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La physiopathologie/« Mon bébé tousse, est-ce la bronchiolite ? »
Infection respiratoire aiguë basse, la bronchiolite touche principalement des nourrissons de moins de 2 ans dont les bronchioles, siège de l’infection, sont physiologiquement très étroites.
Le contexte
Étiologie
L’agent infectieux est le virus respiratoire syncytial (VRS) dans 70 % des cas. Dans les autres cas, il peut s’agir, par exemple, d’un rhinovirus, du virus influenza, d’un coronavirus.
Le VRS, dont l’homme est le seul hôte, est un virus à ARN simple brin enveloppé de la famille des Pneumoviridae, dont il existe deux sous-groupes, A et B. Son enveloppe comporte notamment les glycoprotéines G (protéine d’attachement aux cellules respiratoires) et F (protéine de fusion avec la membrane des cellules respiratoires). Très contagieux, il se transmet via la salive et les sécrétions nasales, par voie aérienne (éternuement, toux, postillons) ou par contact indirect (mains, objets, jouets contaminés). La période d’incubation dure entre 3 et 5 jours.
Épidémiologie
Le VRS infecte les cellules des voies respiratoires humaines supérieures et inférieures. L’infection naturelle ne confère pas une immunité durable. Ainsi, chaque année de nombreux adultes et jeunes enfants sont réinfectés par le virus.
Circulant toute l’année dans le monde, il est responsable d’épidémies en Europe, notamment en France, pendant la saison hivernale et dure en moyenne 12 semaines. Elles débutent en général mi-novembre avec un pic en décembre et se terminent à la fin de l’hiver ou au début du printemps.
Signes cliniques
Chez l’enfant de plus de 2 ans et l’adulte en bonne santé, l’infection par le VRS est habituellement asymptomatique ou se manifeste par un rhume ou des infections otorhinolaryngologiques (ORL) sans gravité (laryngite par exemple).
Les populations les plus vulnérables au VRS sont les nourrissons et les personnes âgées ou les adultes présentant des comorbidités (immunodépression, maladie chronique cardiopulmonaire).
Chez les personnes âgées ou présentant des comorbidités, l’atteinte des voies respiratoires supérieures (rhinorrhée, maux de gorge) évolue fréquemment vers une pneumopathie (toux, dyspnée, etc.) pouvant aller jusqu’à une détresse respiratoire aiguë et/ou la décompensation d’une comorbidité préexistante.
Diagnostic
Il est fondé sur les signes cliniques et l’auscultation pulmonaire. En cas de forme grave ou de doute du diagnostic (pathologie cardiaque, pneumonie, asthme, notamment), une radiographie thoracique peut être envisagée. La recherche du virus n’est pas systématiquement recommandée pour poser le diagnostic.
Évolution et complications
Résolution
La bronchiolite guérit spontanément en 5 à 10 jours dans la majorité des cas. La persistance de la toux est possible pendant 2 à 4 semaines. Elle se complique parfois d’une surinfection bactérienne (otites) et semble impliquée dans l’apparition de l’asthme de l’enfant.
Aggravation
Outre un risque de déshydratation liée à la baisse de l’alimentation, la maladie évolue parfois vers une forme grave avec détresse respiratoire aiguë, généralement dans les 48 heures suivant le début des signes de lutte ou de la toux : cette période est cruciale dans la surveillance du nourrisson.
Les populations à risque de formes graves sont celles qui répondent à des critères de vulnérabilité : les prématurés (nés avant 36 semaines d’aménorrhée), les bébés de moins de 2 mois (en tenant compte de l’âge corrigé et ceux présentant des comorbidités (cardiopathie congénitale, pathologie pulmonaire chronique, déficit immunitaire et pathologies avec fatigabilité musculaire).
