses pathologies susceptibles d’altérer les défenses immunitaires et donc d’accroître la vulnérabilité face à la grippe. Celle-ci peut aussi entraîner un déséquilibre glycémique majeur. Elle constitue donc un facteur favorisant de décompensation du diabète.
Maladies respiratoires
De trop nombreuses personnes atteintes de maladie respiratoire chronique sous-estiment la nécessité de se faire vacciner contre la grippe. Pourtant les victimes de la grippe souffrent une fois sur deux de maladies respiratoires comme l’asthme, la bronchite chronique ou l’emphysème. « L’infection par le virus de la grippe perturbe temporairement la physiologie respiratoire, avec en conséquence une augmentation du travail respiratoire et une diminution de l’oxygénation. Les patients présentant une pathologie cardiaque et/ou respiratoire préexistante risquent d’aggraver leur déficit », explique le Dr Pierre-Marie Roger du CHU de Nice.
L’asthme touche trois millions et demi de Français et, en période épidémique, la grippe peut affecter jusqu’à 20 % de la population. Les deux problèmes sont donc amenés à se croiser chez un même individu. Or les infections virales détériorent la fonction ventilatoire de l’asthmatique. La grippe est donc un facteur d’exacerbation de l’asthme.
Mucoviscidose
La mucoviscidose touche le système bronchopulmonaire et toute atteinte respiratoire va l’aggraver. L’amélioration du pronostic passe par la prévention des affections bronchiques pour limiter le développement de l’insuffisance respiratoire. « La prophylaxie des infections respiratoires virales et bactériennes est essentielle. En particulier la vaccination antigrippale, renouvelée chaque année, est indispensable pour les patients atteints par la mucoviscidose », souligne le Pr Vidallhet du CHU de Nancy.
Sida
La vaccination antigrippale n’est pas systématiquement recommandée chez les personnes atteintes par le VIH. Il revient au médecin de décider au cas par cas, la réponse vaccinale étant variable. Le cas échéant une prescription spécifique est alors établie par le médecin traitant et adressée au médecin-conseil de la caisse dont dépend le patient afin de donner lieu à un remboursement à 100 %.
La vaccination, hors remboursement, est également à discuter avec le médecin pour les femmes enceintes et les personnes à risque voyageant sous les tropiques
Gratuité du vaccin pour neuf ALD
Chez les moins de 65 ans, neuf affections longue durée sont concernées par la gratuité du vaccin contre la grippe :
– Diabète insulinodépendant ou non insulinodépendant ne pouvant pas être équilibré pas le seul régime, soit 50 % des bordereaux envoyés (voir graphe).
– Accident vasculaire cérébral invalidant.
– Néphropathie chronique grave et syndrome néphrotique pur primitif.
– Formes graves d’une affection neuromusculaire (dont myopathie).
– Mucoviscidose.
– Cardiopathie congénitale mal tolérée, insuffisance cardiaque grave et valvulopathie grave.
– Insuffisance respiratoire chronique grave (dont asthme inscrit sur la liste des affections longue durée).
– Déficit immunitaire primitif grave nécessitant un traitement prolongé.
– Drépanocytose homozygote.
Faut-il vacciner les fumeurs ?
La consommation de tabac aggrave l’impact médicoéconomique de la grippe.
« Chez les fumeurs réguliers, la grippe est nettement plus invalidante. Tous les fumeurs ayant souffert d’une grippe confirmée ont eu besoin d’un arrêt de travail », constate Jean-Marie Cohen, coordinateur des GROG.
Pendant l’hiver 2000/2001, les trois quarts des adultes salariés et ayant contracté la grippe ont bénéficié d’un arrêt de travail, d’une durée moyenne de 5 jours. Mais, selon cette enquête GEIG/Open Rome, tous les fumeurs réguliers qui ont consulté leur médecin pour une grippe ont dû interrompre leur activité professionnelle pour une durée moyenne de 7,3 jours. Dans cette population, un quart des arrêts de travail dépassent les dix jours alors que cette proportion est inférieure à 4 % chez les non-fumeurs ou les fumeurs occasionnels.
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