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TRAUMATOLOGIE DU SPORTIF

Publié le 6 avril 2002
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La place du pharmacien dans l’environnement du sportif est appelée à croître. L’effet Coupe du monde, les 35 heures, la quête croissante de forme et de vitalité participent à l’augmentation des activités physiques et sportives. Le pharmacien se retrouve aux premières loges pour apporter solutions et conseils, ou pour effectuer les premiers gestes en cas de petite traumatologie.

Les pathologies musculaires

La fibre musculaire peut souffrir de contracture ou au contraire d’élongation ou de rupture. Dans le premier cas, l’utilisation de la chaleur est bénéfique, alors que le froid permet d’améliorer les lésions d’élongation.

La contracture musculaire

Elle correspond à une contraction douloureuse, involontaire et durable d’un certain nombre de fibres musculaires au sein d’un même muscle.

Les symptômes

La douleur, très localisée, apparaît de façon progressive lors d’une activité intense. Une induration locale est ressentie à la palpation. L’étirement passif amplifie la douleur.

La contracture peut être due à un surmenage important du muscle ou secondaire à un mouvement ou une position inhabituelle : lumbago, torticolis, bascule du bassin.

Les soins

La contracture se soigne par la chaleur, qui provoque un relâchement musculaire, et par des pommades décontracturantes (Décontractyl, Algipan, Kamol…). Un emplâtre chauffant (Capsic, Elastocapsil…) peut être appliqué deux fois par jour pendant deux jours. Au bout de 48 heures, la reprise de l’activité est progressive. Une consultation médicale est nécessaire si la douleur persiste au-delà de 3 jours. Lorsque la contracture est levée, c’est-à-dire après disparition de la douleur après sollicitation du muscle (au bout de 5 à 7 jours), le sportif peut reprendre l’entraînement progressivement en effectuant des joggings de 20 minutes tous les 2 jours pendant une semaine.

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Les lésions des fibres musculaires

Suivant le nombre de fibres musculaires mises en cause, on parle d’élongation, de claquage ou de déchirure musculaire.

L’élongation

Elle représente l’atteinte d’un nombre restreint de fibres musculaires. La douleur est le plus souvent brutale mais n’impose pas l’arrêt immédiat de toute activité (sauf les sports de vitesse). On ne retrouve pas toujours de point douloureux. La contraction du muscle est légèrement douloureuse, l’étirement passif l’est davantage.

Le claquage

Le nombre de fibres musculaires atteintes est plus important. Il y a formation d’un hématome intramusculaire localisé. Le début est brutal (la douleur survient en « coup de poignard ») et le sportif peut ressentir un craquement ou un claquement. L’arrêt du sport est immédiat et la mobilisation impossible. Un gonflement du muscle est rapidement visible, tandis qu’une ecchymose peut très bien n’apparaître qu’après quelques jours, selon la profondeur de l’atteinte.

La déchirure musculaire

Déchirure, rupture ou désinsertion musculaire complète correspondent au stade le plus grave. La symptomatologie est la même que pour le claquage mais plus marquée. L’ecchymose est plus précoce et le gonflement plus important.

Conduite d’urgence

Sur le plan thérapeutique, la conduite d’urgence est la même, qu’il s’agisse d’une élongation, d’un claquage, d’une déchirure ou rupture : arrêt du sport, application immédiate d’un bandage serré autour du muscle pendant 10 minutes pour éviter la propagation de l’hématome, puis relâchement du bandage et application de glace ou d’un produit de cryothérapie pendant 20 minutes.

Le patient doit se déplacer pendant 48 à 72 heures avec des cannes anglaises, qui peuvent donc être proposées dès l’accident sportif, dans l’attente de la consultation, en cas d’atteinte de la jambe.