Des facteurs environnementaux sont également à prendre en compte dans l’évaluation du nourrisson et la décision de l’hospitaliser : contextes sociaux ou économiques rendant difficile l’accès aux soins, tabagisme passif. Chez les prématurés, le tabagisme pendant la grossesse, la naissance en période d’épidémie, la présence d’une fratrie, la vie en collectivité (crèche) et l’absence d’allaitement maternel sont également à considérer.
Les mesures de prévention/« Le médecin m’a parlé d’un vaccin pour protéger mon futur bébé… »
Chez les enfants et les adultes, le virus respiratoire syncytial (VRS) peut être à l’origine d’un simple rhume, voire ne pas provoquer de symptômes ou presque. Ainsi, il est possible de transmettre l’infection au nourrisson sans se sentir malade.
Dans ce contexte, les gestes barrières occupent une place prépondérante. S’y ajoutent désormais deux stratégies médicamenteuses de prévention.
Les gestes barrières
Des gestes simples, qui doivent constituer un réflexe, permettent de protéger l’entourage et le nourrisson de la transmission des infections virales hivernales, dont la bronchiolite.
Se laver les mains avant et après chaque contact avec l’enfant, notamment au moment du change et des repas : il est préférable d’utiliser de l’eau et du savon et de sécher ensuite ses mains avec une serviette propre. À défaut, un gel hydroalcoolique peut être utilisé en frictionnant les mains pendant au moins 30 secondes.
Limiter les contacts avec d’autres personnes : dès la sortie de la maternité, restreindre les visites à un petit cercle d’adultes non malades en évitant d’embrasser le nourrisson ou de le passer de bras en bras. Les spécialistes recommandent également que tout nourrisson de moins de 3 mois ne soit pas en contact avec de jeunes enfants. Maintenir, autant que faire se peut, l’enfant à l’écart des réunions de famille, des transports en commun et des lieux confinés et envisager, lorsque c’est possible, l’entrée en collectivité (crèche, halte-garderie, etc.) seulement après l’âge de 3 mois.
Ne pas partager les biberons, les tétines, les couverts non lavés du nourrisson. Nettoyer fréquemment ses jouets à l’eau et au savon ainsi que les peluches en machine à 60 degrés.
Aérer régulièrement le domicile et ne pas fumer en présence de l’enfant, car le tabagisme passif aggrave la bronchiolite.
Porter un masque en cas de maladie respiratoire, tousser ou éternuer dans son coude ou un mouchoir à usage unique, à jeter dans une poubelle fermée, puis se laver les mains. Ne pas embrasser l’enfant, même avec un masque.
Les traitements préventifs
Deux solutions médicamenteuses visant la prévention des infections à VRS chez les nourrissons sont disponibles à l’officine. Elles ne se substituent aux gestes barrières à mettre en place parallèlement.
Beyfortus (nirsévimab)
Composition. Le nirsévimab n’est pas un vaccin mais un anticorps monoclonal à action prolongée qui se lie à la protéine F du VRS en conformation préfusion. En effet, cette protéine peut revêtir deux formes antigéniques : la forme préfusion et la forme post-fusion. La protéine F en conformation préfusion est la forme active intervenant dans la fusion du virus et de la membrane cellulaire. Le nirsévimab bloque le processus de pénétration cellulaire du virus dans les cellules pulmonaires.
Indication. Agent d’immunisation passive, le nirsévimab est indiqué en prévention des infections par le VRS chez tous les nourrissons pendant leur première saison d’exposition au virus et si besoin jusqu’à l’âge de 2 ans pour les enfants particulièrement vulnérables. Pour la saison hivernale 2024-2025, il est recommandé (et remboursé) en métropole chez les nourrissons nés à partir du 1er janvier 2024. À noter qu’un anticorps monoclonal, le palivizumab (Synagis à l’hôpital), est indiqué en prévention des infections graves dues au VRS, nécessitant une hospitalisation chez les enfants à risque élevé (prématurés, ayant une cardiopathie congénitale, par exemple).
