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Épisode 34 Gros mal de gorge pour Lola

Publié le 30 septembre 2017 | modifié le 2 février 2025
Par Anne Drouadaine
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Lola, 17 ans, est entrée en classe de première. Très fatiguée depuis plusieurs jours, elle souffre également de maux de gorge intenses. Angine, pharyngite ou autre infection, de quoi s’agit-il ?

Dimanche 24 septembre, le soir

– Valérie Martin à sa fille Lola : Ça ne va pas vraiment mieux on dirait !

– Lola Martin : Non, pas du tout. J’ai vraiment très mal à la gorge et j’ai des courbatures partout.

– On dirait que tu as encore de la fièvre. C’est une angine carabinée cette fois, ou la grippe ! Je vais appeler SOS Médecins. Tu n’iras sans doute pas au lycée demain.

Deux heures plus tard

Valérie Martin en refermant la porte : « Je n’ai plus qu’à trouver la pharmacie de garde. Heureusement, le médecin lui a prescrit des antibiotiques. Voyons, de l’amoxicilline à 1 g. Je me demande si je n’en ai pas encore un fond dans la boîte à pharmacie… Oui, c’est bon. Pour le reste, Thiovalone, ça attendra demain matin. Je demanderai aussi au pharmacien des pastilles au miel. »

Jeudi 28 septembre

A la pharmacie

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– M. Galien, pharmacien : Bonjour Madame Martin, bonjour Lola, ça va mieux ?

– Mme Martin : Eh bien, oui et non. Lola est toujours fatiguée, le mal de gorge est à peine passé et surtout…

– Lola : J’ai des boutons partout depuis ce midi et ça me démange.

– Ce n’est peut-être rien mais on voulait vous demander. Ça pourrait être une allergie à l’antibiotique ?

– Tu n’avais jamais eu d’allergie avec l’amoxicilline auparavant il me semble ?

– Non, je ne crois pas.

– Et depuis combien de temps es-tu fatiguée ?

– Cela fait une dizaine de jours qu’elle se plaint, mais j’ai mis ça sur le compte de la rentrée scolaire, la reprise des cours et les premières évaluations. Il lui faudrait peut-être une cure de vitamines ?

– Je pense qu’il vaudrait mieux revoir le médecin. Il pourrait s’agir d’une mononucléose. L’apparition d’une éruption cutanée avec l’amoxicilline, la fatigue qui perdure et l’angine, c’est vraiment typique. Le médecin pourra te réexaminer et demander une confirmation biologique.

– Ce n’est pas le docteur Dubois que nous avons vu, on était dimanche soir. J’espère qu’il pourra nous prendre rapidement.

– Mais, c’est grave la monomachin ?

– Non, c’est une maladie virale qui se transmet surtout par la salive. Le seul traitement est le repos et la prise d’antalgiques pour limiter les douleurs et la fièvre. Il faut arrêter le traitement antibiotique et surtout bien t’hydrater.

– Par la salive ?

– Oui, par des projections en cas de toux par exemple. Possiblement un de tes camarades.

– Elle peut nous la transmettre alors ? Ou à son frère Oscar ?

– Oui, c’est possible. Mais la grande majorité des adultes ont déjà été en contact avec le virus responsable. Pour environ 50 % des personnes, la transmission du virus a lieu dans l’enfance et ne donne pas de symptômes. Lorsque la primo-infection a lieu chez l’adolescent ou le jeune adulte, les manifestations cliniques sont d’ampleur variable.

– Ah ben chez moi, c’est l’effet max !

– Si c’est bien une mononucléose, il y aura quelques règles d’hygiène à appliquer durant les prochains mois, car même quand tu seras guérie, le virus restera présent en petite quantité dans la salive pendant plusieurs mois. Donc pas d’échange de couverts ou de verres, et encore moins de brosses à dents. Pas d’échanges de linge de toilette non plus et évite d’embrasser ton frère.

– Enfin une bonne nouvelle. Il arrêtera de me coller comme ça.

Samedi 30 septembre

– Lola au téléphone avec son amie Mathilde : le pharmacien avait raison, j’ai la mononucléose ! Tu te rends compte, la maladie du baiser !

– Mathilde :c’est Adrien qui te l’a filée ?

– Je ne sais pas, c’est peut-être ce garçon que j’ai rencontré pendant les vacances…

– Tu vas lui dire ?

– Je ne sais pas. Tu pourras me prendre les cours la semaine prochaine ? Le médecin m’a arrêtée toute la semaine. Il n’y a que le repos, le paracétamol et l’ibuprofène.

– Donc tu ne viendras pas au sport la semaine prochaine non plus ?

– Non sans doute pas pendant quelques temps, le médecin a parlé de 3 à 4 semaines de guérison. En plus, il m’a dit que j’avais une grosse rate à cause de la mono. C’est normal, ça va se résoudre, mais je dois faire attention à ne pas prendre de chocs dans le ventre, sinon elle peut se fissurer apparemment.

– Ah oui quand même, donc pas de reprise du judo tout de suite.

– Je ne pense pas, non.

Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : « Diagnostic, traitement et évolution de la mononucléose infectieuse » et « La mononucléose infectieuse : définition, contamination et symptômes », Ameli.fr ; « Adénopathies et asthénie », La Revue du praticien Médecine générale, tome 26, n° 877, mars 2012 ; « Lymphocytes inquiétants », La Revue du praticien Médecine générale, tome 24, n° 840, avril 2010.

• La mononucléose infectieuse due au virus Epstein-Barr de la famille des herpès virus se transmet essentiellement par contact direct entre personnes (baiser) et par la salive (toux productive avec projections, par exemple).

• Dans l’enfance, elle passe généralement inaperçue. Lorsque la contamination survient plus tard, dans l’adolescence ou au début de l’âge adulte, elle peut être symptomatique. La mononucléose peut aussi survenir à l’âge adulte. L’incubation dure 4 à 7 semaines et est asymptomatique, puis surviennent une fièvre modérée, des difficultés à l’effort, une fatigue intense, des douleurs musculaires, une angine douloureuse avec dysphagie (la gorge rouge est parfois recouverte de membranes). De nombreux ganglions gonflés et douloureux sont également présents au niveau du cou, et une augmentation de la taille de la rate est possible. Une éruption cutanée touchant le tronc, les cuisses et les bras peut survenir mais est rare. En revanche, elle est quasi-systématique lorsque le malade prend des antibiotiques dérivés de la pénicilline.

• Le sujet est très contagieux à la phase aiguë. De faibles quantités de virus peuvent perdurer dans la salive jusqu’à 6 mois après la contamination, imposant le respect de règles d’hygiène.

• Le traitement est symptomatique et associe le repos à des antalgiques et antipyrétiques (paracétamol, ibuprofène, kétoprofène), afin de limiter la fièvre et les douleurs. Une augmentation des apports liquidiens est nécessaire afin d’assurer une hydratation correcte. Des compléments vitaminiques peuvent être proposés.