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Vive la démocratie !

Publié le 1 avril 2006
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Cinq ans après leurs débuts, on voit apparaître des systèmes d’automatisation – partielle – à prix abordable des petites et moyennes officines. Grâce notamment à l’« access module » et aux combinés.

Nous ne sommes plus à l’époque où seuls les pharmaciens téméraires ou visionnaires, mais surtout titulaires de grosses pharmacies, s’automatisaient. Les pharmacies de moins de 1 MEuro(s) commencent à pouvoir y accéder. Et c’est tant mieux car les officinaux sont à la recherche de nouvelles formes de rentabilité. Selon Philippe Lévy, consultant chez Néo Pharma, les défauts d’organisation logistique en back-office au sein d’une officine généreraient une perte annuelle de CA pouvant aller jusqu’à 25 %.

Un léger ralentissement des installations.

En 2005, le nombre de pharmacies qui ont choisi de s’automatiser a augmenté de 23 % contre 30 % en 2004. Vincent Deltour, de Meditech, attribue ce ralentissement à une certaine frilosité des pharmaciens en termes d’investissement face aux incertitudes pesant sur la profession. Par ailleurs, les propositions des différents fabricants sont encore chères : entre 130 000 et 250 000 Euro(s) selon le degré d’automatisation et les équipements choisis (le transport par pneumatique et les robots rangeurs majorent considérablement les prix).

Selon Philippe Lévy, « actuellement le marché se positionne aux alentours de 110 000 Euro(s) en moyenne, ce qui va en faciliter l’accessibilité. Ceci en raison notamment de la rivalité entre les concurrents qui se traduit par des baisses de prix qui peuvent être parfois conséquentes ». Mais les baisses de prix ont, semble-t-il, atteint leur limite du fait même de la haute technologie des produits, et cette situation pourrait induire un contrecoup non négligeable chez certains prestataires sur les coûts de maintenance et de service après-vente.

« Le ralentissement observé en 2005 s’explique aussi par le manque d’adaptabilité des machines proposées à tous les environnements, poursuit Philippe Lévy, et, ne le nions pas, par des discours de dénigrement de la concurrence qui peuvent s’avérer pénalisants en termes d’image pour le développement du marché, générant une certaine confusion dans l’esprit du pharmacien. »

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La révolution « access module ».

Le grand bouleversement des deux années à venir sera certainement l’avènement de l’« access module », qui permettra une démocratisation de l’automatisation. Il s’agit d’une machine compacte apte à gérer les plus fortes rotations et offrant une bonne vitesse de délivrance. Sa vocation sera de remplacer les colonnes-tiroirs pour sécuriser le stock, gérer en flux tendus, diminuer la fatigue liée aux déplacements, rationaliser la logistique, gérer les difficultés de recrutement et, bien sûr, améliorer le service de proximité au client.

« Les officinaux ont tous le même souci : améliorer le service clients, stocker un nombre quasi identique de références, s’organiser, recruter… L’automatisation partielle (80 % des sorties) à prix abordable (70 000 Euro(s)) est une solution d’avenir. Le marché de l’access module est donc large et ouvert et les fabricants vont faire évoluer leurs offres dans ce sens. Le Movetec 280 de Tecnilab, l’Ilot de distribution de Pharmax et l’Automax d’ARX vont déjà dans ce sens », indique Philippe Lévy.

« La modularité des systèmes d’automatisation devient aussi un élément fondamental du choix, poursuit Philippe Nicot, de Tecnilab. L’objectif est de pouvoir investir dans un outil adapté à chaque officine, tout en étant capable d’évoluer avec la pharmacie. Le système d’automatisation doit pouvoir « grandir » selon le désir du titulaire et être capable de coller à l’augmentation de l’activité. »

Les combinés décrochent des parts de marché.

Aux côtés de l’access module se développe le marché des combinés. Ils sont proposés par la quasi-totalité des acteurs du marché, ou en voie de l’être. Ces solutions mixtes alliant automate et robot permettent une délivrance rapide des fortes rotations et une automatisation totale avec un maximum de compacité. C’est sur ce nouveau segment que se situent le Max Concept d’ARX (combiné du Rowa et d’une nouvelle version de l’Anatole), lancé en 2005, le Dreamtek de Tecnilab (seul combiné véritablement intégré qui ne soit pas la juxtaposition de deux machines), lancé début 2006, et le combiné Westfalia-Apotéka actuellement installé dans une officine pilote à Paris et qui sera commercialisé vraisemblablement cette année.

L’avenir de ce marché ? Il se situera peut-être là où on ne l’attend pas, c’est-à-dire dans une intégration de ce nouvel outil de gestion à la chaîne logistique officinale, avec, qui sait, un apport de capital inattendu des répartiteurs – qui s’intéressent de très près à l’automatisation – et des groupements.

Un choix restreint de prestataires

Après avoir compté jusqu’à dix fabricants en 2003-2004, le marché compte aujourd’hui quatre acteurs principaux : Apotéka, Tecnilab, ARX (qui a absorbé en 2005 l’automate Anatole de CRAI) et Westfalia. Plus petits mais tout de même solides : Pharmax et Meditech (surtout implanté dans le nord). Tecny Farma et son automate Pharmatrack n’équipe que quelques pharmacies en France. L’automate Robotek (ex-Ariana), après un premier échec chez Fahrenberger Technologies, ne semble guère plus chanceux après sa récupération par Joël Azoulay puisque la société est aujourd’hui en liquidation. Consis SAS, filiale de l’Allemand Willach, a disparu (une réimplantation est envisagée dans le Nord).