Efficacité. Chez les nourrissons nés à terme et en bonne santé, il a été démontré que le nirsévimab diminue de 76 à 81 % les cas d’infections sévères à VRS admis en réanimation. La concentration sérique est maximale au 6e jour et la durée de protection conférée est d’au moins 5 mois.
Effets indésirables et précautions. Éruptions cutanées, réactions au site d’injection et pyrexie sont peu fréquentes. Il n’y a pas de contre-indications particulières à l’administration de l’anticorps monoclonal. Des cas d’anaphylaxie sont observés avec des anticorps monoclonaux : gonflement du visage, difficultés à respirer, démangeaisons ou rougeurs de la peau doivent amener à consulter en urgence.
En pratique. Le nirsévimab est disponible en seringue préremplie en 2 dosages : 50 mg pour les nourrissons dont le poids est inférieur à 5 kg et 100 mg pour les nourrissons de 5 kg et plus. Une seule dose en intramusculaire, de préférence sur la face antérolatérale de la cuisse, est recommandée.
Prise en charge. Le nirsévimab est remboursé à hauteur de 30 % par l’Assurance maladie.
Abrysvo (antigènes F du VRS)
Composition. C’est un vaccin bivalent recombinant sans adjuvant, renfermant deux antigènes de la protéine F du VRS (stabilisée en conformation préfusion), ciblant les sous-groupes prédominants A et B du virus. Administré chez la femme enceinte, il induit la synthèse d’anticorps maternels neutralisants passant chez le fœtus à travers le placenta : il s’agit donc d’une immunisation passive du futur nourrisson par transfert d’anticorps de la mère, lui conférant une protection contre les maladies des voies respiratoires inférieures dues au VRS dès la naissance.
Indication. Le vaccin est indiqué chez les femmes enceintes pour la protection passive du futur nourrisson contre les infections dues au VRS, de sa naissance à l’âge de 6 mois.
Efficacité. Un essai randomisé en double aveugle versus placebo a été mené chez plus de 7 000 femmes enceintes. Ainsi, 0,5 % des nourrissons du groupe vaccin ont développé une infection symptomatique sévère à VRS versus 1,8 % dans le groupe placebo durant les 6 premiers mois de leur vie. Des hospitalisations en lien avec une infection par le VRS ont été rapportées chez 0,5 % des nourrissons du groupe vaccin versus 1,3 %. Ces différences étaient statistiquement significatives selon le protocole de l’essai. Le vaccin assure une forte protection pendant les 3 premiers mois du bébé, puis celle-ci diminue entre 3 et 6 mois.
Effets indésirables et précautions. Les principaux effets indésirables sont des céphalées, des myalgies et une douleur, une rougeur ou un gonflement au site d’injection. Il n’y a pas de contre-indications à l’administration du vaccin, une maladie fébrile aiguë entraînant son report.
En pratique. La Haute Autorité de santé (HAS) préconise la vaccination des femmes enceintes par Abrysvo au 8e mois de la grossesse, entre la 32e et la 36e semaine d’aménorrhée. Le vaccin peut être administré en même temps qu’un autre contre la grippe ou le Covid-19. Un intervalle de 2 semaines au moins est recommandé avec le vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche acellulaire-poliomyélite (dTcaP). La vaccination contre le VRS est entrée au calendrier vaccinal en octobre 2024, ce qui permet aux pharmaciens de prescrire et d’administrer Abrysvo aux femmes enceintes à l’officine.
Prise en charge. Ce vaccin est remboursé à 100 % dans le cadre de l’Assurance maternité.
Critères de choix
En l’état actuel des connaissances, la HAS recommande préférentiellement l’immunisation passive du nourrisson avec le nirsévimab dans trois situations :
– lorsque la vaccination par Abrysvo risque de ne pas être efficace : nourrissons nés prématurés, intervalle de moins de 14 jours entre la vaccination et la naissance ;
– en cas d’immunodépression chez la mère, du fait de l’absence de données d’efficacité et d’immunogénicité du vaccin Abrysvo dans cette population ;
– en cas de nouvelle grossesse chez une mère vaccinée lors d’une précédente grossesse (faute de données disponibles dans cette situation).