Les jours suivants, l’alternance 3 ou 4 fois par jour entre bandage compressif (au moyen d’une bande type Velpeau) et application de froid permet de limiter l’oedème. La pose de cataplasmes d’alumine durant la nuit complète le traitement grâce à son effet anti-inflammatoire. L’application d’Hémoclar ou de crèmes à l’arnica (Arnican, Arnicadol, Arnicagel…), le recours à l’homéopathie (3 granules d’Arnica 7 CH 3 à 4 fois par jour) et la prise d’antalgiques peuvent également être envisagés.

La reprise du sport ne doit pas intervenir avant 3 semaines pour une élongation, 6 à 8 semaines pour un claquage et 8 à 12 semaines pour une déchirure. Une opération chirurgicale réparatrice est parfois nécessaire. Un strapping mis en place par un médecin ou un kinésithérapeute aide le sportif à reprendre plus rapidement ses activités.

Les entorses

L’entorse correspond à une atteinte d’un ligament articulaire, qui peut aller du simple étirement à la rupture totale.

L’entorse de la cheville

C’est l’entorse la plus courante survenant au cours d’une activité sportive.

La foulure

La foulure ou entorse bénigne correspond à un simple étirement ligamentaire. La douleur initiale disparaît rapidement, pour réapparaître quelques heures après sous forme d’une tension douloureuse. Le gonflement survient dans l’heure, il n’y a pas d’ecchymose.

L’entorse moyenne et grave

Pour évaluer la gravité de l’entorse, il ne faut pas se fier au degré d’impotence fonctionnelle. La gêne à la marche peut être modérée dans certaines entorses graves et importante dans certaines entorses bénignes.

-> Si le gonflement de la cheville est rapide (en quelques minutes) et si le bleu apparaît 24 heures environ après le traumatisme, il s’agit d’une entorse moyenne.

-> L’entorse grave se distingue de la précédente par l’absence de reprise de la douleur (quand la rupture ligamentaire est totale) et par la perception d’un craquement ou d’une sensation de déchirure.

Les premiers soins

Les premiers gestes ont pour but de créer un effet anti-inflammatoire, anti-oedémateux et analgésique. On a donc recours successivement ou simultanément au froid (effet vasoconstricteur, anti-oedémateux, anti-inflammatoire et analgésique), à la mise au repos en surélevant le membre atteint et à la compression qui limitent l’oedème. Ces quatre gestes sont regroupés sous le nom de « protocole GREC » : « glace, repos, élévation, compression », que l’on peut associer à un antalgique ou un AINS (paracétamol, aspirine, ibuprofène).

-> Quelle que soit la gravité de l’entorse, ce protocole GREC peut être appliqué dans l’immédiat. Les bons gestes effectués dès les premiers moments permettent d’éviter les complications et de raccourcir la période d’immobilisation.

-> Dans les entorses moyennes et graves, la consultation médicale est indispensable pour établir un bilan lésionnel précis et éviter le risque de survenue d’une instabilité par laxité chronique.

-> Dans le cas d’une simple foulure, conseiller la mise au repos de l’articulation avec refroidissement de la zone douloureuse puis pose d’une bande de contention (cohésive ou adhésive élastique pour une contention plus importante) en remontant de l’avant-pied jusqu’en haut de la cheville, le pied en position fléchie à angle droit. La surélévation du membre blessé (au moins de 45°) permet de favoriser la résorption du gonflement. Il est conseillé de marcher avec des cannes anglaises en soulageant l’appui pendant 48 heures.

L’entorse du genou

Dans les entorses du genou, les lésions ligamentaires vont de la simple élongation ou de la déchirure minime (entorse bénigne) à la rupture totale ou à la désinsertion complète d’un ligament (entorse grave).

L’entorse interne

Les entorses du ligament latéral interne sont les plus fréquentes. Le genou est oedématisé, la douleur siège le long du trajet du ligament latéral interne. Il n’y a pas d’épanchement articulaire. Un mouvement de rotation externe déclenche une vive douleur. La perception d’un craquement lors du traumatisme doit faire penser à une entorse grave.

