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Comment résister à la pandémie
La sévérité du virus A(H1N1) est modérée mais on craint sa recombinaison à l’automne avec le virus H5N1 de la grippe aviaire, devenant alors très pathogène. Pour être prêt à toute éventualité, voici les cinq questions auxquelles vous devez savoir répondre.
Quel vaccin ?
« Le vaccin saisonnier est déjà produit, même s’il n’est pas encore mis en ampoule. Si les gens nés avant 1957 sont bien protégés contre le H1N1, comme cela semble être le cas, il suffira qu’on leur administre un vaccin saisonnier. Mais même s’il ne faut vacciner que la population jeune naïve, cela fait un milliard de personnes ! », constate le Dr Jean-Marie Cohen, coordinateur national des groupes régionaux d’observation de la grippe et consultant Open Rome. Tous les industriels sont donc sur le pont pour produire en masse, avec des stratégies et des voies de recherche très différentes (cultures sur oeufs embryonnés, cultures cellulaires, vaccins à ADN, synthétiques…).
« Le gouvernement français est en discussion avec quatre fabricants pour pouvoir se doter du nombre de doses suffisantes : GSK, Sanofi, Novartis et Baxter. Ils ont fait des offres », précise Sophie Delaporte, directrice générale adjointe de la Direction générale de la santé. « Oui, mais pas de précipitation ! », recommande de son côté Jean-Marie Cohen. En 1976, une épidémie de grippe porcine à Fort Dix, aux Etats-Unis, responsable de deux morts chez des militaires, avait entraîné la vaccination systématique de toute la population. Et, dans la foulée, 500 syndromes neurologiques de Guillain-Barré dont 30 décès. Difficile de savoir si l’adjuvant ou le vaccin lui-même était en cause.
Le principe de l’adjuvantation des vaccins fait d’ailleurs encore débat. « Les adjuvants peuvent être un atout formidable en diminuant la dose de vaccin nécessaire et en permettant la vaccination de deux fois ou quatre fois plus de patients. Ils ont fait la preuve de leur efficacité en boostant l’immunité des personnes âgées. Le problème, ce sont les enfants. Est-ce qu’on ne risque pas de trop booster leur immunité ? Il faudra faire des études pédiatriques, par classes d’âge », ajoute Jean-Marie Cohen.
Qui vacciner ?
L’épidémie touche en priorité les enfants et les adultes jeunes, avec un âge médian de 30 ans. Si 33 % des plus de 60 ans semblent avoir une immunité résiduelle du fait de la réactivité croisée entre souches H1N1 et A(H1N1) nouveau (infections préalables ou vaccinations antérieures), les enfants de moins de 10 ans n’ont aucune immunité contre ce nouveau virus. L’idée est néanmoins, dans les pays riches, de vacciner l’ensemble de la population, au début de la saison prochaine.
« Il y a encore beaucoup d’inconnues pour décider d’une stratégie vaccinale : le virus, les populations les plus vulnérables, le calendrier de livraison des doses par les industriels, le délai d’obtention de l’AMM pour ces vaccins », a indiqué Roselyne Bachelot, ministre de la Santé.
Comment ?
Pour la vaccination contre la grippe saisonnière, l’immunité croisée fait qu’une seule dose suffit. En revanche, pour la grippe pandémique, il semble que deux injections soient nécessaires. « Les industriels sont rassurants sur leur capacité de production. Nous ferons des réservations qui permettront, si les experts sanitaires nous font cette recommandation, la vaccination de la totalité de la population. Je mets de côté bien entendu les questions d’AMM pour les jeunes enfants, qui sont un autre point technique à régler. Vacciner toute la population suppose deux doses, sur 65 millions d’habitants », poursuivait Roselyne Bachelot.
Quel traitement ?
La grippe diffère peu d’une grippe classique : incubation courte, au maximum de 7 jours, contagieuse dès la veille du début des symptômes. Elle est jusque-là relativement bénigne (attention chez les femmes enceintes !). Elle est pour l’instant sensible aux inhibiteurs de la neuraminidase, du moins in vitro. La France, qui a le plus gros stock de Tamiflu, a de quoi faire face aux traitements curatifs. L’Agence européenne du médicament a publié courant mai une autorisation à utiliser Tamiflu et Relenza chez l’enfant de moins d’un an et chez la femme enceinte et allaitante.
Quel avenir ?
« Même avec ce virus peu pathogène, on doit s’attendre à l’apparition de flambées épidémiques dans tous les pays, analyse Jean-Marie Cohen. Au cours des trimestres à venir, il est possible que 10 à 20 millions de Français soient infectés par le virus. Ce qui risque de paralyser l’économie. Les mesures barrières visent à ralentir sa propagation pour étaler dans le temps la vague pandémique. »
On s’active en coulisse
Jeudi 11 juin, l’OMS déclarait l’état de pandémie mondiale, relevant son seuil d’alerte au niveau 6. Le lendemain, les autorités françaises décidaient de maintenir le niveau d’alerte 5a sur le territoire national, estimant que la dangerosité encore modérée du virus ne justifiait pas des mesures de plus grande ampleur.
A l’heure où nous imprimons, la France décompte 106 cas, dont 87 sont importés, 12 n’ont pas voyagé mais sont liés à des cas importés et 7 n’ont pas voyagé et font partie d’un épisode de cas groupés près de Toulouse. Malgré l’émergence de ce premier foyer autonome et une épidémie qui ne cesse de s’étendre depuis l’alerte lancée au mois d’avril, nos autorités ne semblent pas vouloir changer leur fusil d’épaule et poursuivent leur stratégie de contingentement. Toutefois, en coulisses, l’automne fait craindre le pire. Ainsi, les quelque 23 000 officines de France ont reçu un questionnaire de l’ordre des pharmaciens leur demandant de choisir, parmi les 8 plus importants répartiteurs, celui qui leur fournira les produits nécessaires en cas d’alerte. Chaque répartiteur affectera ensuite les pharmaciens à une agence donnée pour une meilleure rationalisation des stocks. Et si la phase 6 venait à être déclarée, chaque officine recevra en premier lieu 10 « traitements de base », une sorte de kit pour adulte comprenant 12 gélules de 75 mg d’oseltamivir et une boîte de 50 masques. Les centres hospitaliers susceptibles d’accueillir les personnes contaminées sont quant à eux recensés afin de les doter de masques et d’antiviraux. L’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), chargé de mettre en place un corps de réserve sanitaire et de gérer les stocks et la logistique d’approvisionnement des produits pharmaceutiques en cas de menace sanitaire grave, accélère sa campagne de recrutement de 5 000 volontaires. Un site destiné exclusivement aux professionnels pourrait voir le jour cet été. Enfin, la DGS s’attelle à la logistique d’une éventuelle campagne de vaccination.
A.-L. M
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