Le vaccin Abrysvo présente de son côté un potentiel avantage : entraînant la production d’anticorps contre plusieurs sites de la protéine F − à la différence de l’anticorps monoclonal −, il pourrait être plus efficace en cas de mutation au niveau de cette protéine.
La prise en charge/« À part les lavages de nez, il n’y a rien pour calmer sa toux ? »
Conduite à tenir
Le diagnostic de la bronchiolite permet d’établir trois niveaux de gravité, qui orientent la prise en charge du nourrisson, dont le recours à une hospitalisation. Dans la grande majorité des cas, celle-ci n’est pas nécessaire, mais il est recommandé d’être particulièrement vigilant les premières 48 heures suivant le début de la toux, période déterminante pour l’aggravation de la maladie (voir « Arbre de prise en charge de la bronchiolite »). Les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) s’adressent aux enfants de moins de 1 an, les plus fragiles, mais peuvent être extrapolées aux plus grands.
Prise en charge
Mesures hygiénodiététiques
La désobstruction rhinopharyngée au sérum physiologique est essentielle pour évacuer les sécrétions nasales et aider le nourrisson à respirer et à s’alimenter quelle que soit la gravité de la bronchiolite. C’est seulement après cette étape qu’est évalué l’état du nourrisson et que la présence de signes de gravité doit alerter. La désobstruction rhinopharyngée est à réaliser au minimum 6 fois par jour et systématiquement avant les repas et les couchers. Celle-ci s’effectue en maintenant la tête du nourrisson sur le côté et en instillant la solution de sérum physiologique dans la narine supérieure. Le sérum physiologique ressort par l’autre narine avec les sécrétions nasales. L’opération est ensuite à renouveler de l’autre côté, dans l’autre narine. L’utilisation d’un mouche-bébé est optionnelle.
Le fractionnement des repas est recommandé lors de difficultés d’alimentation. En cas de prise alimentaire diminuée de 50 % ou plus sur 3 repas consécutifs, l’hospitalisation est requise.
Les autres mesures à mettre en place sont le couchage à plat sur le dos (en prévention de la mort inattendue du nourrisson), l’exclusion du tabagisme passif (qui accroît le risque d’hospitalisation), l’aération du logement et le maintien d’une température ambiante à + 19 °C dans l’environnement du nourrisson, ainsi qu’une hydratation correcte (proposer à boire, ne pas trop couvrir le nourrisson).
Traitements médicamenteux
Le traitement à visée symptomatique potentiellement utile est un antipyrétique, le paracétamol en première intention. Une antibiothérapie n’est justifiée qu’en cas d’infection bactérienne concomitante de type otite moyenne aiguë.
De nombreux médicaments sont déconseillés en raison de l’absence de bénéfice démontré par rapport à un placebo et d’effets indésirables ou de données disponibles insuffisantes : bronchodilatateurs ß2 mimétiques (salbutamol, terbutaline), corticoïdes par voie systémique ou inhalée, antihistaminiques, terpènes (camphre, menthol, eucalyptol). Ces derniers sont contre-indiqués chez les nourrissons de moins de 30 mois. Les antitussifs et les fluidifiants bronchiques sont déconseillés avant 2 ans.
Traitements non médicamenteux
Oxygénothérapie
Elle est recommandée en cas d’hospitalisation dans les formes modérées ou sévères. Sa mise en place dépend du taux de saturation en oxygène.
