La production du vaccin antigrippal sur œuf est-elle efficace ?

La quasi-totalité des vaccins antigrippaux est produite par culture des virus sur œuf embryonné. Une technique alternative, la culture sur cellules, est peu utilisée actuellement. Une publication récente met en exergue certaines limites de la culture sur œuf. Les auteurs soulignent notamment que les virus A(H3N2) cultivés sur œuf modifient partiellement certaines parties de leurs protéines de surface, ce qui diminuerait leur antigénicité et leur capacité immunisante.

Cette thèse pourrait expliquer en partie la moindre efficacité vaccinale observée l’hiver dernier dans l’hémisphère nord et cet été pendant l’hiver austral en Australie.

Il semble prudent de considérer avec précaution cette publication princeps :

– Il faut prendre en compte les liens d’intérêt d’un des auteurs avec une firme qui produit du vaccin antigrippal avec l’autre méthode, la culture sur cellules.

– Les glissements antigéniques observés lors de la culture sur œuf des virus A(H3N2) ne sont qu’occasionnels pour ce sous-type.

– Ces glissements diminuent un peu l’efficacité vaccinale contre la grippe A(H3N2) mais n’empêchent pas le vaccin d’être quand même protecteur.

– Ils ne sont pas observés lors des cultures sur œuf de virus A(H1N1) et B. La protection contre ces virus est totalement conservée.

– Les virus grippaux sont imprévisibles et d’autres problèmes imprévus pourront surgir, quelle que soit la technique utilisée.

– La culture sur cellule est peu utilisée et ses limites sont mal connues car peu étudiées. Il est très possible que des glissements existent chez les virus grippaux mis en culture.

En pratique, l’efficacité d’un vaccin antigrippal n’est jamais parfaite, mais elle n’est jamais nulle non plus. Même quand le vaccin « marche » moins bien que d’habitude, il protège des formes graves de grippe. La recherche d’amélioration dans la production ne doit pas faire oublier que ce vaccin est très utile… dans sa forme actuelle.