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La grippe et ses vaccins
La vaccination antigrippale n’offre qu’une protection partielle, mais elle est essentielle pour prévenir les complications de la grippe chez les personnes les plus à risque. Votre mission ? Tordre le cou aux idées fausses.
La gravité de la grippe
• « La grippe n’est grave que chez les personnes âgées. »
• Votre réponse : « Pas tout à fait. »
• Les explications.
→ Il est vrai que plus de 90 % des décès attribuables à la grippe, soit 9 500 par an sur la période 2011-2017, concernent des personnes âgées de 65 ans et plus(1).
→ Mais d’autres personnes sont aussi à risque de formes graves ou compliquées de grippe. Il s’agit des femmes enceintes, des nourrissons et jeunes enfants, ainsi que des personnes ayant une pathologie sous-jacente susceptible de se décompenser ou un terrain pouvant favoriser l’extension de l’infection virale : patients immunodéprimés ou atteints de pathologie cardiaque, respiratoire, rénale ou métabolique, patients obèses (IMC ≥ 40 kg/m2). À savoir : l’IMC, ou indice de masse corporelle, évalue l’excès de poids et l’obésité. Il se calcule en divisant le poids exprimé en kilogrammes par le carré de la taille exprimée en mètre. IMC = P : T2.
Sa durée
• « En général, ces personnes à risque font seulement une grippe un peu plus longue. »
• Votre réponse : « Non, pas seulement. »
• Les explications.
→ Chez le nourrisson, outre le risque de déshydratation et de convulsions liées à la fièvre, il existe un risque de détresse respiratoire.
→ Chez le sujet âgé, les signes respiratoires tels que toux, dyspnée… peuvent être marqués et associés à une confusion mentale, des troubles digestifs et une déshydratation.
→ Chez la femme enceinte, il existe un risque de forme sévère de grippe avec un plus grand risque d’hospitalisation lors des 2e et 3e trimestres, lié à une détresse respiratoire et à des complications cardiovasculaires. Le virus traverse la barrière placentaire et il peut exposer à un risque d’avortement spontané, de prématurité ou de retard de croissance.
→ En cas de pathologie cardiaque, métabolique ou respiratoire, le risque d’hospitalisation est accru du fait de la déstabilisation de ces maladies.
→ Globalement, les complications respiratoires sont les plus fréquentes, notamment des surinfections bactériennes à l’origine de la plupart des cas de mortalité liés à la grippe saisonnière. Une pneumonie avec détresse respiratoire aiguë potentiellement mortelle – forme maligne de grippe –, et des complications extra-respiratoires telles méningites, encéphalites et atteintes cardiaques, sont rares mais possibles chez les personnes à risque.
L’efficacité de la vaccination
• « La vaccination n’est pas très efficace. »
• Votre réponse : « Son efficacité est effectivement limitée mais elle est pourtant bien réelle ».
• Les explications.
→ Les modifications constantes des virus (voir encadré) imposent d’ajuster chaque année la composition du vaccin. L’efficacité de la vaccination est conditionnée par la similitude entre les souches présentes dans le vaccin et celles circulant. La composition du vaccin est fixée chaque année par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
→ L’efficacité de la vaccination dépend aussi du patient. Elle est moins performante chez les personnes âgées ou immunodéprimées, du fait de l’affaiblissement de leur système immunitaire, ainsi que chez les très jeunes enfants. La vaccination permet malgré cela d’éviter 2 500 décès chaque hiver chez les plus de 65 ans en dépit d’une couverture vaccinale faible(2). Une couverture plus élevée pourrait augmenter cet impact.
Les mini-risques des vaccins
• « Le vaccin peut donner la grippe. »
• Votre réponse : « Non. Le vaccin ne risque pas de provoquer une grippe. »
• Les explications.
→ Le vaccin peut induire des effets indésirables comme une fièvre, des céphalées, des myalgies, faisant évoquer un mini-syndrome grippal.
→ Ces manifestations restent peu fréquentes, dans moins de 10 % des cas, de faible intensité et disparaissent dans les 3 jours sans traitement.
La grippe malgré le vaccin
• « L’an dernier, j’ai eu la grippe malgré le vaccin. »
• Votre réponse : « C’est possible, mais elle a sans doute été moins forte que si vous n’aviez pas été vacciné. »
• Les explications.
→ Il est prouvé que les personnes vaccinées, même si elles attrapent la grippe, ont moins de risques de complications et d’hospitalisation.