Kinésithérapie respiratoire
Différentes techniques existent pour mobiliser et évacuer les sécrétions bronchiques. Le drainage postural et les percussions thoraciques (non pratiquées en France) sont contre-indiqués en raison d’une balance bénéfice/risque défavorable. Les techniques expiratoires passives distinguent deux approches : par accélération du flux respiratoire [GLOSSAIRE] ou par expiration lente et prolongée. En 2023, la revue Cochrane a publié une méta-analyse qui montre que la kinésithérapie par expiration lente et prolongée semble améliorer les bronchiolites légères à modérées chez des nourrissons hospitalisés alors que la kinésithérapie par accélération du flux respiratoire, préconisée dans la prise en charge de la bronchiolite en France au début des années 2000, n’a pas d’efficacité démontrée, mais, au contraire, a des effets indésirables avérés (des vomissements, des troubles respiratoires transitoires et de rares cas de fractures de côte).
En pratique, selon les dernières recommandations de la HAS, la kinésithérapie respiratoire n’est pas préconisée en ambulatoire chez les nourrissons de moins de 1 an, mais peut se discuter en cas de pathologie associée : maladie respiratoire chronique, maladie neuromusculaire.
Suivi
En sortie d’hospitalisation, une réévaluation est programmée dans les 72 heures, ainsi que 4 à 6 semaines plus tard.
Quel que soit le parcours du nourrisson, la persistance de la toux au-delà de 4 semaines doit amener à reconsulter.
L’essentiel à retenir
La pathologie
La bronchiolite est une infection respiratoire aiguë touchant principalement des nourrissons de moins de 2 ans. L’agent infectieux est le virus respiratoire syncytial (VRS) dans 70 % des cas, un autre virus dans les autres cas. Très contagieux, il se transmet par voie aérienne (salive, éternuement, postillons) ou par contact indirect (main, objet, jouet contaminés).
L’infection ne confère pas une immunité durable, d’où des épidémies chaque hiver avec un pic habituellement en décembre.
Chez l’adulte et l’enfant de plus de 2 ans, l’infection est le plus souvent bénigne, voire asymptomatique. Les patients âgés ou atteints de comorbidités (pathologies chroniques cardiopulmonaires, par exemple) sont plus vulnérables et susceptibles de développer une pneumopathie ou de connaître une décompensation de maladie sous-jacente.
Chez le nourrisson de moins de 2 ans, l’infection débute par un rhume, une toux sèche, puis une respiration sifflante avec plus ou moins de signes de lutte (augmentation de la fréquence respiratoire, tachycardie), des difficultés à s’alimenter, une fièvre modérée. L’évolution mène à la guérison le plus souvent en 5 à 10 jours, la toux peut persister 2 à 4 semaines.
Complications. La gravité est liée au risque d’escalade vers une insuffisance respiratoire aiguë, généralement dans les 48 heures suivant l’apparition de la toux. Les facteurs de risque sont : prématurité (moins de 36 semaines d’aménorrhée), âge inférieur à 2 mois et présence de comorbidités (cardiopathie congénitale, pathologie pulmonaire chronique, déficit immunitaire et pathologies avec fatigabilité musculaire), ainsi que les difficultés d’accès aux soins et le tabagisme passif.
La prise en charge
Le traitement est symptomatique : désobstruction rhinopharyngée plusieurs fois par jour et avant chaque repas, fractionnement des repas en cas de difficultés à s’alimenter, couchage sur le dos dans une pièce à + 19 °C au maximum, exclusion du tabagisme passif, hydratation, éventuellement antipyrétique (paracétamol).
La surveillance de l’enfant, en particulier les 2 à 3 premiers jours, est primordiale : comportement inhabituel (fatigue, réactivité diminuée ou agitation), respiration accélérée (thorax qui se creuse), baisse de l’alimentation nécessitent de reconsulter le médecin.
La kinésithérapie respiratoire n’est pas recommandée chez les nourrissons de moins de 1 an, mais peut se discuter en cas de maladie respiratoire chronique ou neuromusculaire.
L’appel au 15 est notamment recommandé en cas de pathologie cardiaque ou respiratoire, de prise alimentaire diminuée de moitié sur 3 repas, de vomissements systématiques, de bouche bleue, de pauses respiratoires.
