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La protection solaire

Publié le 12 avril 2019
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Jeanne, 50 ans, prépare une randonnée en montagne au mois de mai. – Je vais prendre ces pansements en cas d’ampoule. Pour le reste, je crois que j’ai ce qu’il me faut… – Surtout, n’oubliez pas votre protection solaire ! – Ne vous inquiétez pas, ma crème de jour contient déjà un filtre de protection 20 . – Même si l’ensoleillement reste modéré à cette époque, le rayonnement est plus direct et ses effets plus intenses en montagne. Il vous faut une protection plus forte et la renouveler toutes les 2 heures.

Le produit de protection solaire (PPS) à visée cosmétique est une préparation destinée à être appliquée sur la peau. Son but est de la protéger du rayonnement UV et de limiter ainsi le risque de leurs effets néfastes immédiats ou retardés.

QUATRE CATéGORIES

Selon les recommandations de la Commission européenne, le niveau d’efficacité du PPS, lié à la nature des filtres présents, doit être indiqué sur l’étiquetage et est défini par deux critères :

– le facteur de protection solaire (FPS) ou sun protection factor (SPF).Il correspond au rapport entre la dose érythématogène minimale, ou DEM, mesurée sur la peau protégée par le produit testé et la DEM mesurée sur une peau non protégée. La valeur du SPF ne qualifie que la protection contre les UVB.

– un coefficient de protection minimale contre les UVA (FP-UVA). C’est le rapport entre les doses d’UVA minimales nécessaires pour induire un effet de pigmentation immédiate ou persistante sur une peau protégée par PPS, et sur la même peau non protégée. La réglementation recommande que sa valeur corresponde au moins au 1/3 du SPF, matérialisée sur l’emballage par le sigle UVA.

En plus de ces 2 valeurs et afin d’assurer une plus large protection, les dermatologues recommandent une longueur d’onde critique de 370 nm au minimum (longueur d’onde la plus courte à laquelle la crème solaire absorbe 90 % du rayonnement UV).

Dans un but de simplification et de clarté, 4 catégories et 8 valeurs de SPF affichables ont été définies : faible (SPF 6 et 10), moyenne (SPF 15, 20 et 25), haute (SPF 30 et 50) ou très haute protection (SPF 50+).

L’efficacité des PPS est évaluée par deux types de tests. Les tests in vivo, sur volontaires sains, dont la fiabilité est parfois remise en cause, sont basés sur l’apparition d’effets biologiques (érythème solaire pour un SPF, effet pigmentant pour le FP-UVA).

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Les tests in vitro, préférés par la Commission européenne, sont réalisés sur différents substrats à partir de mesures physiques par spectrométrie.

FORMULATION

Qualités idéales

Idéalement, les PPS doivent proposer : des filtres efficaces contre les UVA et UVB, une stabilité à la chaleur et à la lumière, une totale innocuité, une résistance à l’eau et à la transpiration (40 minutes en immersion active), une bonne substantivité et des qualités cosmétiques (facilité d’étalement, aspect agréable sur la peau).

Formule type

Des filtres UV organiques et/ou inorganiques. Selon le niveau de protection affiché, le nombre de filtres est plus ou moins important. Une protection 50+ nécessite souvent l’association de 4 à 5 filtres UV.

Des excipients. Ils conditionnent la solubilité et la concentration des filtres dans le produit fini et participent à la texture, aux propriétés d’étalement et à la substantivité du produit : eau, paraffine liquide (formes huiles), tensioactifs (formes crèmes, laits, etc.), cires, graisses (formes sticks), etc. Leur présence peut être à l’origine d’effets indésirables. C’est le cas de l’alcool (éthanol) qui, en plus d’être asséchant et irritant, favorise la pénétration cutanée (indésirable) des filtres, tout comme les acides gras à courte chaîne, notamment l’acide oléique retrouvé dans l’huile de pépins de raisin ou le beurre de karité.

Des additifs. Ils complètent l’action photoprotectrice du PPS : antioxydants (vitamine C, vitamine E, polyphénols, etc.), extraits végétaux à propriétés anti-inflammatoires (Uncaria tomentosa, Zanthoxylum bungeanum, etc.) qui réduisent la réponse érythémateuse (mais surestiment le SPF affiché) ou des parfums à risque de photosensibilisation.

CRITèRES DE CHOIX

Les phototypes

La protection naturelle des individus dépend de leur pigmentation, c’est-à-dire des proportions génétiquement déterminées de mélanine.

A chaque type de pigmentation correspondent des caractéristiques (couleurs de peau et de cheveux) et des réactions (capacité de bronzer, de développer un coup de soleil) classifiées par le phototype. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) classe ainsi les différents types de peau des sujets caucasiens en 4 groupes selon leur sensibilité au soleil (voir encadré) : plus la peau est claire, plus elle doit être protégée.

Les conditions d’exposition

Les risques à court et à long termes dépendent de la durée de l’exposition et de la puissance du soleil. La situation géographique, la saison et le type d’activité sont à prendre en compte.

La forme galénique et la présentation

Les émulsions H/E ou E/H, formes les plus fréquentes (lait et crème), permettent les associations de filtres hydrosolubles et liposolubles, augmentant ainsi l’efficacité du PPS.

Les huiles sont faciles à étaler, mais leurs capacités filtrantes sont plus limitées. Elles sont adaptées à un usage corporel.

Les gels aqueux ou hydroalcooliques peuvent se substituer aux émulsions, en particulier pour les peaux grasses.

Les sticks, mélange d’huiles et de cires, contiennent souvent de nombreux filtres et sont utilisés pour des zones localisées (nez, lèvres, pommettes).

Les sprays (eaux, brumes, émulsions), très appréciés pour leur confort à l’application, ne permettent pas de déposer une épaisseur suffisante de PPS pour une photoprotection optimale.

COSMéTOVIGILANCE

En cas de survenue d’effets indésirables, le consommateur comme le professionnel de santé peuvent faire un signalement en ligne sur les sites internet signalement-sante.gouv.fr ou ansm.sante.fr 

SOLEIL ET PEAU  

« CHAQUE ANNÉE, ÇA RECOMMENCE ! »

Léa, 21 ans, demande une crème contre le prurit. –Depuis 3 ans, dès les premières expositions au soleil et pendant une quinzaine de jours, j’ai des plaques avec de fortes démangeaisons sur le décolleté et les bras. Pourtant, j’ai la peau plutôt mate !- Cela ressemble à une lucite estivale bénigne, une allergie principalement liée aux rayonnements UVA du soleil. Elle apparaît quel que soit le type de peau et récidive fréquemment chaque année. – Mais comment l’éviter ?- En prévention, avant les premières expositions, nous pourrons envisager ensemble de préparer votre peau. Il faudra aussi vous exposer progressivement, avec une très haute protection au début.

LE RAYONNEMENT SOLAIRE


IL DÉSIGNE LES ONDES ÉLECTROMAGNÉTIQUES ÉMISES PAR LE SOLEIL ET COUVRE UN LARGE ÉVENTAIL DE LONGUEURS D’ONDE QUI INCLUT, DES COURTES VERS LES LONGUES : LES RAYONS GAMMA, LES RAYONS X, LES ULTRAVIOLETS RESPONSABLES D’UNE MAJORITÉ DES EFFETS BIOLOGIQUES NÉFASTES, LA LUMIÈRE VISIBLE, LES INFRAROUGES, LES MICRO-ONDES ET LES ONDES RADIO. SEULE UNE PARTIE DU RAYONNEMENT ATTEINT LA SURFACE TERRESTRE, LA COUCHE D’OZONE JOUANT UN RÔLE DE FILTRE.



LES ULTRAVIOLETS (UV)

Le rayonnement ultraviolet atteignant la surface terrestre ne représente que 5 % du rayonnement solaire. Il est composé à 95 % d’UVA et 5 % d’UVB. La nocivité des UV est d’autant plus importante que leur longueur d’onde est courte. Potentiellement les plus dangereux, les UVC (longueur d’onde entre 100 et 280 nm) sont presque totalement absorbés par la couche d’ozone. A l’inverse, la pénétration des UV à travers la peau est d’autant plus profonde que leur longueur d’onde est importante.
Les UVB (280-315 nm) atteignent la couche basale de l’épiderme où ils stimulent la production de mélanine. Leur responsabilité dans l’apparition de cancers cutanés est le résultat des réactions photochimiques qu’ils induisent sur l’ADN.
Les UVA (315-400 nm) sont les plus nombreux, les moins énergétiques, mais les plus pénétrants. Ils atteignent les couches profondes du derme, provoquant un stress oxydant, source de radicaux libres responsables d’altérations cellulaires (vieillissement cutané, cancérogenèse, etc.). Leur action est lente et cumulative et leur dangerosité aggravée par le fait qu’ils ne génèrent pas de sensation de brûlure.

L’INDICE UV

L’indice UV est un outil permettant de mesurer l’intensité du rayonnement ultraviolet, d’alerter sur les risques liés à l’exposition solaire et d’adapter la photoprotection (voir encadré p. 4).

MESURE

L’indice UV, qui correspond à la valeur maximale de l’intensité solaire mesurée chaque jour dans l’intervalle de 2 heures avant et après le midi solaire, est chiffré sur une échelle de 1 à 11+. Plus sa valeur est élevée, plus le risque de lésions cutanées ou oculaires est important et plus leur délai d’apparition est court.

FACTEURS DE VARIATION

L’intensité des UV mesurée au sol dépend de plusieurs facteurs dont :
– l’altitude et la latitude : l’intensité est plus forte en montagne et au niveau de l’équateur qu’en plaine et au niveau des pôles ;
– la position du soleil : plus il est bas, plus le parcours des UV est oblique et allongé, plus ils sont filtrés par les couches atmosphériques ;
– la nébulosité : le rayonnement UV est maximal en absence de nuages mais la diffusion à travers une faible nébulosité peut augmenter son intensité comme c’est le cas de la réverbération à travers des nuages blancs épars ;
– la réverbération des sols : la neige réfléchit 40 à 90 % des UV ; l’eau, 10 à 30 %, et le sable, 5 à 25 %.


LES DÉFENSES CUTANÉES NATURELLES


LES POILS, LES CHEVEUX, LA COUCHE CORNÉE ET LA MÉLANINE PARTICIPENT À LA LUTTE NATURELLE DE LA PEAU CONTRE LES AGRESSIONS DES RADIATIONS UV. DEUX MÉCANISMES ENTRENT PARTICULIÈREMENT EN JEU.



EPAISSISSEMENT DE L’ÉPIDERME

Sous l’action des UVB, l’accélération des mitoses des kératinocytes au niveau de la couche basale épidermique permet la photoprotection des noyaux cellulaires.


PIGMENTATION ADAPTATIVE

Sous l’action des UVB et des UVA, tous les stades de la mélanogenèse sont stimulés, provoquant une augmentation de la quantité de mélanine présente au niveau cutané. Pigment produit par les mélanocytes, la mélanine absorbe jusqu’à 85 % des UVB atteignant l’épiderme et 50 % des UVA atteignant le derme.
Deux types de mélanine sont présents, dont les proportions génétiquement déterminées chez chaque individu définissent la coloration de la peau et des cheveux. L’eumélanine, pigment brun-noir, absorbe les UV et exerce un effet photoprotecteur en se regroupant au-dessus des noyaux des kératinocytes. La phaéomélanine, pigment jaune-rouge, est peu photoprotectrice mais surtout photosensibilisante : sous l’action des UV, elle génère la formation de radicaux libres qui pourraient jouer un rôle dans les cancers cutanés.
La pigmentation adaptative, ou bronzage, apparaît environ 3 jours après l’exposition, persiste 3 à 4 semaines et s’intensifie au fur et à mesure des irradiations jusqu’à desquamation. Elle est à différencier de la pigmentation immédiate, liée à une photo-oxydation des précurseurs de la mélanine : sous l’effet des UVA et du visible, elle apparaît lors de l’exposition, notamment chez les peaux mates, mais disparaît en quelques heures et n’entraîne pas de stimulation de la mélanogenèse.


