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Fausse couche et vraies douleurs
Accueillir une femme qui a fait une fausse couche. Se tenir à l’écoute, observer, calquer ses mots sur son émotion en gardant une posture neutre est la bonne attitude avant de passer le relais.
Qu’est-ce que c’est ?
La grossesse s’arrête
→ La fausse couche est une interruption spontanée de grossesse(1) survenant au cours des cinq premiers mois, avant la 22e semaine d’aménorrhée, date de viabilité du fœtus.
→ Elle se manifeste par des saignements vaginaux irréguliers ou non, brunâtres ou rouges, légers ou abondants, une expulsion par le vagin de tissus brunâtres ou de caillots de sang, des douleurs diffuses et constantes dans le bas du dos ou à l’abdomen, ou des crampes pelviennes type douleurs de règles.
→ Une échographie abdomino-pelvienne confirme ou infirme une fausse couche, une grossesse arrêtée ou extra-utérine.
→ Le misoprostol est nécessaire si la grossesse est arrêtée mais que l’œuf n’a pas été rejeté naturellement, afin d’accentuer les contractions utérines, d’ouvrir le col et d’expulser des tissus intra-utérins.
→ Un traitement chirurgical, avec aspiration des tissus embryonnaires sous anesthésie générale ou locorégionale, est nécessaire en cas de refus ou d’échec du médicament, de saignements abondants ou de trouble de la coagulation.
Plusieurs cas de figure
→ Précoce ou tardive. Dans 90 à 95 % des cas, la fausse couche précoce survient avant la 14e semaine d’aménorrhée (premier trimestre) et la tardive, entre les 14e et 22e semaines d’aménorrhée.
→ Isolée ou répétée. La fausse couche isolée touche environ 15 % des grossesses et le risque croît avec l’âge : 12 % par cycle à 25 ans, 50 % à 42 ans. Elle est le plus souvent due à une anomalie de développement du fœtus. Les grossesses suivantes se déroulent en général sans difficultés. La fausse couche « à répétition » concerne la femme de moins de 40 ans qui présente au moins trois fausses couches spontanées consécutives avant 14 semaines d’aménorrhée, avec le même partenaire. Elle concerne 1,5 % des femmes. Les causes les plus fréquentes sont une anomalie utérine, des anomalies génétiques ou de la coagulation sanguine, des perturbations hormonales.
Cas d’urgence
→ La fausse couche hémorragique se manifeste par des saignements vaginaux abondants et des symptômes de choc : faiblesse, étourdissements, vertiges, confusion, fièvre soudaine, accélération du rythme cardiaque, nausées ou vomissements. C’est une urgence. Une aspiration endo-utérine est souvent nécessaire.
→ La grossesse extra-utérine désigne la situation où l’œuf fécondé se fixe en dehors de la cavité utérine, le plus souvent dans la trompe. Les symptômes sont proches de ceux d’une fausse couche mais le risque de rupture de la trompe présente un danger pour la mère et sa fertilité. En cas de douleurs abdominales sévères et persistantes pouvant irradier dans une épaule, suivies de petits saignements vaginaux et d’un état de faiblesse, consulter en urgence. À noter : un quart des femmes présentent des saignements sans douleur lors du premier trimestre de grossesse et poursuivent leur grossesse normalement.
Parfois un traumatisme
Le retentissement de la fausse couche au niveau émotionnel et psychologique est personnel et subjectif. Si l’on peut supposer qu’une fausse couche tardive est plus douloureuse, l’avancée dans la grossesse n’est pas le seul critère.
→ De façon générale, plus le bébé ou le projet parental a été investi, plus l’impact psychologique est fort. Le positionnement de la mère face à sa grossesse, sa volonté d’avoir un bébé, son histoire, sa sensibilité, son avancée dans l’âge, son ancienneté dans le projet parental et les échecs précédents pèsent lourd dans la balance.
→ Le retentissement psychologique est parfois inattendu pour les mères. En plus des chamboulements hormonaux, celles qui n’ont jamais été confrontées à un deuil ne sont pas forcément préparées à cette expérience et à ce qu’elle peut susciter en elles. Car c’est bien un deuil dont il s’agit : deuil d’un enfant, d’un projet, d’une nouvelle identité naissante – celle de maman – ou d’un nouveau stade dans sa vie de femme…
Adopter la bonne posture
Se conditionner
→ Bannir ses représentations de ce que vit la cliente, « Oh mon dieu, quelle horreur, la pauvre ! », « Une fausse couche ? Ça va, c’est courant et sans gravité… », ou au moins, tenter de s’en détacher vous aidera à adopter un ton et une position neutres. La femme ne doit pas avoir à gérer votre charge émotionnelle (tristesse, banalisation…) en plus de la sienne
→ Reformuler ce qu’exprime la personne permettra de calquer votre posture sur son émotion : « C’est une épreuve très difficile » « à celle qui retient ses larmes ou expose un mal-être émotionnel, « Les douleurs peuvent être très vives », à celle qui s’attarde sur sa souffrance physique…
À éviter
→ Esquiver le sujet, se montrer gêné, faire semblant de ne pas avoir entendu car on est mal à l’aise. Ce que les femmes vivent le plus mal, c’est de sentir qu’il y a un tabou. Elles ont besoin que leur souffrance soit entendue et reconnue.