La prévention
Les gestes barrières sont au premier plan : lavage des mains, port du masque en cas de signes infectieux dans l’entourage de l’enfant, limitation des visites à un cercle d’adultes très proche jusqu’à l’âge de 3 mois. Ne pas partager les biberons, tétines, couverts non lavés du nourrisson. Ne pas fumer en présence de l’enfant.
Deux traitements préventifs au choix sont proposés aux parents en complément des gestes barrières :
– Beyfortus (nirvésimab), anticorps monoclonal dirigé contre le VRS. Il est recommandé aux nourrissons nés au cours de la période de circulation du virus. La durée de protection est d’au moins 5 mois ;
– Abrysvo, vaccin renfermant 2 antigènes de la protéine F du VRS, indiqué chez les femmes enceintes entre la 32e et la 36e semaine d’aménorrhée pour la protection passive des nourrissons de la naissance à l’âge de 6 mois.
– Environ 30 % des nourrissons de moins de 2 ans sont atteints de bronchiolite chaque hiver.
– 2 à 3 % des nourrissons de moins de 1 an sont hospitalisés pour une forme grave.
– Le nombre de décès est inférieur à 1 %.
TIRAGE INTERCOSTAL
L’espace entre les côtes se creuse et le ventre se gonfle à chaque respiration.
ÂGE CORRIGÉ
Âge qu’aurait l’enfant s’il était né à terme.
ACCÉLÉRATION DU FLUX RESPIRATOIRE
Technique de modulation du flux respiratoire consistant à exercer des pressions sur le thorax plus ou moins fortes et plus ou moins rapides pour provoquer une expiration.
EXPIRATION LENTE ET PROLONGÉE
Technique consistant à exercer une pression manuelle lente commencée à la fin d’une expiration spontanée et poursuivie jusqu’au volume résiduel.
Point de vue
pédiatre à Villeneuve-lès-Avignon (Gard), président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa).
Les femmes enceintes sont-elles suffisamment informées sur les deux stratégies de prévention de la bronchiolite ?
Elles sont censées leur être présentées à la maternité, mais la pharmacie est bien évidemment un lieu de communication incontournable, notamment au cours de la grossesse, et le message doit y être relayé. Car on n’en fait jamais assez ! Nous l’avons constaté encore récemment avec « l’échappement » des femmes enceintes à la vaccination contre la coqueluche, en deçà de ce que l’on pouvait espérer. Mais, en plus de communiquer sur ces nouveaux moyens de prévention, il faut sensibiliser aux stratégies de cocooning en rappelant des règles essentielles quant à la protection des tout-petits (aérer régulièrement les pièces, notamment la chambre de l’enfant, proscrire les humidificateurs d’air à risque de moisissures), y compris les facteurs de risque de mort subite : faire dormir l’enfant dans son propre lit – et non celui des parents –, dans une turbulette – et non une couverture –, sur le dos, sans peluche, attache-tétine ou doudou. La France est en effet le deuxième pays d’Europe où le taux de mort inattendue du nourrisson est le plus élevé. Ce qui est invraisemblable au regard de ce que nous déployons en matière de politique de prévention.
Comment aider à choisir entre Abrysvo et Beyfortus ?
Pour que la femme puisse faire un choix éclairé, il faut expliquer et sensibiliser en amont du 8e mois de la grossesse. Le pharmacien peut par exemple demander : « Quelle solution avez-vous choisie pour protéger votre bébé de la bronchiolite ? » Concernant Abrysvo, l’enfant sera protégé à près de 70 % des formes graves jusqu’à l’âge de 6 mois, avec l’avantage de ne pas faire d’injection au nourrisson. Pour Beyfortus, la protection conférée contre les formes sévères de bronchiolite est légèrement meilleure, supérieure à 80 %. Idéalement, l’injection de Beyfortus devrait se faire avant la sortie de la maternité. Or, certains parents peuvent être réticents à ce que leur nouveau-né reçoive une injection si jeune. Celle-ci sera peut-être nécessaire malgré la vaccination de la mère par Abrysvo, si la naissance est survenue prématurément, entraînant un risque d’échec de la vaccination.
