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Bien border son projet

Publié le 30 octobre 2014
Par Francois Pouzaud
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Un projet d’investissement ne se prépare pas à la légère. Mal ficelé, il peut aller à l’encontre des objectifs recherchés. Philippe Becker, responsable du département pharmacie de Fiducial Expertise, vous donne la marche à suivre.

Un investissement doit répondre à un objectif précis et avoir une utilité professionnelle : amélioration du confort de travail, de la productivité, augmentation du CA… « L’investissement est dans l’ordre des choses et il est indispensable si l’on souhaite maintenir son outil de travail à un bon niveau d’efficacité économique, souligne Philippe Becker. Il doit être réfléchi, planifié, avec une vision à moyen et long terme. Le moyen terme, c’est la compétitivité et la productivité dans le cadre d’un exercice professionnel sécurisé. Le long terme correspond à la sortie (la revente) : comment faire pour que ma pharmacie soit plus attractive que celle d’à côté ? »

Les questions à se poser

Philippe Becker rappelle aussi la première règle d’or en période incertaine : « N’investir qu’à la double condition d’un montant raisonnable par rapport à la capacité de remboursement de la pharmacie et d’une logique qui fasse ressortir les avantages de l’investissement. Ce dernier doit générer sa propre rentabilité interne ! » Le bon sens veut en effet que le revenu supplémentaire généré par l’investissement permette le remboursement du financement ou la rémunération de l’apport.

Ensuite, le pharmacien investisseur doit se positionner sur une logique stratégique : que veux-je faire de ma pharmacie à 5/7 ans ? Quelle sera ma clientèle à ces échéances ? Quelles seront les activités porteuses dans les prochaines années ? Etc.

Une fois l’investissement choisi en fonction de la stratégie, le pharmacien doit encore répondre à d’autres questions : comment cet investissement va améliorer durablement ma compétitivité au sens large, mes avantages par rapport à la concurrence proche ou ma productivité ? « Lorsque la réponse est incertaine, il ne doit pas investir même s’il peut y trouver un intérêt fiscal à court terme. »

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Le budget à prévoir

Il s’agit de bien budgéter les travaux au regard des contraintes techniques. « Il faut prendre garde aux coûts des travaux annexes et de maintenance, aux coûts cachés, par exemple liés à la fermeture temporaire de l’officine, vérifier que le bailleur a bien donné son accord mais aussi la solidité des entreprises qui interviennent sur le chantier », recommande-t-il. Enfin, il faut savoir sous quel délai la TVA sera récupérable, car dans l’intervalle le pharmacien devra peut-être prendre un crédit de campagne.

Le plan de financement doit être bien étudié. « Il est très fréquent de restructurer le crédit en cours sur la pharmacie en y intégrant le montant du nouvel l’investissement, ce qui permet de fluidifier la trésorerie », signale-t-il. Mais contrairement aux idées reçues, plus l’investissement est élevé, moins il pose de problème à la banque. « La banque regarde avant tout la cohérence du projet, en même temps qu’elle finance des travaux, elle regarde si la pharmacie n’a pas d’autres besoins de financement pour faire face à l’augmentation du stock, au développement d’une nouvelle activité… elle préfère de loin accorder un financement qu’un découvert ! »

Enfin, le mode de financement de l’investissement a son importance. L’incidence n’est pas la même entre un investissement financé par un crédit classique et qui s’amortit et un autre financé en crédit-bail ou en location financière qui se traduit par une charge d’exploitation.