EFFETS BÉNÉFIQUES


EN PLUS DU BIEN-ÊTRE APPORTÉ PAR LA CHALEUR DES INFRAROUGES, LE RAYONNEMENT SOLAIRE A D’AUTRES EFFETS POSITIFS :



SYNTHÈSE DE LA VITAMINE D3

Elle débute au niveau de la membrane des kératinocytes de l’épiderme grâce à l’action des UVB sur le 7-déshydrocholestérol pour produire la prévitamine D3, transformée ensuite en vitamine D3 (cholécalciférol). Cette voie constitue environ 80 % des apports en vitamine D de l’organisme, le reste étant d’origine alimentaire.
On considère qu’une exposition solaire brève et régulière (10 à 15 minutes par jour) des avant-bras et du visage permet une synthèse suffisante de vitamine D.


RÉGULATION DU SOMMEIL ET DE L’HUMEUR

La lumière visible captée par la rétine agit sur la production de mélatonine, hormone sécrétée en phase d’obscurité par la glande pinéale qui régule les cycles éveil/sommeil et influence notre humeur. La baisse de la luminosité en hiver perturbe sa sécrétion et fait apparaître des symptômes de dépression saisonnière.


AUTRES

Les symptômes de certaines maladies, comme le psoriasis, la dermatite atopique ou le vitiligo, peuvent être temporairement atténués par le soleil.


EFFETS NÉFASTES À COURT TERME


ERYTHÈME ACTINIQUE

Le « coup de soleil », qui résulte d’une surexposition aux UVB, se traduit par une réaction inflammatoire, une vasodilatation et un rougissement de la peau, parfois accompagnés de céphalées et/ou de vomissements. Il apparaît 6 à 8 heures après l’exposition et s’estompe généralement au bout de 48 heures.


RISQUES OCULAIRES

Les défenses naturelles de l’œil contre les UV sont limitées.
Photoconjonctivite et photokératite résultent de l’inflammation de la conjonctive ou de la cornée par les UV, équivalent d’un coup de soleil sur ces tissus. Douloureuses, elles sont réversibles au bout de quelques jours. La cécité des neiges (réversible) est une photokératite extrême due à la réverbération des UV sur la neige.


PHOTO-IMMUNOSUPPRESSION

Les UV diminuent l’intensité des réactions immunitaires cutanées. Les UVB en particulier agissent sur les cellules de Langerhans en modifiant leur capacité de présentation des antigènes aux lymphocytes T. A court terme, ces altérations pourraient être la cause de la résurgence d’infections (herpès, pityriasis versicolor, etc.), et, à plus long terme, d’une diminution des défenses vis-à-vis de certains cancers cutanés.


PHOTOSENSIBILISATION EXOGÈNE

La photosensibilisation résulte de l’interaction entre une molécule (chromophore exogène) et un rayonnement (lumière visible ou UV) systémique (chromophore per os ou par voie parentérale) ou de contact (chromophore topique). Elle se traduit par des photo-dermatoses selon 2 mécanismes :
– la phototoxicité est une réaction dose-dépendante dans laquelle l’agent photosensibilisant, en absorbant les UV du rayonnement solaire, induit la formation de radicaux libres à l’origine de lésions cutanées. Les signes cliniques, identiques à une brûlure solaire, apparaissent sur les zones exposées dans les minutes ou heures qui suivent l’exposition et disparaissent spontanément à l’arrêt de l’irradiation.
– la photoallergie met en jeu le système immunitaire après une sensibilisation préalable et peut persister après l’élimination du chromophore. Les signes cliniques de type eczéma ou urticaire apparaissent progressivement en 24 heures et peuvent déborder des zones exposées.
Les agents responsables de photosensibilisation sont multiples. Les agents phototoxiques sont principalement des plantes à furocoumarines comme les psoralènes présents dans les Rutacées (bergamote, citron), les Moracées (figue) ou les Apiacées (cerfeuil et carotte sauvages, etc.) mais aussi dans certains produits cosmétiques. Les principaux médicaments phototoxiques sont les tétracyclines, les quinolones ou l’amiodarone. Paradoxalement, des filtres solaires organiques (octinoxate, octocrylène) et des médicaments comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou les phénothiazines sont à citer comme des agents photoallergènes.


LA LUCITE ESTIVALE BÉNIGNE

Elle met en jeu le système immunitaire sous l’effet des UVA et touche 15 % de la population, dans 85 % des cas les femmes, indépendamment du phototype.
Après 2 à 3 jours d’exposition, des papules érythémateuses prurigineuses apparaissent, généralement sur les membres, les épaules et le décolleté. Elles disparaissent en 5 à 15 jours et récidivent fréquemment d’une année sur l’autre.
Le traitement de prévention de première intention est l’éviction solaire et/ou une protection solaire à coefficient élevé en filtre UVA. Les associations d’antioxydants (caroténoïdes, vitamine E, sélénium, etc.), sous forme de compléments alimentaires, peuvent être aussi conseillées. Des antipaludéens de synthèse ou de la vitamine PP peuvent être prescrits. En cas d’échec, une photothérapie est envisagée.


EFFETS NÉFASTES À LONG TERME


VIEILLISSEMENT CUTANÉ PHOTO-INDUIT

Il concerne les zones de peau surexposées et se traduit par l’apparition de rides profondes, une perte de l’élasticité et une pigmentation irrégulière avec des taches hyper- ou hypopigmentées.
Au niveau histologique, il y a une dégénérescence des fibres de collagène, une hyperplasie, une répartition hétérogène des mélanocytes (taches) et les fibres élastiques s’épaississent et s’agglutinent (élastose solaire).


LES CANCERS CUTANÉS PHOTO-INDUITS

Connus depuis longtemps pour les UVB, les effets cancérogènes et mutagènes à long terme concernent aussi les UVA. L’atteinte varie selon la susceptibilité génétique et le mécanisme de photocarcinogenèse.
Le carcinome cutané basocellulaire, à évolution lente, apparaît sur les zones souvent exposées (nez, paupières, lèvres, etc.) et cible les kératinocytes. Il se traite et guérit généralement bien.
Le carcinome spinocellulaire apparaît sur des lésions préexistantes (kératose actinique, ulcération chronique, etc.). Il est plus agressif avec un risque de métastases.
Le mélanome cutané cible les mélanocytes. Les facteurs de risque sont la surexposition solaire dans l’enfance, le phototype, le nombre de naevi, etc. Il est redoutable car à fort risque de métastases. 

