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Je suis timide mais je me soigne !
Surmonter sa timidité. Apprenez à positiver et à gérer vos ressentis pour diminuer les symptômes, apaiser le mental, faire évoluer la peur et modifier vos comportements. Tout un programme !
Timidité, qui es-tu ?
Un handicap, mais pas une tare
D’après le dictionnaire Le Robert, la timidité est « un manque d’aisance et d’assurance dans ses rapports avec autrui ». Concrètement, c’est une forme légère d’anxiété sociale qui se traduit par un inconfort en présence de l’autre, une difficulté à affronter son regard… Et à le regarder dans les yeux.
→ Le regard, outil de domination. En éthologie, la science qui étudie le comportement des animaux, soutenir le regard est un signe de domination, et détourner les yeux, un signe de soumission. Cela explique pourquoi un simple regard peut parfois impressionner, voire paralyser. Et également, pourquoi les gens sont soudain beaucoup moins timides sur les réseaux sociaux !
→ C’est un handicap. Une tendance à se tenir en retrait, une gaucherie en société, un manque crucial d’initiatives peuvent révéler une timidité. Les timides sourient moins, prennent moins la parole, regardent moins dans les yeux et mettent plus de temps à répondre ou à relancer la conversation. Leur registre de mimiques et d’expressions est souvent moins riche.
→ Respectueux, parfois trop. Le timide a peur de l’autre. Il a donc tendance à analyser ses réactions, à interpréter ses gestes ses paroles, souvent de façon totalement subjective ! Il n’en reste pas moins que le timide accorde de l’importance à autrui… Et même trop. Respectueux de l’autre, parfois trop empathique, il fonctionne inconsciemment dans ses relations selon la logique du « je ne suis rien, l’autre est tout ». L’empathie est une qualité – surtout chez un professionnel de santé ! –, mais le timide ne doit pas s’oublier pour autant. Il doit simplement reprendre sa place véritable dans la relation avec l’autre.
Ni phobie sociale, ni introversion
Attention à ne pas confondre la timidité avec la phobie sociale et l’introversion.
→ La phobie sociale est une forme grave de l’anxiété sociale. Ici, l’intensité de la réaction émotive influe significativement sur la vie sociale. Nous sommes en présence d’un trouble psychologique important, qui nécessite une prise en charge médicale et psychologique.
→ L’introversion, définie par le Larousse comme une « tendance à se replier sur soimême », peut être une conséquence de la timidité, mais ne doit pas être confondue avec elle. Certaines personnes sont introverties, non parce que le contact avec les autres les effraie, mais parce qu’elles s’en désintéressent. À l’inverse, de nombreux timides rêvent d’une vie sociale, en ont envie ou besoin. Dans ce cas, le timide n’est pas introverti, ou il l’est par défaut.
À chacun sa timidité
Manque de confiance en soi, impression de ne pas être à la hauteur, crainte d’« abuser » de l’autre, mais surtout de ce qu’il va penser, le timide a peur du jugement que l’autre va porter sur lui et il a honte de sa timidité. Il craint aussi les signes qui la trahissent : rougissement, transpiration, tremblements, bégaiement… Heureusement, sa timidité n’occupe en général pas toutes les sphères de sa vie. Elle se cantonne souvent à certaines situations.
→ Les situations de performance. La timidité survient avant un examen, lors d’une prise de parole en public : réunion, animation commerciale, présentation d’un produit…
→ Les situations d’observation. Le timide a peur d’être observé et jugé dans son comportement : crainte de marcher devant les clients, de servir sous le regard d’un collègue, voire de manger devant lui…
→ Les situations d’intimité. Le timide craint le contact informel et rapproché avec l’autre : promiscuité, questions intimes…
→ Les situations d’affirmation de soi. Le timide ne sait pas dire non ou se retrouve très mal à l’aise quand il doit formuler une demande.
Timidité, d’où viens-tu ?
Génétique et environnement
Prenez deux nouveau-nés qui ne vous connaissent pas et approchez-vous des berceaux. L’un va sourire, se montrer détendu. L’autre va se mettre à pleurer, à paniquer, à crier. À ce stade, ni le vécu, ni l’environnement familial ne peuvent conditionner la réaction du bébé. Des études ont ainsi attribué un facteur génétique à la timidité, même si les émotions vécues par la mère durant la grossesse ne sont sûrement pas sans impact sur la manière de percevoir la vie et les autres. Plus tard, l’enfant appréhende le monde à travers ce qu’il voit, ce qu’il ressent, et il fonctionne par mimétisme. La timidité peut naître du fait d’avoir été élevé par des parents inquiets, qui paniquent à l’idée d’accueillir des gens chez eux, accordent trop d’importance à l’autre ou font comprendre à l’enfant que cet « autre » est hostile ou dangereux.
Une expérience traumatisante
Lapsus gênant lâché en public, tache douteuse sur le pantalon, de petits événements en apparence anodins sont parfois si mal vécus qu’ils se transforment en une expérience traumatisante. Soudain, le regard des autres est vécu comme poignant, menaçant, générateur de honte. Et la timidité s’installe.