→ Minimiser ou banaliser. Très fréquentes, les fausses couches sont souvent perçues par les professionnels de santé comme un événement habituel, sans gravité et sans incidence sur le « devenir parent ». Ainsi, leur réaction peut renvoyer l’image d’un événement anodin, jusqu’au terme employé, celui de « fausse » couche, qui dénote avec une grossesse qui a bien eu lieu, qui a souvent été investie, et avec la souffrance bien réelle de la perte. Les femmes concernées ont alors le sentiment que leur souffrance n’est pas légitime. Bannir les phrases du type : « Vous êtes jeune, vous en aurez un autre ».
La rassurer sur l’absence de gravité médicale ou sur sa capacité future à procréer – « C’est très fréquent », « Il n’y a aucune conséquence médicale » – se fera dans un second temps, quand l’émotion sera apaisée ou que la femme aura fait son deuil.
→ Dramatiser. « Oh ma pauvre, c’est tellement horrible ! », risquerait d’accroître la tristesse, voire le désespoir, d’accentuer le sentiment désagréable d’être victime, impuissante, voire de faire émerger des sentiments négatifs chez celle qui vivait relativement bien l’expérience jusque-là.
Répondre au besoin
Accueillir
→ Si la femme en parle à demi-mot, en passant, reformulez pour offrir une ouverture, reconnaître l’existence de l’épreuve et l’inviter à déposer son émotion si besoin : « Vous me dites que vous avez fait une fausse couche. Comment ça va ? Ce n’est pas trop difficile ? »
→ Si elle s’ouvre d’elle-même et dit « Ça va très mal, j’ai fait une fausse couche », c’est qu’elle a besoin qu’on accuse réception. Montrez-lui que vous avez entendu, tout en la questionnant sur son besoin : « Je comprends. De quoi avez-vous besoin aujourd’hui ? Souhaitez-vous en parler ? »
→ Si elle montre une grande émotion, en fondant en larmes par exemple, reformulez au plus près de ce qui est manifesté : « Je vois que c’est vraiment difficile pour vous ». Accueillez ses larmes en lui offrant un espace à l’abri des regards, votre présence ; libérez un temps d’écoute.
→ La cliente ne vous dit rien mais vous constatez qu’elle a fait une fausse couche à la lecture d’une ordonnance, ou parce qu’elle était enceinte de peu il y a quelques semaines et ne l’est plus. Posez une question ouverte sans être intrusif, ouvrez un espace : « Comment vous sentez-vous ? » « Écoutez, observez, et respectez. Si elle vous dit bien gérer la situation, si elle ne semble pas avoir envie de s’exprimer – pour certaines, cela relève de l’intime – et qu’elle n’a pas de douleurs physiques, n’insistez pas.
Rassurer
→ La cliente vous dit qu’elle perd pied ? Rassurez-la, ce sentiment finira par disparaître. « Vous avez perdu un espoir de vie/ un projet/un bébé. C’est l’une des épreuves les plus difficiles à vivre. Beaucoup de femmes ressentent cela. C’est un passage, cela fait partie du processus de deuil ».
→ Elle vous fait part d’une émotion très forte qui l’inquiète ? « Je n’ai plus goût à rien », « Je me sens tout le temps en colère », « Je me dégoûte ». Là encore, rassurez, c’est normal et passager. « Ce que vous vivez est très difficile et ce que vous éprouvez est légitime. De nombreuses autres femmes le ressentent également. Ce sentiment peut évoluer et se transformer mais il faut du temps ».
→ Si besoin, orientez : « Vous n’êtes pas seule. Il existe des accompagnements spécifiques, des lieux où vous pourrez être écoutée, soutenue, accompagnée dans ce processus de deuil » (voir encadré). Se renseigner sur le réseau associatif local qui pourrait assurer un relais.
Avec l’aimable collaboration de Christine Krautter, vice-présidente de l’association Agapa.
(1) Sur ameli.fr/assure/sante/urgence/pathologies/fausse-couche
Des accompagnements existent
→ L’association Agapa propose accueil, écoute et soutien aux personnes en souffrance après la mort d’un bébé autour de la naissance ou d’une grossesse non menée à terme avec : un entretien (gratuit, visio possible), des cafés-rencontres gratuits, des groupes de parole fixes d’entraide une fois par mois, avec participation selon les revenus, un parcours d’accompagnement avec une écoutante formée (vingt rencontres environ, 25 € la séance), pour aider à trouver les ressources pour avancer. Les officinaux peuvent contacter l’Agapa pour recevoir des plaquettes à remettre. L’association forme les professionnels à l’accueil des personnes en deuil périnatal. Et recherche des bénévoles !
Contact : association-agapa.fr, Tél. : 01 40 45 06 36, mail : contact@agapa.fr
→ Une psychothérapie peut être nécessaire, si la fausse couche a soulevé ou ravivé des difficultés plus profondes.
→ Des cercles de parole (Agapa, Spama, L’Enfant sans nom-parents endeuillés…) pour des échanges entre parents.
→ Des groupes Facebook tels que Grossesse/fausse couche/grossesse à risque/essai, fausse-couche, essai bébé, etc. proposent des échanges d’expériences.
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