INFOS CLÉS

infos clés


LES UV SONT LES RAYONS LES PLUS DANGEREUX DU RAYONNEMENT SOLAIRE.


• Les UV sont les rayons les plus dangereux du rayonnement solaire.

• Ils sont impliqués dans la majorité des effets néfastes à court et à long termes.

• Les UVA comme les UVB interviennent dans la photocarcinogenèse.


TESTEZ-VOUS

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LE BRONZAGE RÉSULTE :

Le bronzage résulte :
a/ d’une photo-oxydation de la mélanine
b/ d’une stimulation de la mélanogenèse
Réponse : b.
Par Michèle Sauvage , pharmacienne

LES FILTRES SOLAIRES 

« PLUSIEURS FILTRES, C’EST DU ZÈLE ? »

Mme L. cherche une crème solaire haute protection. –Vos produits solaires contiennent souvent plusieurs filtres, est-ce vraiment indispensable ? – Pour atteindre une protection 50 ou 50+, il est nécessaire d’associer plusieurs filtres car aucun ne peut couvrir à lui seul tout le spectre UVA et UVB. Vous pouvez faire le choix d’un produit ne contenant que des filtres minéraux mais leur efficacité est moindre et leur application moins agréable, à moins de privilégier la forme nanoparticulaire. Les filtres UV sont des substances d’origine organique (dits improprement « chimiques ») ou minérale, destinés à protéger la peau de certains rayonnements UV en les absorbant, les réfléchissant et/ou en les dispersant.


QUALITÉS D’UN FILTRE UV


POUR S’APPROCHER DU FILTRE IDÉAL, QUI N’EXISTE PAS, UN FILTRE UV DOIT ASSOCIER PLUSIEURS QUALITÉS : UN LARGE SPECTRE ACTIF SUR TOUTES LES RADIATIONS UVA ET UVB, UNE TOLÉRANCE CUTANÉE MAXIMALE, UNE TOTALE INNOCUITÉ ET SUBSTANTIVITÉ, UNE PHOTOSTABILITÉ MAXIMALE, UNE BONNE RÉMANENCE ET UNE EFFICACITÉ À DOSE MINIMALE.



RÉGLEMENTATION


LA PRÉSENCE DES FILTRES UV DANS LES PRODUITS COSMÉTIQUES EST RÉGLEMENTÉE. VINGT-SEPT MOLÉCULES SONT ACTUELLEMENT AUTORISÉES, AINSI QUE LA FORME NANOPARTICULAIRE DE QUATRE D’ENTRE ELLES. ELLES SONT INSCRITES SUR UNE LISTE POSITIVE FIGURANT DANS L’ANNEXE VI DU RÈGLEMENT COSMÉTIQUE (CE) N° 1223/2009. UN NOUVEAU FILTRE DOIT ÊTRE AUTORISÉ EN 2019.



FILTRES ORGANIQUES

Ils protègent la peau grâce à une absorption sélective des rayons UV dans une bande précise du spectre, UVB et/ou UVA. Ce sont pour la plupart des molécules aromatiques munies de doubles liaisons conjuguées avec des groupements donneur/accepteur d’électrons. En absorbant l’énergie des UV, les électrons sont activés, la molécule passe d’un état de repos à un état excité d’énergie supérieure. Elle revient à son état initial en dissipant de l’énergie sous forme de vibrations et/ou en réémettant de plus grandes longueurs d’onde, moins nocives.
Ces filtres, n’absorbant pas dans le visible, sont transparents sur la peau.
Leur probable absorption cutanée peut être à l’origine de réactions allergiques ou d’intolérances cutanées (notamment cinnamates, benzophénones). Pour certains filtres (4 méthyl benzylidène camphre, oxybenzone, octinoxate, etc.), un effet perturbateur endocrinien a été mis en évidence durant des tests in vitro ou sur animaux. Des évaluations se poursuivent mais cet effet est à relativiser, les filtres les plus estrogéniques ayant montré une activité in vitro 700 000 fois moindre que le 17-β-œstradiol, molécule de référence.
Certains filtres UV organiques hydrosolubles ont des effets délétères démontrés sur l’environnement (4 méthyl benzylidène camphre, cinnamates, benzophénones, etc.). Leur accumulation dans la mer est responsable du blanchiment et de la mort des barrières de corail.


FILTRES INORGANIQUES

Dits également « minéraux », ces filtres sont des poudres minérales, inertes et opaques, qui agissent essentiellement par réflexion et diffusion des rayonnements. Seuls le dioxyde de titane (TiO2) et l’oxyde de zinc (ZnO) sont actuellement autorisés. Leur spectre d’action contre les UVA et les UVB dépend de la taille (pigmentaire ou nanoparticulaire) et de la concentration des particules. L’action photoprotectrice du dioxyde de titane est supérieure.
Ils sont particulièrement photostables, ne pénètrent pas dans la peau et sont bien tolérés. Ce sont les seuls filtres autorisés dans les produits antisolaires bio.
Leur activité photoprotectrice est moindre que celle des filtres chimiques, ils ne permettent pas, à eux seuls, d’obtenir de très hautes protections (50 ou 50+). La forme pigmentaire, dont l’efficacité est particulièrement réduite, présente l’inconvénient majeur de laisser en surface un film blanchâtre occlusif (« masque de Pierrot »).


FORMES NANO-PARTICULAIRES

Les nanoparticules ou particules ultrafines ont un diamètre compris entre 1 et 100 nm qui leur confère des propriétés différentes du matériau de départ.
Quatre filtres nanoparticulaires sont actuellement autorisés : les deux minéraux TiO2 et ZnO et deux organiques, le tris-biphényl triazine à large spectre UVB/UVA et le méthylène bis-benzotriazolyl tétramethylbutylphénol ou MBBT.


