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Eurartesim
L’arrivée d’Eurartesim en ville marque la mise à disposition d’un dérivé de l’artémisinine, antipaludéen recommandé par l’OMS. Cette molécule est associée à un dérivé de la chloroquine pour traiter le paludisme non compliqué dès l’âge de 6 mois. Un autre dérivé de l’artémisinine existe déjà en France : Riamet, spécialité disponible à l’hôpital.
Indication
Eurartesim constitue un traitement du paludisme non compliqué à Plasmodium falciparum. La spécialité est indiquée chez les adultes, les enfants et les nourrissons âgés de 6 mois ou plus et pesant 5 kg ou plus.
Mode d’action
Eurartesim renferme deux antipaludéens : la dihydroartémisinine et la pipéraquine.
• La première molécule est un dérivé de l’artémisinine ; elle a une demi-vie très courte. Elle provoque l’altération du système membranaire du parasite par l’intermédiaire de radicaux libres ; elle inhibe notamment le calcium-ATPase du réticulum de Plasmodium falciparum, interfère avec les protéines de transport, perturbe la fonction mitochondriale du parasite.
• La pipéraquine, analogue structurel proche de la chloroquine, agit en inhibant les transporteurs assurant l’exocytose de la molécule et la dégradation de l’hème dans les vacuoles digestives du parasite.
Posologies
• Eurartesim s’administre en une seule prise quotidienne, à heure fixe, à jeun, pendant trois jours. Les patients ne doivent pas manger dans les 3 heures suivant la prise ni avoir mangé dans les 3 heures précédant la prise.
• La posologie dépend du poids du patient : elle est de 1/2 comprimé lorsque le poids est compris entre 5 kg et moins de 7 kg (nourrisson), de 1 comprimé pour les poids allant de 7 kg à moins de 24 kg. Lorsque le poids varie entre 24 kg et moins de 36 kg, le patient prend 2 comprimés par prise. Entre 36 kg et moins de 75 kg, 3 comprimés par prise sont préconisés. Et pour un patient pesant entre 75 kg et moins de 100 kg, la posologie est de 4 comprimés par jour.
• Les comprimés sont sécables en deux demi-doses égales.
• Pour les enfants et les nourrissons, les comprimés peuvent être écrasés puis mélangés à de l’eau.
• La survenue de vomissements dans la demi-heure suivant la prise d’Eurartesim implique la reprise d’une dose entière. Une demi-dose est réadministrée lorsque ces vomissements surviennent dans la seconde demi-heure suivant la prise.
Contre-indications
• Du fait de son aptitude à allonger l’intervalle QT, Eurartesim ne doit pas être administré à des patients souffrant d’un syndrome du QT long congénital, d’antécédents d’arythmies cardiaques, de bradycardie, de déséquilibres électrolytiques (hypokaliémie, hypocalcémie, hypomagnésémie).
• Eurartesim n’est pas indiqué dans le traitement des formes sévères de paludisme.
Grossesse et allaitement
• L’administration d’Eurartesim à une femme enceinte n’est pas recommandée. Au vu des données chez l’animal, la prise au cours du premier trimestre de la grossesse est susceptible de provoquer des malformations graves.
• Allaiter n’est pas compatible avec ce traitement.
Effets indésirables
Ils ne sont pas graves et plutôt d’intensité légère. Des céphalées, des allongements de l’intervalle QTc, des anémies, des éosinophilies, une diminution de l’hémoglobine, de l’asthénie font partie des effets indésirables enregistrés chez moins de 5 % des patients. Chez les patients à risque d’arythmie, une surveillance par électrocardiogramme est préconisée pendant le traitement.
Interactions médicamenteuses
• Eurartesim ne doit pas être associé à d’autres médicaments connus pour allonger l’intervalle QT.
• La pipéraquine, métabolisée par le CYP3A4, inhibe également ce dernier. L’association d’Eurartesim à des médicaments à marge thérapeutique étroite doit donc se faire avec prudence. La pipéraquine peut également augmenter le métabolisme du paracétamol et, a contrario, diminuer le métabolisme de l’oméprazole.
• Les inhibiteurs du CYP3A4 dont les antirétroviraux peuvent entraîner une augmentation de la concentration de pipéraquine et augmenter le risque d’allongement du QT.
• Associer Eurartesim à des inducteurs enzymatiques (phénytoïne, carbamazépine, phénobarbital, rifampicine, millepertuis) n’est pas conseillé.
• Les comprimés ne doivent pas être avalés avec du jus de pamplemousse.
FICHE TECHNIQUE
Pipéraquine tétraphosphate 320 mg, dihydroartémisinine 40 mg pour un comprimé pelliculé oblong biconvexe blanc.
