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- Le glaucome à angle fermé iatrogène
Qu’est-ce qu’un glaucome ?
• Un glaucome désigne une affection oculaire associant élévation de la pression intra-oculaire, altération du champ visuel et anomalies de la papille optique.
• On en distingue deux types :
• Le glaucome chronique à angle iridocornéen ouvert (non envisagé ici), d’évolution insidieuse, longtemps asymptomatique, pouvant conduire à la cécité. Il n’a que rarement une étiologie iatrogène (corticothérapie).
• Le glaucome aigu par fermeture de l’angle, susceptible d’entraîner la cécité par atrophie optique en l’absence de traitement d’urgence.
Sa survenue est précipitée dans environ 30 % des cas par un traitement médicamenteux, souvent sans antécédents de glaucome ouvert.
Quels mécanismes iatrogènes sont en cause ?
• Une dilatation pupillaire (mydriase) bloquant la circulation de l’humeur aqueuse ;
• L’œdématisation des corps ciliaires ;
• Une hémorragie intraoculaire déplaçant les structures de l’œil et fermant indirectement l’angle ;
• Un œdème des vaisseaux sanguins (angiœdème).
Quels médicaments entraînent un risque important ?
• Médicaments anticholinergiques antidépresseurs tricycliques, IMAO, IRS (essentiellement paroxétine), miansérine, venlafaxine (par faible activité anticholinergique associée à l’action sur les récepteurs sérotoninergiques des corps ciliaires), antipsychotiques phénothiaziniques (chlorpromazine, lévoméprazine), antiparkinsoniens, antispasmodiques, métopimazine, méclozine) antiallergiques anti-H1, antagonistes H2 (cimétidine, ranitidine), disopyramide (Rythmodan), collyres mydriatiques (atropine, cyclopentolate, tropicamide), ipratropium (Atrovent) et tiotropium (Spiriva), scopolamine (Scoburen), toxine botulique (mydriatique si injectée en périoculaire).
• Médicaments cholinergiques
La pilocarpine, bien que myotique, peut induire une fermeture de l’angle (déplacement du cristallin).
• Médicaments sympathomimétiques
Les collyres à base de phényléphrine (mydriatique : Néosynéphrine, Mydriasert) ou d’apraclonidine (Iopidine, réducteur de la pression oculaire) peuvent fermer l’angle par mydriase. Les agonistes bêta-2 (salbutamol) inhalés peuvent induire une mydriase et une augmentation de la sécrétion d’humeur aqueuse s’ils vont au contact de la cornée et de la conjonctive.
Les décongestionnants : éphédrine et naphazoline (Dérinox), la lévodopa, l’adrénaline (Anapen), sont susceptibles d’augmenter la pression intraoculaire.
Quels médicaments requièrent de la prudence ?
• Les dérivés à motif « sulfa » (– SO2– N =) (acétazolamide, hydrochlorothiazide, sulfamides, topiramate) exposent à un risque d’œdème allergique des corps ciliaires.
• Prudence avec les IEC ou sartans (risque d’angiœdème).
• Risque hémorragique avec les anticoagulants (AVK, héparines et apparentés), notamment chez un sujet âgé ou atteint de DMLA exsudative.
EN PRATIQUE
• La mention « contre-indiqué en cas de glaucome » concerne le seul glaucome par fermeture de l’angle.
• Un antécédent de glaucome par angle fermé ne constitue pas une contre-indication à l’usage d’un médicament susceptible de réduire l’angle, mais invite à la prudence.
• Une consultation d’ophtalmologie s’impose chez les sujets à risque de glaucome aigu avant tout traitement modifiant l’angle (sujet âgé, hypermétropie, glaucome à angle ouvert non traité…).
• Tout traitement susceptible d’entraîner une fermeture de l’angle doit être suspendu en cas de signes inquiétants : œil rouge, douloureux, avec baisse de l’acuité visuelle, qui relèvent de l’urgence.
Sources : Dorosz Ph. (2011), Guide pratique des médicaments, Maloine, Paris; Razeghinejad M.R. et al. (2011), Iatrogenic glaucoma secondary to medications, Am. J. Med., 124, 20-25 ; Richa S., Yazbeck J.C. (2010), Ocular adverse effects of common psychotropic agents : a review, CNS Drugs, 24 (6), 501-526.
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