AVANTAGES

La transformation des filtres minéraux pigmentaires en nanoparticules permet de remédier à l’effet « masque de Pierrot » et de faciliter l’étalement avec une meilleure efficacité d’absorption des UV et une action plus durable. Ils stabilisent par ailleurs les filtres chimiques photodégradables et potentialisent leur action. Le MBBT [nano] protège dans des longueurs d’onde de 280 à 400 nm (UVA et UVB) grâce à sa structure hybride de filtre organique incluant des microparticules comme les filtres minéraux : il absorbe, reflète et diffuse les UV.


RISQUES POTENTIELS

La pénétration cutanée des formes nanoparticulaires interroge, particulièrement les possibles modifications du système immunitaire et du matériel génétique et la formation de radicaux libres par ces matériaux dont la taille est voisine de celle d’un brin d’ADN. Sur peau saine, elle semble limitée aux couches supérieures. En revanche, leur utilisation est déconseillée sur peau lésée.
En l’absence de données spécifiques sur les risques liés à une exposition pulmonaire par inhalation, l’utilisation de spray contenant des nanoparticules n’est pas recommandée sur le visage et en milieu confiné.


FILTRES NATURELS


CERTAINES PLANTES CONTIENNENT DES FLAVONOÏDES (RUTINE, QUERCÉTINE, ETC.) DOTÉES DE PROPRIÉTÉS PHOTOPROTECTRICES ET ANTIOXYDANTES. SI ELLES PEUVENT RENFORCER L’ACTION PHOTOPROTECTRICE DES FORMULES DE PRODUITS SOLAIRES, ELLES NE PEUVENT, SEULES, ASSURER UN INDICE DE PROTECTION ÉLEVÉ.

Substantivité
Capacité de se fixer au niveau de la couche cornée en évitant une pénétration transépidermique
Photo-stabilité
Capacité à ne pas être altéré sous l’effet de la lumière UV
Rémanence d’un filtre
Persistance de la capacité de filtration une fois étalé sur la peau


INFOS CLÉS

infos clés


LES FILTRES SOLAIRES AUTORISÉS SONT INSCRITS SUR UNE LISTE POSITIVE DU RÈGLEMENT COSMÉTIQUE EUROPÉEN.


• Les filtres solaires autorisés sont inscrits sur une liste positive du Règlement cosmétique européen.

• Les filtres organiques protègent la peau par absorption sélective des rayons UV.

• Les filtres inorganiques protègent la peau essentiellement par réflexion et diffusion des rayons UV.


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UN PRODUIT DE PROTECTION SOLAIRE BIO PEUT CONTENIR :

Un produit de protection solaire bio peut contenir :
a/ des filtres UV organiques et minéraux
b/ uniquement des filtres UV organiques
c/ uniquement des filtres UV minéraux
Réponse : c.

Par Michèle Sauvage , pharmacienne

CHOIX DU PRODUIT DE PROTECTION  

« IL Y A DÉJÀ UN FILTRE UV DANS MA CRÈME »


DES DISPOSITIFS MÉDICAUX POUR LA PHOTOPROTECTION ?

Des dispositifs médicaux pour la photoprotection ?

DES PRODUITS DE PROTECTION SOLAIRE AVEC LE STATUT DE DISPOSITIF MÉDICAL (DM) APPARAISSENT PEU À PEU (ACTINICA, SUNSIMED, AK SECURE DM PROTECT, ETC.). CÔTÉ RÉGLEMENTATION, ILS PEUVENT PRÉSENTER, AU CONTRAIRE DES COSMÉTIQUES, DES ALLÉGATIONS MÉDICALES COMME LA PRÉVENTION D’UNE PHOTODERMATOSE OU DE CANCER PHOTO-INDUIT, SOUS RÉSERVE D’EN APPORTER LA PREUVE PAR TESTS CLINIQUES. S’ILS DOIVENT MENTIONNER SUR LEUR CONDITIONNEMENT LES FILTRES SOLAIRES UTILISÉS, ILS N’ONT PAS L’OBLIGATION D’INDIQUER LES AUTRES INGRÉDIENTS NI LA VALEUR D’UN SPF, CE QUI PEUT COMPLIQUER LE CONSEIL AU COMPTOIR. IL FAUT RETENIR QUE CES PRODUITS ONT UNE COMPOSITION SIMILAIRE À CELLE DES PRODUITS DE PROTECTION SOLAIRE COSMÉTIQUES, AVEC LES MÊMES FILTRES AUTORISÉS. ILS DOIVENT AINSI ÊTRE PROPOSÉS EN RESPECTANT LES MÊMES CONDITIONS D’USAGE POUR LEUR APPLICATION EN CAS D’EXPOSITION.

Des produits de protection solaire avec le statut de dispositif médical (DM) apparaissent peu à peu (Actinica, SunsiMed, AK Secure DM Protect, etc.). Côté réglementation, ils peuvent présenter, au contraire des cosmétiques, des allégations médicales comme la prévention d’une photodermatose ou de cancer photo-induit, sous réserve d’en apporter la preuve par tests cliniques. S’ils doivent mentionner sur leur conditionnement les filtres solaires utilisés, ils n’ont pas l’obligation d’indiquer les autres ingrédients ni la valeur d’un SPF, ce qui peut compliquer le conseil au comptoir. Il faut retenir que ces produits ont une composition similaire à celle des produits de protection solaire cosmétiques, avec les mêmes filtres autorisés. Ils doivent ainsi être proposés en respectant les mêmes conditions d’usage pour leur application en cas d’exposition.
Par Michèle Sauvage , pharmacienne

AUTRES MÉTHODES DE PROTECTION 

« UNE BONNE CRÈME POUR MON BÉBÉ ! »

Céline part pour la première fois à la plage avec son bébé de 18 mois. – Conseillez-moi une crème solaire de très haute protection pour Théo. Je ne voudrais pas qu’il attrape un coup de soleil !- Comme vous le savez, il ne faut pas exposer directement sous le soleil les enfants de moins de 24 mois.- Mais je peux quand même l’emmener à la plage ?- Bien sûr, à condition d’éviter les horaires entre 12 h et 16 h. Et de lui mettre un T-shirt, un chapeau, des lunettes et une crème solaire de très haute protection pour les zones découvertes. Le conseil d’un produit de protection solaire doit s’accompagner de mises en garde sur les effets néfastes des radiations solaires et de recommandations globales de protection.


RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES


EVICTION

C’est le premier réflexe pour se protéger des rayons nocifs du soleil. L’intensité la plus forte se situe autour du midi solaire, soit, en été dans nos régions, entre 12 h et 16 h, période pendant laquelle il faut éviter d’exposer les enfants et les personnes sensibles.


PROTECTION VESTIMENTAIRE

Le vêtement est le moyen le plus simple et le plus efficace pour empêcher la pénétration des rayons UV.
L’efficacité de la protection vestimentaire dépend d’éléments qui définissent le facteur de protection UV des tissus ou UFP (ultraviolet factor protection) :
– le type de fibres : le coton non traité ou l’acrylique protègent mieux contre les UVA, le polyester protège bien contre les UVB ;
– le tissage : une trame serrée augmente l’UFP ;
– les couleurs : les plus foncées et concentrées sont les plus efficaces contre les UV mais elles absorbent les rayons infrarouges (IR) d’où une sensation de chaleur inconfortable en été ;
– le degré d’humidité : un tissu humide est moins protecteur qu’un tissu sec.
Des lignes de vêtements, particulièrement pour jeunes enfants, sont conçues avec des capteurs d’UV (filtres organiques comme le bisoctrizole) ou des capteurs réfléchissants d’UV (TiO2, particules de céramiques).


PROTECTION OCULAIRE

L’utilisation de chapeau à larges bords, recommandée, est souvent insuffisante.
Seules les lunettes de soleil assurent une protection efficace contre les effets des UV, à condition de choisir des produits identifiés CE, de catégorie adaptée et de préférence de forme enveloppante. A noter : les lunettes sombres ne sont pas forcément les plus protectrices.
La catégorie C2, symbole « soleil à 8 rayons », convient pour un ensoleillement moyen sans nuages, tandis que la C3, symbole « soleil à 16 rayons », est adaptée à une forte luminosité. La C4, symbole « soleil surmontant 2 pics montagneux et 2 lignes de vagues », recommandée pour un ensoleillement exceptionnel mer ou montagne, est impropre à la conduite automobile.


PROTECTION CAPILLAIRE

Sous l’action des UV, la kératine du cheveu est fragilisée par la rupture des ponts disulfure des acides aminés soufrés. La mélanine, présente dans la fibre capillaire, exerce un effet protecteur en neutralisant certains radicaux libres, produisant ainsi du peroxyde d’hydrogène. Le résultat est un cheveu sec, déshydraté, cassant et/ou une couleur délavée.
La protection textile (chapeau, casquette) a l’avantage de protéger le cheveu et le cuir chevelu contre les effets des UV. Elle est indispensable chez l’enfant.
L’utilisation d’huile, de crème ou de gel capillaire antisolaire permet une protection plus complète du cheveu. Formulés avec des filtres UV, ils sont appliqués avant chaque exposition solaire et sont généralement sans rinçage (Fluide d’été protecteur solaire KPF50+ de Furterer, Soin soleil huile protectrice à la cire d’ylang-ylang de Klorane, Phytoplage voile protecteur de Phytosolba, etc.).


HYDRATATION

La perte hydrique due à la transpiration induite par les rayons IR doit être compensée en buvant au moins 1,5 à 2 litres d’eau/jour.


MÉDICAMENTS PHOTOSENSIBILISANTS

Un pictogramme signale les médicaments à risque de photosensibilisation. Il est composé d’un triangle rouge dans lequel est dessiné un soleil partiellement caché par un nuage, accompagné de l’inscription « Ne pas exposer les zones traitées au soleil, même voilé, ni aux UVA ».
Parmi les plus fréquemment en cause, des traitements locaux comme l’aciclovir, des AINS (kétoprofène, diclofénac), les sulfamides, la trétinoïne, la trinitrine, ou systémiques comme certains antidépresseurs (paroxétine, imipramine), antiépileptiques (carbamazépine), diurétiques (furosémide, hydrochlorothiazide), AINS (kétoprofène, naproxène, ibuprofène) ou antibiotiques (doxycycline, ofloxacine).


IDÉES REÇUES

« Une crème solaire de haute protection protège complètement la peau du soleil ». Non, la notion « d’écran total » n’existe pas. Même à dose recommandée, une protection 50+ laisse encore passer 2 % des UV. Son utilisation ne permet pas de s’exposer plus longtemps.
« Une peau bronzée est protégée du soleil ». Pas vraiment, ce processus naturel de protection équivaut à un indice entre 3 à 5, insuffisant pour se protéger des effets néfastes notamment à long terme. La peau est simplement moins sensible au coup de soleil.
« Un petit vent atténue les risques liés aux rayons UV ». Non, la sensation de fraîcheur donne une fausse impression de sécurité, le risque n’est pas lié à la sensation de chaleur mais bien à l’intensité des rayons UV.


DU BON USAGE DES PPS


NOTICE ET EMBALLAGE

Les recommandations générales sur le bon usage du soleil et du produit de protection, obligatoirement apposées par les fabricants sur leurs produits, doivent être lues et répétées : l’abus de soleil est dangereux, appliquer avant de s’exposer au soleil et en quantité généreuse, renouveler fréquemment, etc.


QUELLE QUANTITÉ APPLIQUER ?

L’efficacité d’un PPS dépend de la dose de produit qu’on applique sur la peau. Selon les laboratoires, cette dose peut être exprimée en cuillerée, en noix, en pression, etc.
La quantité pour définir le facteur de protection solaire est de 2 mg/cm2 de peau, quelle que soit la catégorie de protection affichée. La quantité à appliquer de manière uniforme sur un adulte de 1,80m et de 80 kg est d’environ 4 cuillères à soupe par application.


A QUEL MOMENT ?

