En quoi l’utilisation d’une solution de nanoparticules pour refermer une plaie est-elle révolutionnaire ?

Jusqu’à présent, les chirurgiens n’avaient à leur disposition que deux solutions pour refermer une plaie : les colles, biologiques ou synthétiques, et les points de sutures. Dans un cas comme dans l’autre, il existe des inconvénients. Les colles à base de cyanoacrylate, instantanées et très efficaces, adhèrent à n’importe quel type de tissu, y compris la peau, mais bien souvent une surépaisseur se forme entre les bords à rapprocher, et la cicatrice se rigidifie. Ce n’est pas très esthétique. Pour les fils de suture, un chirurgien ou une personne ayant des compétences en chirurgie réparatrice doit être présente au moment de l’intervention. Il faut ensuite ôter les fils et cela demande du temps. Mais, avec ces deux techniques, il est surtout difficile de rapprocher deux bords d’un organe mou, tel que le foie. Avec Ludwik Leibler, du laboratoire Matière molle & Chimie du CNRS, nous avons eu l’idée d’étaler une solution de nanoparticules composée de silice ou d’oxyde de fer sur les surfaces à rapprocher, avant de les assembler. Un phénomène d’adsorption est apparu en quelques secondes. Des liaisons chimiques se forment entre les nanoparticules présentes sur les bords à rapprocher et une force d’adhésion se crée. On peut ainsi, grâce à cette nouvelle technique, contourner les inconvénients des colles et réparer des tissus mous comme le foie, le poumon ou la rate. On pourrait même envisager de l’utiliser pour fixer des dispositifs médicaux contenant des cellules ou des médicaments directement sur les organes. Imaginez la possibilité, grâce à cette technique, de réparer un cœur après un infarctus du myocarde. Ce serait une grande avancée.