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Conseils aux patients

Publié le 22 août 2009
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Repérer les consommations à risque

– L’OMS a défini des seuils au-delà desquels il existe un risque de dépendance ou d’accoutumance : consommation régulière de 2 verres par jour chez la femme, 3 verres par jour chez l’homme, ou consommation occasionnelle de 4 verres ou plus de temps en temps. Lorsque ces limites sont dépassées, il faut mettre en garde et encourager à réduire la consommation.

– Par ailleurs, il existe des situations à risque au cours desquelles l’alcool est complètement prohibé : grossesse, allaitement, travail sur machine, conduite automobile…

Encourager le dialogue

– Lors de la prise de conscience d’une dépendance à l’alcool, encourager le patient à en parler à son médecin ou lui conseiller de prendre rendez-vous d’emblée avec un médecin alcoologue.

– Prévenir les proches de la décision d’arrêter la consommation d’alcool afin de bénéficier de leur soutien.

– Sauf contexte dépressif, il peut être envisageable d’arrêter simultanément le tabac : on peut associer une substitution nicotinique à un sevrage classique de l’alcool. Il est préférable toutefois de demander l’avis du médecin.

– Expliquer que tout professionnel de santé, médecin ou pharmacien, est tenu au secret professionnel. Le patient peut parler sans crainte.

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L’étape du sevrage

– La consommation d’alcool doit être stoppée dès le premier jour du sevrage et de manière définitive.

– Les médicaments ont pour but d’éviter les réactions de l’organisme consécutives à l’arrêt brutal d’alcool.

Un arrêt de travail est souvent prescrit pour faciliter cette étape.

– Le patient et l’entourage doivent connaître les signes d’alerte (sueurs, désorientations, confusion, mouvements anormaux…). En cas d’intolérance au traitement ou devant l’apparition de ces signes, contacter aussitôt l’alcoologue ou le médecin traitant afin que le patient soit rassuré et pris en charge.

– Des insomnies et des cauchemars sont également fréquents durant cette période.

– Penser à s’hydrater suffisamment : au moins 2 litres par jour.

Maintien de l’abstinence

Changer ses habitudes

– Anticiper les heures durant lesquelles l’envie de boire de l’alcool était la plus fréquente : prévoir des activités qui vont écarter l’envie de boire (lire un livre, regarder un film, marcher dans la nature…).

Si l’envie de boire est trop importante en restant seul, intégrer un groupe d’activités : échecs, jeux de cartes, groupes de randonnées…

– Eviter de se retrouver avec ses anciens amis buveurs qui n’ont pas fait le choix de s’arrêter de boire. Favoriser les fréquentations d’amis ou des membres de la famille qui sont prêts à encourager la démarche et à prodiguer des encouragements.

– Prendre soin de soi et se faire plaisir.

– Attention aux boissons dites « sans alcool » type boisson anisée, ou succédané de bière : elles peuvent contenir jusqu’à près de 1 % d’alcool et peuvent favoriser une reprise de l’alcoolisation ! Privilégier l’eau tout d’abord, mais aussi les tisanes ou les jus de fruits. Eviter les sodas caféinés, le thé ou le café.

– De nombreux médicaments contiennent de l’alcool (sirops, gouttes buvables, ampoules, bains de bouche) : demander au médecin ou au pharmacien de vérifier systématiquement la composition de ces formes pour ne pas être de nouveau exposé à l’alcool.

– Gare aux odeurs alcoolisées comme les parfums, les after-shave, certains antiseptiques, qui peuvent réveiller des souvenirs.

Moyens médicamenteux

– Préciser qu’il n’y a pas de traitement miracle mais que certains médicaments peuvent aider le patient en complément de l’approche psychosociale.

– L’acamprosate (Aotal) peut être pris dès le premier jour du sevrage. Prévenir que les effets indésirables (diarrhée notamment) sont généralement passagers et disparaissent en quelques jours sans traitement médicamenteux correcteur.

– La naltrexone (Revia) est débutée après le sevrage. Une posologie progressive en début de traitement (1/2 cp/jour) pourrait diminuer la fréquence des nausées.

Toujours signaler le traitement par Revia aux médecins, dentistes ou pharmaciens afin d’éviter des interactions avec certains médicaments contre la douleur (dérivés morphiniques).

Contacter les associations

– Les associations permettent de ne pas se sentir isolé, de s’identifier à d’autres participants. Elles offrent un soutien important aux patients, les aident à construire un projet.

– Lors d’une première prise de contact, se faire accompagner éventuellement par un ami ou par un membre de sa famille pour faciliter la démarche.

En cas de rechute

– Ne pas avoir une attitude culpabilisante et ne pas décourager le patient.

– Si l’abstinence a été supérieure à un mois, généralement un nouveau sevrage ambulatoire est entrepris.

Si l’abstinence a été inférieure à un mois ou au-delà de deux tentatives infructueuses, mieux vaut faire appel à un alcoologue.