Le rôle anti-UV des produits de protection solaire s’exerçant immédiatement, le produit est appliqué juste avant de s’exposer au soleil.
Pour maintenir le niveau de protection indiqué, il est recommandé de renouveler l’application toutes les 2 heures, après un bain, une activité physique, une transpiration intense, etc. Un produit est qualifié de résistant à l’eau s’il conserve plus de 50 % de son efficacité après 2 bains successifs de 20 minutes chacun. Toutefois, le simple fait de s’essuyer après chaque bain implique de réappliquer le PPS en cas de nouvelle exposition solaire.


INTERACTION

En cas d’utilisation concomitante de répulsif antimoustique, appliquer la crème solaire 20 minutes au moins avant le répulsif, afin d’éviter la pénétration cutanée du répulsif et de limiter la diminution d’efficacité du PPS.


CONSERVATION

Un PPS qui se conserve moins de 30 mois après fabrication mais avant ouverture du conditionnement primaire est muni d’une date de péremption en clair (jour/année).
Dans le cas contraire, une « période d’utilisation après l’ouverture » est indiquée, durant laquelle le produit, après ouverture, doit être conservé à l’abri de la chaleur, de la lumière et de l’air.
Un produit ayant changé de couleur, de texture ou d’odeur ne doit pas être appliqué car l’efficacité n’est pas garantie.


PERSONNES À RISQUE


NOURRISSONS ET ENFANTS

Le système pigmentaire est encore immature et les coups de soleil durant ces périodes augmentent le risque de mélanome à l’âge adulte.
Trois recommandations essentielles doivent être rappelées : ne pas exposer sous un soleil direct les nourrissons avant 24 mois, éviter d’exposer les enfants entre 12 h et 16 h, protéger les enfants avec un vêtement, des lunettes et un chapeau à large bord.


PEAUX ACNÉIQUES SOUS TRAITEMENT

La poursuite des traitements se fait en accord avec le médecin. Dans tous les cas, une exposition solaire minimale, avec une protection 50+, est recommandée.
Les traitements locaux à base d’acide rétinoïque peuvent être poursuivis si l’exposition solaire est réduite au minimum, les appliquer plutôt le soir. En cas d’ensoleillement intense et ponctuel, suspendre l’application la veille, le jour et le lendemain de l’exposition.
Les antibiotiques (érythromycine, clindamycine) en gel ou lotion, irritants par la présence d’alcool ou de propylène glycol, sont préférentiellement appliqués le soir.
En cas de traitement oral par isotrétinoïne, l’exposition au soleil et aux UV doit être évitée, sauf exceptionnellement et avec une crème solaire de protection 50+.
En raison du caractère photosensibilisant de certains antibiotiques oraux (tétracyclines), l’exposition au soleil et aux UV est à éviter.
Femmes enceintes
Le risque cutané pendant la grossesse se manifeste par le « masque de grossesse ». C’est un mélasma (hyperpigmentation de la peau) aussi appelé chloasma, résultant d’une interaction entre des facteurs hormonaux et génétiques et les UV, avec production accrue et répartition anarchique de mélanine. Il apparaît souvent au cours du 3e trimestre par une hyperpigmentation du front et de la zone péribuccale. Une très haute protection solaire est recommandée. Les femmes sous pilules contraceptives ont le même risque.


PRÉPARER LA PEAU EN AMONT

Une alimentation équilibrée, riche en nutriments antioxydants, pourrait avoir un effet protecteur contre les radicaux libres produits par les UV. Parmi ces nutriments, les caroténoïdes, la vitamine E (dans l’huile de tournesol, les amandes, les noix) ou le sélénium (dans les abats, produits de la mer, oléagineux).
Des compléments alimentaires associant des substances à visée antioxydantes (caroténoïdes) et hydratantes (huile de bourrache, huile de sésame, etc.) peuvent être conseillés (Doriance solaire de Naturactive, Phytobronz de Arkopharma, etc.). Néanmoins, ces produits ne protègent pas des effets délétères des UV et sont déconseillés chez la femme enceinte, les enfants et les fumeurs (risque accru de cancer du poumon avec les caroténoïdes).
Les produits autobronzants n’ont aucun effet photoprotecteur. La coloration obtenue par application de la DHA (dihydroxyacétone) est due à son interaction avec des acides aminés cutanés permettant la formation de complexes colorés (mélanoïdines).
Par Michèle Sauvage , pharmacienne

APRÈS LE SOLEIL  

« MES ÉPAULES SONT EN FEU ! »

Julien, 17 ans, se présente avec un gros coup de soleil sur les épaules. – Mes épaules sont en feu ! Je ne supporte même plus mon T-shirt…- En effet, vous présentez une belle brûlure ! Pulvérisez sur vos épaules une eau thermale bien fraîche, puis mettez une crème calmante et hydratante en couche épaisse plusieurs fois dans la journée jusqu’à disparition de l’inflammation.- Je ne peux plus jouer au beach-volley torse nu ? – Pas avant que la peau ne retrouve son aspect normal. Et surtout, avec une haute protection solaire durant toute la période d’exposition. Après une exposition au soleil, des soins spécifiques sont conseillés pour entretenir le bronzage, réparer la peau ou traiter des brûlures dues aux radiations solaires.


APAISER ET RÉHYDRATER

Malgré la photoprotection, la peau peut être échauffée et/ou déshydratée. Pour l’aider à retrouver son intégrité, un soin après-soleil est conseillé après chaque exposition. Il aide également à prolonger le hâle.
Ce soin est généralement formulé avec des agents apaisants pour apporter un effet calmant rapide (α-bisabolol, allantoïne, eau thermale, etc.), des agents hydratants qui participent à la reconstitution du film hydrolipidique (acide hyaluronique, glycérine, etc.), des agents nutritifs (céramides, alcools gras, huiles végétales, etc.) et des antioxydants (sélénium, tocophérol, zinc, polyphénols, etc.)
Sous forme de crème, lait, gel ou lotion (Photoderm brume après-soleil SOS de Bioderma, Posthelios hydragel antioxydant après-soleil de La Roche Posay, Réparateur après-soleil gel lacté d’Avène, etc.), à appliquer généreusement et à renouveler tant que persiste la sensation d’échauffement. Conservé au frais, il apporte un effet apaisant immédiat.


RÉPARER LE CHEVEU


UN SHAMPOOING DOUX EST PRIVILÉGIÉ, SUIVI D’UN MASQUE CAPILLAIRE NOURRISSANT POUR GAINER LE CHEVEU ET RESSERRER LES ÉCAILLES. DES FORMULES SPÉCIFIQUES CONTRE LES EFFETS DÉLÉTÈRES DU SOLEIL SONT DISPONIBLES : MASQUE NUTRI-RÉPARATEUR INTENSE APRÈS-SOLEIL DE FURTERER, SOIN SOLEIL BAUME RICHE RÉPARATEUR À LA CIRE D’YLANG-YLANG DE KLORANE, PHYTOPLAGE APRÈS-SOLEIL MASQUE RÉPARATEUR DE PHYTOSOLBA, ETC.



TRAITER LE COUP DE SOLEIL

Le coup de soleil est une brûlure thermique plus ou moins sévère. La brûlure de 1er degré est une plaque érythémateuse douloureuse, sans cloque, due à une vasodilatation locale. Elle apparaît environ 6 heures après l’exposition et disparaît au bout d’une semaine sans laisser de trace, après éventuelle desquamation. Celle de 2e degré superficiel est caractérisée par l’apparition de phlyctènes entourées d’un halo rouge douloureux, qui cicatrise en 8 à 10 jours avec une pigmentation provisoire.
La prise en charge est possible en officine pour les brûlures de 1er degré avec l’application en couche épaisse de topiques gras (crème, baume, etc.) ou aqueux (gels, hydrogels, etc.). Ils contiennent des agents apaisants (eaux thermales, etc.), protecteurs (trolamine, etc.), cicatrisants (calendula, allantoïne, oxyde de zinc, etc.), hydratants (hyaluronate de zinc, glyceryl polyacrylate), etc. Des pansements gras ou lipido-colloïdes créent également un milieu humide favorable à la cicatrisation. La brûlure de 2e degré, à risque de surinfection, nécessite des précautions supplémentaires : désinfection, surveillance de l’évolution, etc.
Une consultation est recommandée si la brûlure couvre plus de 10 % de la surface du corps chez l’adulte et 5 % chez l’enfant, si les cloques dépassent 3 cm, en cas de signes de surinfection, de maux de tête, de confusion et/ou de photophobie et systématiquement chez le nourrisson.

TESTEZ-VOUS

testez-vous
Chez un adulte, la consultation médicale est recommandée lorsque la brûlure couvre quel pourcentage de la zone corporelle ?
a/ 5 %
b/ 10 %
c/ 15 %
Réponse : b. Pour repère, 1 % = paume de la main.
Par Michèle Sauvage , pharmacienne

INTERVIEW 

« QUI EST VRAIMENT ALLERGIQUE À UN FILTRE SOLAIRE ? »

Comment s’y retrouver parmi l’offre de produits de protection solaire ?
De manière générale, mieux vaut opter pour les formules les plus simples et se méfier des additifs fantaisistes qui peuvent engendrer une surestimation de la valeur du facteur de protection solaire comme c’est le cas de végétaux à visée anti-inflammatoire ou favoriser la pénétration des filtres solaires. Et pour une efficacité suffisante, privilégier les produits conventionnels renfermant une association de plusieurs filtres organiques.

Les filtres inorganiques ne sont pas suffisants ?
Pas pour une haute protection, les produits conventionnels intègrent jusqu’à 8 filtres différents pour atteindre un SPF 50, deux filtres minéraux ne suffiront jamais pour atteindre le même niveau d’efficacité.

Ils sont pourtant réputés moins allergisants et moins dangereux pour l’environnement ?
C’est vrai, ils présentent moins de risques d’allergies mais qui est vraiment allergique à un filtre solaire ? Pour l’affirmer, il faut le faire tester par un dermatologue, et même si le patient a présenté une réaction après application, cela peut être dû à un autre ingrédient. Quant à l’environnement, on a longtemps dit que les filtres minéraux étaient exempts de toxicité sans apporter de preuves mais une étude récente prouve le contraire et montre une toxicité sur les organismes marins. Le premier problème reste l’efficacité insuffisante, or on sait aujourd’hui de façon certaine qu’une bonne protection permet de lutter contre les cancers cutanés photo-induits. C’est notamment primordial pendant l’enfance où des coups de soleil répétés sont un facteur de risque important. Il faut un SPF élevé donc des produits conventionnels.

Que penser des formules bio ?
Elles présentent les mêmes limites puisqu’elles ne peuvent contenir que des filtres minéraux, et pour certains labels, pas de nanoparticules. Tout au plus, ces produits peuvent permettre d’atteindre un SPF 30, mais d’après nos tests en laboratoire, peu de produits bio atteignent cette valeur car la majorité contient des quantités trop faibles de filtres minéraux. En tant que pharmacienne, j’y suis opposée, je le répète depuis des années, ces produits ne sont pas suffisamment efficaces et ne peuvent, du fait des contraintes imposées par les labels, atteindre les plus hauts indices.

POUR ALLER PLUS LOIN

Réponses à 50 questions sur le soleil et la peau
Céline Couteau et Laurence Coiffard, universitaires spécialisées en cosmétologie, proposent dans leur ouvrage des réponses validées à 50 questions que l’on se pose sur le soleil, ses effets sur la peau et les mesures de protection actuelles. Dernières études à l’appui, elles partagent leur expertise concernant des notions des plus générales aux plus pointues. Leur « vérité » sur les cosmétiques et l’analyse commentée des formules de nombreux produits est également disponible sur leur blog « Regard sur les cosmétiques » (regard-sur-les-cosmetiques.fr).

Réponses à 50 questions sur le soleil et la peau, Céline Couteau, Laurence Coiffard, Les Editions Le Moniteur des pharmacies, 30 €.
Céline Couteau, maître de conférences en pharmacie galénique et cosmétologie, habilitée à diriger des recherches dans le laboratoire de Pharmacie industrielle et de Cosmétologie de Nantes (Loire-Atlantique). Art1_51-Encadre-Auteur-Image_E6.jpg

L’ESSENTIEL À RETENIR