Les premiers soins

Le protocole GREC (associé à des antalgiques ou AINS) s’applique là encore. Dans les entorses bénignes, la contention du genou par un bandage sera de 15 jours. Les entorses graves nécessitent la pose d’une genouillère en plâtre ou en résine de synthèse pendant 6 semaines avec appui autorisé.

Les autres entorses

Moins fréquentes, elles sont en général dues à un sport bien particulier (golf, volley-ball…). La prise en charge doit intervenir le plus rapidement possible.

L’entorse acromioclaviculaire

En cas d’entorse acromioclaviculaire (pointe de l’épaule), appliquer de la glace, mettre le bras en écharpe jusqu’à la consultation d’un médecin.

L’entorse des doigts

Les plus fréquentes sont les entorses de l’annulaire et de l’auriculaire. Refroidir en massant doucement le doigt avec un glaçon, et immobiliser le doigt en syndactylie : mettre une compresse entre le doigt blessé et le doigt voisin, solidariser ces deux doigts au moyen d’un tour de bande adhésive. Conseiller la consultation d’un médecin.

L’entorse du poignet

Elle nécessite l’application de froid, l’immobilisation de l’articulation, et une consultation médicale en vue d’établir un diagnostic précis.

La reprise du sport

D’une manière générale, concernant la reprise du sport, compter 1 à 2 semaines d’abstention pour une entorse bénigne et 4 à 6 semaines pour une entorse moyenne. Pour une entorse grave, le délai dépendra du traitement orthopédique (plâtre) ou chirurgical (par exemple, pour une ligamentoplastie du genou, les délais de reprise sont de 6 à 8 mois en moyenne). Une reprise plus précoce est possible en fonction de la gravité et des consignes du médecin sous couvert d’une orthèse ou d’un strapping.

Trois questions Au Dr Philippe Chaduteau*

Service de traumatologie du sport à la clinique Claude-Bernard, Ermont (95)

Quels sont les traumatismes les plus fréquemment rencontrés chez les sportifs ?

L’entorse de la cheville reste la reine des pathologies traumatiques d’origine sportive avec 6 000 accidents par jour en France. Viennent ensuite les traumatismes du genou liés en particulier à la pratique de « sports à pivot » tels que les sports de combat et de raquette. En consultation, nous voyons de plus en plus de ruptures du ligament croisé antérieur du genou car les mouvements de rotation effectués se font aujourd’hui à vitesse accélérée chez des sportifs physiquement insuffisamment préparés. Le ski et les nouvelles glisses (snow-board et snow-skate) sont responsables de la recrudescence des pathologies du poignet.

Comment reconnaît-on une entorse grave de cheville et quels sont les premiers soins à y apporter ?

Les facteurs de gravité d’une entorse de la cheville sont la sensation de craquement, le gonflement rapide de l’articulation, l’apparition d’une ecchymose en moins de 24 heures, l’impossibilité de mettre pied à terre et la mauvaise nuit passée par le sujet juste après l’accident. Quelle que soit la gravité de l’entorse, les premiers soins à apporter restent les mêmes. En pratique, outre l’absence d’appui sur cette cheville, il faut appliquer immédiatement sur l’articulation de la glace pendant environ 15 minutes puis réaliser un pansement compressif éventuellement alcoolisé pendant une heure, à renouveler 4 fois par jour pendant 4 jours. Pour le soir, un cataplasme d’alumine peut être posé pour maintenir l’effet anti-oedémateux recherché. En limitant le gonflement, on facilite le diagnostic ultérieur porté par le médecin et on accélère la mise en route du traitement. En écourtant la période d’immobilisation, on réduit la fonte musculaire, la perte de mobilité articulaire et la sensation de perte d’équilibre éprouvée par le sportif qui devra, dans tous les cas, attendre 6 semaines pour obtenir la cicatrisation ligamentaire.

Quel rôle peut jouer le pharmacien en matière de prévention du dopage ?

