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Emporter une trousse à pharmacie

Publié le 1 décembre 2001
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Lors d’un départ en voyage, il est indispensable d’emporter une trousse à pharmacie. Son contenu varie selon de nombreux paramètres.

Un contenu personnalisé

La trousse à pharmacie doit être adaptée :

-> Au voyageur : âge, sexe, antécédents et état physiologique actuel (grossesse par exemple), contre-indications éventuelles et interactions médicamenteuses en cas de traitement en cours.

-> A la destination : pays développé ou non, tropiques, altitude, froid ou chaleur extrêmes…

-> Au motif du voyage (tourisme, voyage d’affaires) : un épisode de turista fait partie des désagréments « acceptables » dans le premier cas, parfois intolérables dans le second.

-> Aux conditions générales du voyage : individuel, familial, groupe, sportif, isolement… La plupart des agences organisant des voyages sportifs en situation plus ou moins isolée fournissent une pharmacie de groupe assez complète, dont il est possible de connaître la composition avant le départ pour éventuellement la compléter.

-> A la durée : brève ou prolongée, elle peut influer à la fois sur les quantités à emporter mais aussi sur la composition. Par exemple, pour un séjour de moins de 8 jours en zone impaludée, si le risque est faible ou la prophylaxie difficile, l’abstention chimioprophylactique peut être un choix et il est inutile d’emporter un traitement de réserve. Mais dans ce cas, il faut particulièrement insister sur la prévention des piqûres de moustiques et la vigilance au retour.

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Il est inutile d’emporter du matériel ou des médicaments dont on ne sait pas se servir. Cependant, il peut être recommandé d’avoir, dans les pays à infrastructures sanitaires rudimentaires, un kit stérile à usage unique (seringue, aiguille, voire même une tubulure de perfusion) que l’on remettra au personnel soignant en cas de nécessité de traitement d’urgence sur place, pour éviter les risques de contamination infectieuse.

En dehors des pays développés, ne pas compter sur un approvisionnement local en médicaments : il y a beaucoup de produits de contrefaçon, sous-dosés, périmés, mal conservés, parfois toxiques. Il faut conseiller de ne jamais acheter de médicaments sur les marchés mais seulement en pharmacie. Il est souvent indispensable de connaître la DCI du médicament désiré, car les noms commerciaux peuvent varier d’un pays à l’autre.

Un contenant pratique et protecteur

Les voyageurs doivent en principe emporter les médicaments dans leurs boîtes afin d’éviter les confusions et les dégradations (les comprimés et les gélules sous blister s’échappent rapidement de leur emballage s’ils sont trop malmenés).

En pratique, pour des raisons de poids et d’encombrement, les routards et les voyageurs sportifs, qui portent tout sur leur dos, ne suivent pas cette recommandation. Deux choix sont alors possibles, soit une trousse souple, soit une boîte hermétique en matière plastique.

La trousse souple est moins encombrante et diminue de volume au fur et à mesure de l’utilisation de son contenu, mais nécessite plus de précautions pour tout ce qui peut fuir, casser ou être détérioré en cas de trop forte compression. Différentes marques en commercialisent, soit vides, soit contenant du matériel de soins.

Pour s’y retrouver facilement, on peut grouper les plaquettes de médicaments par indications dans des petits sachets en plastique transparent : douleurs, diarrhées, antibiotiques…

Il faut avoir une liste du contenu de la pharmacie, dont l’utilisation sera facilitée si on note en face de chaque nom de médicament ses indications, contre-indications et la posologie. Cela ne dispense pas, surtout pour les produits que l’on n’a pas l’habitude d’utiliser, d’emporter les notices qui peuvent apporter des précisions sur certaines précautions d’emploi ou risques d’effets indésirables. Attention, les notices de certains médicaments vendus uniquement sur ordonnance n’indiquent pas la posologie : dans ce cas, ne pas égarer l’ordonnance de prescription !