Domestiquer corps et tête
De petits exercices peuvent aider à mieux gérer sa timidité. Pour être efficaces, ils doivent être pratiqués régulièrement.
Faire un travail de fond
→ Calmer l’anxiété physique. Apprendre à respirer permet de domestiquer son corps, d’apaiser durablement les symptômes. Méditation et cohérence cardiaque sont autant d’outils efficaces.
La cohérence cardiaque consiste à effectuer six respirations par minute, pendant cinq minutes. L’idée ? Synchroniser le rythme de la respiration et celui du cœur. Résultat, les branches sympathique et parasympathique du système nerveux autonome s’équilibrent. Le taux de cortisol diminue, le rythme cardiaque ralentit. Il suffit d’inspirer et d’expirer en suivant la boule qui monte et qui descend. À voir par exemple sur www.youtube.com/watch?v=dGJkzyKHKUE
L’apaisement se poursuit durant les heures qui suivent. Ainsi, réitérer l’opération trois fois par jour pérennise l’effet. Plus détendue, la gestion des émotions est alors plus facile.
La méditation permet de prendre de la hauteur sur ses émotions. Si la pratique est régulière, la détente, le bien-être et la distance par rapport aux événements s’installeront plus naturellement au quotidien. Merci à la plasticité cérébrale, qui crée de nouvelles connexions neuronales, à force de pratique répétée.
→ « Reprogrammer » son cerveau. Se sourire chaque matin devant le miroir. Se répéter « Je suis important », plusieurs fois par jour. Ces petits exercices pourront vous aider à vous décrisper, à chasser les pensées négatives et à prendre votre place face à l’autre. C’est le pouvoir de l’autosuggestion, appuyé par les recherches récentes en neuro-anatomie.
Pratiquer en officine
→ Apprendre à s’accepter. Pour réussir à mieux gérer sa timidité, la première étape est de l’accepter. Vous sentez le rouge monter aux joues ? Au lieu de vous recroqueviller, prenez les devants et désamorcez le processus mental en vous adressant au client : « Ouh là, je rougis là, non ? »
→ Faire évoluer son comportement. Notez ce que vous ne faites pas, et ce que vous feriez si vous n’étiez pas timide. Et lancezvous de petits défis : dire bonjour distinctement, en regardant le client dans les yeux et en souriant ; poser une question supplémentaire ; proposer un produit associé… À force d’entraînement, l’habitude s’installe, la peur s’atténue et la confiance en soi augmente. Vous gagnerez en assurance.
→ Professionnalisme et bienveillance. Vous séchez face à la question d’un patient ? Pas de panique ! Apprenez la bienveillance avec vous-même. Respectez-vous, respirez et dites-vous intérieurement : « Je ne peux pas connaître tous les produits par cœur »/« Je débute, j’ai encore des choses à apprendre ». Remplacez le « Je ne sais pas » par « Je vais me renseigner ». Et voyez en cette difficulté un moyen d’accroître vos connaissances. Notez la question dans un carnet, potassez en rentrant chez vous… Et n’hésitez pas à vous former régulièrement !
→ Gérer la difficulté. Devant un patient renfrogné, montrez-vous accueillant. Utilisez votre empathie, montrez que vous le comprenez : « Il y a beaucoup de monde aujourd’hui, je comprends que ce ne soit pas facile de patienter alors que vous êtes malade… »
Éviter les écueils
Pas de camouflage
Attention à ne pas dissimuler sa timidité derrière trop de froideur. Pensez à sourire… Mais sans excès. Se montrer « trop » avenant peut rebuter l’autre, s’il y décèle un manque d’authenticité. En éthologie, un tel comportement est signe de soumission et invite au manque de considération. Votre bonne intention serait finalement contre-productive.
Bannir l’évitement
Éviter un patient, abréger la conversation n’est pas professionnel et peut même s’avérer dangereux. De plus, le fait de ne pas se confronter à sa peur la renforce. Tel client se montre impatient et vous sentez votre cœur qui s’emballe ? Recentrez-vous, respirez, puis désamorcez en posant une question ouverte : « Vous fallait-il autre chose ? »…
Se faire aider quand c’est vraiment difficile
• Un certain nombre de personnes arrivent à vivre avec leur timidité, par exemple en limitant les contacts, ou au contraire en choisissant un métier de contact qui les habitue à se confronter à elle et, à force, à apprendre à mieux vivre avec. La timidité diminue parfois avec l’âge et l’expérience, ou se renforce. En cas de souffrance et de handicap dans la vie sociale, voir un psy est indiqué. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont efficaces. Des résultats considérables sont obtenus après quinze à vingt séances, soit en quelques mois. En cas de formes sévères, on constate une bonne amélioration après un à deux ans. Dans les formes graves, le psychiatre peut opter pour un antidépresseur.
Avec l’aimable collaboration de Patrick Légeron, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, fondateur du cabinet Stimulus (santé psychologique au travail) et co-auteur du livre La peur des autres aux Éditions Odile Jacob, et de Bruno Fortin, psychologue au Québec, spécialiste des stratégies d’adaptation.
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