Place des Trod du VRS
Un arrêté datant de mai 2024 autorise la réalisation par les pharmaciens d’officine des tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) des infections à VRS. Ces derniers sont notamment combinés aux Trod grippe et Covid-19 (All In Triplex du laboratoire AAZ, Ampliquick Respiratory Triplex de Biosynex, par exemple).
Dans un rapport publié en juin 2023, la HAS estime qu’à l’échelle populationnelle ces tests peuvent limiter la prescription d’antibiotiques en détectant ces infections virales, toutefois leur performance diagnostique est insuffisante (avec possiblement 25 % de faux négatifs chez les enfants pour le VRS). Par ailleurs, ils ne détectent pas d’autres virus responsables de bronchiolite et/ou potentiellement dangereux pour les personnes fragiles. Ainsi, à l’heure actuelle, ces tests ne sont pas recommandés pour détecter une infection à VRS chez l’adulte ou chez l’enfant et ne sont pas utiles à la prise en charge de la bronchiolite du nourrisson guidée par la clinique.
Si un Trod est réalisé, un résultat négatif ne doit pas rassurer ni faire banaliser l’infection en cours et le risque de la transmettre à une personne fragile.
Chez les personnes âgées
Deux vaccins sont indiqués chez les personnes âgées de 60 ans et plus en prévention de la maladie des voies respiratoires inférieures dues au VRS : Abrysvo et Arexvy, contenant une glycoprotéine F recombinante du VRS, tous deux non remboursés à ce jour. Arexvy a également obtenu une extension d’indication par la Commission européenne pour les adultes de 50 à 59 ans à haut risque.
La HAS a recommandé en juillet 2024 la vaccination par l’un de ces vaccins :
– des personnes âgées de 75 ans et plus ;
– des personnes âgées de 65 ans et plus présentant des pathologies respiratoires ou cardiaques chroniques.
À noter : un vaccin à ARNm (mResvia) a obtenu une autorisation de mise sur le marché au niveau européen pour protéger les plus de 60 ans contre le VRS.
Brochures et ressources utiles pour les parents
– Dépliant « Votre enfant et la bronchiolite », à télécharger sur le site du Cespharm (cespharm.fr) ou de Santé publique France (santepubliquefrance.fr).
– mpedia.fr est le site grand public de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa). Il propose de nombreuses informations et des conseils aux parents. Une infographie « Mon enfant tousse, est-ce une bronchiolite ? Que faire ? » peut y être téléchargée. Un chat (payant) permet d’échanger rapidement avec un pédiatre du lundi au samedi, de 18 h 30 à 21 h.
– Une fiche conseil « 1er épisode de bronchiolite aiguë : conseils aux parents », qui complète les recommandations de « Prise en charge du 1er épisode de bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois » est disponible sur le site de la HAS (has-sante.fr). La fiche rappelle notamment comment réaliser la désobstruction rhinopharyngée chez le nourrisson.
– Le document « Bronchiolite : comment protéger votre bébé d’une forme grave ? » a été mis en ligne par la HAS sur son site début septembre. Il rappelle la gravité de la maladie et détaille les deux options à disposition pour protéger le nourrisson et guider le choix des parents.
TIRAGE INTERCOSTAL
L’espace entre les côtes se creuse et le ventre se gonfle à chaque respiration.
ÂGE CORRIGÉ
Âge qu’aurait l’enfant s’il était né à terme.
ACCÉLÉRATION DU FLUX RESPIRATOIRE
Technique de modulation du flux respiratoire consistant à exercer des pressions sur le thorax plus ou moins fortes et plus ou moins rapides pour provoquer une expiration.
EXPIRATION LENTE ET PROLONGÉE
Technique consistant à exercer une pression manuelle lente commencée à la fin d’une expiration spontanée et poursuivie jusqu’au volume résiduel.
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