Pour les antalgiques forts, certains somnifères, seringues et aiguilles, qui peuvent poser problème au passage de frontière dans certains pays, toujours emporter la prescription médicale (dactylographiée et traduite en anglais).

Composition de la trousse à pharmacie

Liste maximale, à adapter à chaque voyageur.

– Matériel de soins et de prévention

-> Ciseaux, pince à épiler, épingles à nourrice, thermomètre.

-> Compresses, pansements, sparadrap, bande de gaze ou Velpeau pour maintenir un pansement important, Tulle gras, sutures adhésives.

– Antiseptique : compresses imprégnées (chlorhexidine ou Bétadine) ou petit flacon.

– Pour les randonneurs : pansement hydrocolloïde pour les ampoules, bande adhésive élastique ou rigide pour faire un strapping de cheville.

– Pour traiter l’eau de boisson : désinfectant chimique, filtre éventuellement.

– Protection solaire, sans oublier un stick labial.

– Contre les insectes en général et le paludisme en particulier : répulsif, moustiquaire imprégnée, diffuseur électrique éventuellement (sans oublier l’adaptateur de prise si nécessaire) ou serpentin si l’accès à l’électricité est aléatoire.

– Chaussettes de contention pour prévenir une thrombose veineuse profonde en cas de vol prolongé en avion, surtout sur terrain prédisposant.

– Préservatifs de bonne qualité.

– Médicaments

-> Antalgique, antipyrétique : aspirine ou paracétamol. Le paracétamol supporte mieux la chaleur et a moins de risques d’effets secondaires. Toujours préférer les formes qui s’avalent, se croquent ou les lyocs, plus pratiques en voyage que les formes à dissoudre.

-> Antispasmodique pour les douleurs viscérales.

-> Antiémétique.

-> Antidiarrhéique : antisécrétoire ou ralentisseur du transit (avec explications adaptées) pour les cas bénins, en association éventuellement avec un pansement intestinal.

Les fluoroquinolones sur prescription sont réservées pour les cas plus graves. (Attention ! Certains voyageurs possèdent encore de l’Intétrix qui ne doit plus être utilisé dans cette indication depuis plusieurs années : risque d’hépatite toxique.)

-> Antibiotique de réserve à large spectre selon le type de voyage, accompagné des explications adaptées et de l’ordonnance.

-> Chimioprophylaxie et/ou traitement de réserve du paludisme selon prescription spécialisée.

-> Collyre en monodoses contre la conjonctivite, des larmes artificielles (le sérum physiologique peut suffire).

-> Crème pour les coups de soleil ou les brûlures superficielles.

-> Pastilles à sucer contre les brûlures d’estomac pour les pays à nourriture épicée. (Attention aux anti-H2 et aux inhibiteurs de la pompe à protons qui peuvent favoriser la turista en diminuant fortement l’acidité gastrique !)

-> Pastilles à sucer contre les maux de gorge.

-> Antitussif pour la toux sèche. Eviter pour les séjours en altitude les produits contenant de la codéine, dépresseur respiratoire.

-> Somnifère léger.

* Pédiatre, attachée au CHU de Grenoble, accompagnatrice de voyages.

Adapter les présentations

– Préférer les comprimés et gélules aux sachets, plus lourds et plus encombrants.

– Eviter les flacons de sirop (lourds, fragiles…), les suppositoires, qui ne supportent pas la chaleur.

– Se méfier des flacons sous pression (collutoires, gouttes nasales…) qui se vident en altitude ou simplement lors du transport aérien.

– Attention aux écarts de température, qui peuvent dénaturer les produits !

Pour les sujets allergiques

Se munir de quelques médicaments de première urgence.

– Antihistaminique.

– Corticoïde injectable, à condition de savoir faire une injection intramusculaire.

– En cas de risque de choc anaphylactique (allergie au venin d’hyménoptères ou à certains aliments) : kit auto-injectable d’adrénaline (Anahelp ou Anakit). Leur durée de conservation est limitée s’ils ne peuvent être gardés au froid et à l’abri de la lumière, le virage au rose du produit signant son inactivation.