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Dangers de l’automédication : dans le domaine vétérinaire aussi…

Publié le 14 octobre 2023
Par Flore Demay
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Malgré les messages de sensibilisation diffusés auprès du grand public, des cas d’effets indésirables liés à l’administration à un animal, en automédication, de médicaments destinés à l’origine au propriétaire, continuent à être régulièrement rapportés.

Les mécanismes de l’intoxication

De nombreux cas d’intoxications médicamenteuses d’animaux faisant suite à l’administration volontaire de médicaments à usage humain sont déclarés chaque année aux centres antipoison vétérinaires. Ces intoxications sont souvent directement liées à un surdosage du médicament. En effet, les présentations à usage humain ne sont généralement pas adaptées au traitement d’un animal dont le poids est souvent bien inférieur à celui d’une personne, ce qui peut conduire à l’administration d’une dose toxique, voire létale.

En outre, la dose de médicament recommandée chez l’humain n’est pas toujours directement transposable chez l’animal (métabolismes possiblement différents).

L’intoxication est aussi parfois liée à une méconnaissance des effets secondaires de certaines substances, qui peuvent être variables en fonction de l’espèce traitée, mais également de la race, de l’âge ou du stade physiologique de l’animal.

Les principaux médicaments concernés

Les intoxications médicamenteuses le plus couramment rapportées sont associées à l’usage de paracétamol et d’anti-inflammatoire non stéroïdiens (AINS), qui sont administrés lorsqu’une fièvre ou une douleur sont détectées chez l’animal.

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La toxicité du paracétamol est liée à l’incapacité des animaux à métaboliser la molécule. En effet, ceux-ci ne possèdent pas (chat) ou en nombre insuffisant (chiens et nouveaux animaux de compagnie) les enzymes nécessaires à la dégradation du paracétamol. Le principe actif s’accumule donc dans le sang, conduisant à des effets indésirables, principalement hématologiques chez le chat et hépatiques chez le chien. Chez le chat, une dose même très faible (dose toxique : 50 mg/kg) peut conduire à la mort de l’animal.

Les intoxications liées à un surdosage d’AINS (ibuprofène, kétoprofène, aspirine, diclofénac, etc.) conduisent, quant à elles, à des signes digestifs, rénaux et neurologiques, pouvant aller jusqu’au coma et au décès de l’animal.

Quelques cas d’intoxication après l’administration d’anxiolytiques de la famille des benzodiazépines et d’antidépresseurs tricycliques, par des propriétaires souhaitant réduire l’anxiété de leur animal, ont également été rapportés.

Enfin, l’administration de lopéramide doit se faire avec la plus grande vigilance, en particulier chez les chiens de races colleys et apparentées (berger des Shetland, berger australien, border collie), où l’on trouve des individus avec une mutation génétique (MDR-1 ou ABCB1) les rendant inaptes à métaboliser cette substance.

     

A dire aux propriétaires

– Alerter sur les dangers de l’automédication des animaux.

– Les médicaments destinés aux êtres humains ne peuvent être administrés à un animal que dans le cadre d’une prescription par un vétérinaire.

– Déclarer auprès de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) tout effet indésirable chez l’animal à la suite de l’administration d’un médicament vétérinaire ou destiné à l’être humain : pharmacovigilance-anmv.anses.fr.

  • * Département inspection, surveillance du marché et pharmacovigilance de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail-Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV).