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La jeune femme lâche les rênes
Sous le chapeau de feutre, la tête bien faite de Perrine Prévost. Loin du folklore cow-boy, la future préparatrice du Nord pratique le reining, une équitation exigeante, à l’écoute de sa monture. Une discipline qui irradie son quotidien et lui apporte équilibre et plaisir.
Chevauchées des héros de western, rodéos entre Texans rougeauds… Ces clichés font sourire Perrine Prévost. Cette grande sportive, féminine jusqu’au bout des ongles, rappelle que l’équitation américaine a pour origine la surveillance du bétail et la nécessaire adaptation du couple cavalier-cheval à ce travail. Puis l’utilitaire a cédé la place au sport, avec en tête le reining, épreuve de dressage au galop. À l’adolescence, Perrine découvre cette manière d’éduquer l’animal, sans stress ni contraintes. « Les rênes sont très longues et souples, la pression d’un doigt suffit », explique-t-elle. La douceur se révèle plus efficace et plus respectueuse du cheval que la force. C’est ce que lui apprend Sylvie Perry, une cavalière qui la prend en amitié et commence à la former, avant de lui présenter ses entraîneurs, Jeannine Barthol et Philippe Clet, installés dans la toute proche Belgique. Dans une carrière à la couche de sable épaisse de 10 cm au moins, la jeune fille apprend à réaliser des enchaînements durant lesquels, sans quitter le galop, le cheval exécute des figures. Petits cercles, grands cercles, l’animal est amené à tourner sur lui-même, à faire des arrêts glissés… Soutenue et encouragée par le couple, Perrine se lance dans la compétition en 2007, avec Design to Kid, le cheval qu’elle achète alors pour remplacer sa ponette. Roll-back, spin, sliding stop…Ces figures imposées, réparties en dix patterns ou parcours différents n’ont – presque – plus de secrets pour celle qui a mis le pied à l’étrier dès l’âge de 4 ans.
Conversation silencieuse. Perrine grandit à Lezennes, commune du Nord, dans un monde exclusivement féminin – « Je n’ai pas connu mon père, parti à ma naissance » – avec quatre générations de femmes sous le même toit. Originaire de Pologne, son arrière-grand-mère ne parle qu’en polonais. À son contact, puis à la faveur de vacances d’été au pays, Perrine maîtrise couramment la langue. Elle est tirée de ce cocon lorsque sa mère décède d’un cancer. À 6 ans, c’est l’arrivée dans une famille d’accueil. Ce n’est qu’à quelques rues de distance, mais il faut s’adapter, trouver sa place au sein d’une fratrie de quatre garçons. Pas facile pour cette petite fille timide et silencieuse ! Très vite, elle réserve ses émotions à la pratique du poney, découverte deux ans plus tôt : « Ma passion s’est accentuée à ce moment-là. C’était à la fois un exécutoire et un réconfort. » Cinq années plus tard, grâce à un héritage, elle devient propriétaire de la ponette Kaline. La liberté conférée par la tutelle s’accompagne de responsabilités. Perrine mesure aujourd’hui qu’elle a été très vite – trop, s’interroge-t-elle parfois – plongée dans l’univers des adultes : « Sitôt sortie du collège, je sautais dans le bus pour filer aux écuries, retrouver ma Kaline. » Toutes ses préoccupations tournent autour du cheval, « livres, Internet, je dévorais tout ».
La lutte contre un mal impalpable. Si les difficultés d’un pattern – parcours – sont vaincues à force de travail et de détermination, d’autres résistent à cette logique. L’extrême maîtrise qu’elle met en œuvre dans le reining, Perrine peine à la mettre en application dans son parcours de formation. Elle a quitté la fac de pharmacie de la métropole lilloise, qui ne répondait pas à ses attentes : « Je voulais faire partie intégrante du soin, et donc intervenir avant la délivrance des médicaments, soulager les gens par mes gestes ou mes paroles. » Elle intègre alors l’Institut supérieur d’ostéopathie de Lille : « Les cours me passionnaient, la perspective de soigner avec mes mains m’attirait énormément. » Son enthousiasme ne résiste pas à un malaise grandissant. Des maux de ventre, des crises d’angoisse et même des évanouissements conduisent à un abandon. « J’ai tout essayé, les médicaments classiques, l’hypnose… Je voulais trouver une explication simplement physique à cette phobie sociale qui m’a fait perdre tous mes moyens. » Quand sa déception flirte avec la dépression, son entourage l’aide à remonter la pente. Sur les traces de son compagnon, elle entame le BP de préparatrice. « La pression pour réussir, je me l’étais mise toute seule, j’ai progressivement repris confiance en moi », note-t-elle, soulagée. À l’officine de Willems, commune frontalière avec la Belgique, elle a trouvé la solidité d’une équipe compréhensive. Cette sérénité regagnée ne signifiera pas pour autant un retour aux études d’ostéopathie : « Je ne saurais pas déployer à nouveau l’énergie nécessaire ». Perrine conçoit sa formation de préparatrice comme une étape, et se voit plus évoluer dans l’univers du reining où elle se sent vraiment à l’aise, en harmonie avec son cheval : « J’apprécie de travailler dans une ambiance décontractée ».
Son triple A, Perrine le tient en trois verbes : avancer, apprendre et aider. Dès que Kaline puis Design to Kid sont entrés dans sa vie, elle a tout assumé de leur entretien. « Je me suis débrouillée pour la pension, les vaccins, le maréchal-ferrant, etc. » Avec toujours le désir de progresser, d’améliorer ses connaissances et son art. En six ans de pratique du reining, elle estime ne « pas être au tiers du quart de la technique ». La marge de progression est grande, mais le maître mot reste le plaisir, pour elle comme pour sa monture. « Le but est que le cheval aime ce qu’il fait, précise Perrine. à moi de savoir l’aider, le motiver, comme un véritable athlète. » La jeune femme ose rêver à l’ouverture d’une pension pour chevaux, libres et heureux, à l’américaine. Et transmettre à son tour la passion vécue aux Dreamstables, les « écuries de rêve » de ses entraîneurs. Tout en se livrant à des compétitions au sein de la National Reining Horse Association (NRHA), gardienne des valeurs et traditions de l’équitation américaine en France. Au galop, évidemment !
portrait chinois
• Si vous étiez un végétal ? La lavande, jolie, colorée, relaxante et apaisante même si je ne le suis pas toujours. Une fleur simple, mais avec de la personnalité.
• Une forme galénique ? Un comprimé à libération prolongée qui agit dans le temps. Je passe mon temps à réfléchir. Le temps est important pour moi, j’ai envie de laisser une trace, de progresser.
• Un médicament ? Pour oublier les petits soucis. Je me laisse facilement envahir par le quotidien. J’en oublie parfois de vivre l’instant présent.
• Un dispositif médical ? Une seringue pour injecter de bonnes idées.
• Un vaccin ? Contre le cancer car j’ai perdu beaucoup de proches de cette maladie. Si je pouvais l’éviter, je le ferais car cette maladie m’a davantage touchée que le sida par exemple.
• Une partie du corps ? Le ventre car c’est là que s’expriment les sentiments, l’équilibre, le centre de gravité. Je somatise ma vie. Toutes les sensations passent par le ventre.
Perrine Prévost
Âge : 21 ans.
Formation : 2e année de BP de préparatrice en pharmacie, à Douai (Nord).
Lieu d’exercice : Willems (Nord).
Ce qui la motive : laisser une trace.
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