→ De plus, de nombreux virus circulent, capables d’induire des symptômes proches de la grippe. Le vaccin ne protège pas des syndromes grippaux, qui en général sont moins graves que la grippe. Des médicaments homéopathiques sont utilisés en prévention des états grippaux dus à d’autres virus que la grippe mais ils ne sont pas une alternative au vaccin anti-grippal !
La période de l’injection
• « L’épidémie est là, c’est trop tard pour me faire vacciner. »
• Votre réponse : « Non, tant que le pic de l’épidémie n’est pas survenu, vous avez intérêt à vous faire vacciner. »
• Les explications. Il faut compter 15 jours pour être protégé après la vaccination durant 6 mois au moins. Il n’est donc pas trop tard pour se faire vacciner jusqu’au pic de l’épidémie qui survient habituellement en décembre/janvier.
Vaccin et grossesse
• « La vaccination est à éviter lors de la grossesse. »
• Votre réponse : « Au contraire, elle est même recommandée, et ce depuis 2012, quel que soit le trimestre de la grossesse et sans restrictions. »
• Les explications.
→ La grossesse entraîne des modifications physiologiques avec diminution des capacités cardiorespiratoires rendant la grippe potentiellement grave pour la mère mais aussi le fœtus. D’où l’intérêt d’être vacciné pour protéger son entourage, et notamment les plus faibles.
→ De plus, la vaccination protège le nourrisson durant ses 6 premiers mois de vie grâce aux anticorps transmis par la mère. Ceci est d’autant plus intéressant que la vaccination antigrippale est contre-indiquée avant 6 mois.
Vaccin et bonne santé
• « Passé 65 ans, si on est en bonne santé, pas la peine de se faire vacciner. »
• Votre réponse : « Détrompez-vous, avec l’âge, le système immunitaire devient moins performant. »
• Les explications. Les organes, dont les poumons, se fragilisent même si cela n’est pas perceptible au quotidien. D’où un risque de grippe plus grave que dans la population générale.
Le match tétra contre trivalents
• « Les vaccins tétravalents sont plus efficaces que les trivalents. »
• Votre réponse : « Non, ce n’est pas démontré à l’heure actuelle. »
• Les explications.
→ Ces vaccins sont des vaccins inactivés comportant 3 ou 4 souches de virus : 2 de type A et 1 de type B pour les vaccins trivalents, 2 de type A et 2 de type B pour les tétravalents. Ces derniers visent à améliorer la protection avec l’introduction d’une 2e souche virale de type B.
→ Cependant, les virus de type B sont en règle générale et jusqu’ici moins souvent impliqués dans des cas de grippe que ceux de type A.
(1)« Extension des compétences des professionnels de santé en matière de vaccination. Vaccination contre la grippe saisonnière », Haute autorité de santé (HAS), juillet 2018.
(2)« Impact de la vaccination contre la grippe saisonnière sur la mortalité des personnes âgées en France, de novembre 2000 à avril 2009 », Bulletin epidémiologique hebdomadaire 2015.
Rappels sur les virus de la grippe
La grippe est due à des Myxovirus influenzae répartis en trois types : A, B et C. Seuls A et B sont responsables d’épidémies chez l’homme, voire de pandémies pour le type A, le plus fréquent.
Les virus A se répartissent en soustypes (H1N1, H1N2, H2N2, etc.) selon les caractéristiques de leurs deux glycoprotéines de surface. Les épidémies saisonnières chez l’homme sont dues aux sous-types H1N1 et H3N2. Deux lignées de virus de type B circulent chez l’homme, Victoria et Yamagata. Les virus peuvent subir, lors de leurs milliards de réplications quotidiennes, deux types de modifications génétiques :
→ les glissements antigéniques ou drifts provoquent l’apparition de variants au sein d’un même soustype. Si la personne est vaccinée ou a déjà eu une grippe, l’immunité la protège au moins partiellement contre cette nouvelle souche ;
→ les cassures antigéniques ou shifts concernent les virus A et résultent d’un mélange de gènes issus de 2 virus différents cohabitant chez le même hôte. Elles peuvent créer un nouveau sous-type de virus. Dans ce cas, l’immunité acquise lors d’épisodes grippaux antérieurs ou via la vaccination n’est pas efficace.
Cela peut entraîner des épidémies, voire des pandémies.
Dico +
→ Endémie : maladie qui se manifeste en permanence dans une région déterminée, ou y existe à l’état latent.
→ Épidémie : augmentation inhabituelle et subite du nombre d’individus atteints d’une maladie transmissible existant à l’état endémique dans une région ou une population données.
→ Pandémie : épidémie qui s’étend à la quasitotalité d’une population.
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