Boîte de 12 comprimés, liste I, non remboursé, PAHT : 44,57 €, PPI : 50 €, AMM : 217 519.8.
Sigma Tau 01 45 21 02 69
LE PALUDISME
→ Qu’est-ce que c’est ?
• Le paludisme est une parasitose transmise par les anophèles femelles. Ces moustiques piquent principalement entre le crépuscule et le petit matin. Quatre parasites sont retrouvés chez l’homme : Plasmodium falciparum, P. vivax, les deux Plasmodium les plus répandus, et P. malariæ et P. ovale. P. falciparum est responsable de la forme mortelle de paludisme.
• Le paludisme est l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières dans le monde : entre 537 000 et 907 000 décès sont dénombrés en 2010, la mortalité ayant diminué de 25 % par rapport à 2000.
• Il est présent dans les zones tropicales défavorisées d’Afrique (90 % des cas de paludisme recensés), d’Asie et d’Amérique latine. En France, le paludisme d’importation a concerné plus de 5 000 personnes en 2010.
→ Quels sont les symptômes ?
• La primo-invasion se manifeste par une fièvre associée ou non à des maux de tête, des frissons et des vomissements. Ces symptômes peu spécifiques apparaissent en général 8 à 30 jours après la piqûre de moustique. Un frottis sanguin voire une goutte épaisse permettent d’établir le diagnostic.
• S’il n’est pas traité dans les 24 heures, le paludisme à P. falciparum peut évoluer vers une affection sévère souvent mortelle. Par conséquent, toute fièvre chez un sujet revenant d’une zone endémique doit faire envisager un paludisme.
• Des symptômes typiques de fièvre associée à des tremblements avec sueurs froides et transpiration intense peuvent ensuite survenir de façon cyclique. Ces accès palustres sont liés à la multiplication des parasites dans le foie et à l’éclatement des hématies (également responsables d’une anémie).
→ Quelle est l’évolution ?
En l’absence de traitement, le paludisme peut entraîner rapidement le décès par des troubles circulatoires au niveau cérébral en raison du blocage des hématies infectées dans les vaisseaux sanguins (neuropaludisme).
Sylviane Le Craz
L’AVIS DE LA HAS
• Service médical rendu important.
• Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport à Riamet (hôpital).
• Population cible : moins de 4 600 cas par an en France métropolitaine.
Dites-le au patient
• Avaler les comprimés à jeun depuis au moins 3 heures. Ne rien manger dans les 3 heures suivant la prise.
• Les comprimés peuvent être écrasés et mélangés à de l’eau, notamment pour l’administration à des bébés et des jeunes enfants.
L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)
Dihydroartémisinine + pipéraquine : un duo efficace, parfois à risque cardiaque
Les deux principes actifs de ce nouvel antipaludéen se complètent : la pipéraquine tétraphosphate (PQP) prolonge l’action de la dihydroartémisinine (DHA) ou arténimol, un dérivé proche de l’artéméther (dans Riamet, associé à la luméfantrine ; à l’hôpital).
Deux études contrôlées de non-infériorité (phase III), ouvertes, réalisées en zone 3 de l’OMS (chloroquinorésistance et multirésistance à Plasmodium falciparum), sont versées au dossier de transparence.
La première compare l’association DHA/PQP à l’association artéméther/luméfantrine (Riamet) chez 1 553 enfants (6-59 mois inclus) africains. Le taux de guérison à J28 est de 95,7 % dans le groupe DHA/PQP versus 95,7 % dans le bras comparateur, ce qui permet de conclure à la non-infériorité du nouveau médicament, avec une observance du traitement de 100 % dans les deux groupes.
La seconde compare l’association DHA/PQP à l’association artésunate/méfloquine (non disponible en France) chez 1 150 patients asiatiques adultes. Le taux de guérison à J63 est de 98,7 % dans le groupe testé et de 97 % dans le bras comparateur.
L’association DHA/PQP a une action prophylactique secondaire temporaire : elle réduit de moitié le nombre de réinfections dans les deux mois suivant le traitement. Son profil de tolérance est identique à celui des antipaludéens comparateurs : le principal risque identifié est la cardiotoxicité (allongement du segment QT). L’insuffisance des données justifie la création d’un registre européen destiné à évaluer les répercussions du traitement sur le fœtus et sur la mère, lequel est tératogène chez l’animal.
Les données produites restent peu extrapolables au paludisme d’importation, différent du paludisme en zone endémique. Il est regrettable que l’Eurartesim n’ait pas été comparé à l’association atovaquone/proguanil (Malarone), indiquée en première intention en curatif en France, dont il constitue une alternative.
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