Au travers d’une plainte de fatigue réitérée chez un sportif, le pharmacien doit suspecter un surentraînement et lui rappeler que le traitement le plus efficace reste une hygiène de vie équilibrée avec des périodes de repos, un programme d’entraînement de qualité et un suivi médical assuré par un médecin du sport. Le dopage concerne tous les sportifs, de l’amateur jusqu’au compétiteur de haut niveau. Le pharmacien doit identifier les patients sportifs au sein de sa clientèle, les informer sur les risques du dopage, les avertir sur les médicaments qui peuvent amener un dépistage positif lors d’une compétition, et prévenir les conduites à risque.

* Auteur de « Premiers soins du sportif » en collaboration avec Loïc Paris, éditions Anphora.

Les autres traumatismes

De la tête jusqu’aux pieds, le sportif est exposé à de multiples traumatismes. Revue de détail du bon conseil au bon moment !

Ampoule

Une simple ampoule peut parfois obliger à interrompre momentanément la pratique sportive.

Ampoule fermée

La présence d’une bulle peut considérablement gêner le sportif. Les médecins sportifs procèdent de la façon suivante : désinfecter la peau à l’aide de chlorhexidine ou d’alcool à 70°, percer l’ampoule (avec une aiguille flambée ou désinfectée à l’alcool à 90°), injecter à la seringue une petite quantité d’éosine stérile (en dosette) dans l’ampoule, comprimer la peau grâce à un pansement de type Hypafix. Laisser en place 12 h puis à l’air libre 12 h. Renouveler le pansement jusqu’à accolement des deux feuillets de l’ampoule.

Ampoule ouverte

-> Immédiatement : désinfecter et protéger par un pansement hydrocolloïde (Compeed, Tricostéril Soins Actifs Ampoules, Urgo Activ Ampoules…).

-> Soins ultérieurs : désinfecter, enlever les peaux mortes, appliquer sur l’ampoule une crème grasse (Borostyrol, Cicatryl, Homéoplasmine…) ou un tulle gras, recouvrir avec une compresse et maintenir le tout avec une bande ou un sparadrap. On peut également mettre en place un pansement hydrocolloïde jusqu’à cicatrisation complète.

-> En prévention : pose d’un pansement protecteur dès la moindre apparition d’une rougeur, talc dans les chaussures ou sur les mains, préparation des pieds (Akileïne N antifrottements…).

Arcade sourcilière

Les plaies de l’arcade sourcilière nécessitent parfois l’intervention d’un médecin pour réaliser des points de suture.

-> Pour un hématome simple, préconiser un pansement compressif et de la glace.

-> Pour un hématome éclaté, stopper l’hémorragie à l’aide d’un pansement compressif imprégné d’eau oxygénée ou d’un pansement Stop-Hémo, désinfecter, mettre en place une suture adhésive (Steri-Strip, Cicagraf…) si la plaie est non profonde. Associer antalgiques et Arnica en 7 CH (une dose à renouveler 20 minutes après).

Béquille

La « béquille » est un coup violent localisé, tel un coup de genou reçu dans la cuisse.

Contusion bénigne

Appliquer du froid (bombe cryogénique) puis poser un bandage élastique cohésif type Tensoplus.

Contusion moyenne et grave

Préconiser l’arrêt du sport, un bandage serré du muscle pendant 10 min (pour éviter la propagation de l’hématome). Relâcher ensuite la compression du bandage et appliquer de la glace pendant 20 minutes.

Ultérieurement, associer un bandage compressif à un pansement occlusif avec Hémoclar ou crème à l’arnica ou encore cataplasme d’alumine. Si besoin, utilisation de cannes anglaises pendant 2 à 3 jours. Associer Arnica 7 CH et antalgiques.

Coup dans le tibia

Glacer immédiatement avec une bombe de froid en évitant le givrage de la jambe (ne pas appliquer sur une plaie ouverte), puis frotter le tibia avec une éponge imbibée d’eau froide. Reprise immédiate du sport, sauf plaie ouverte ou fracture du tibia.

Coup dans le ventre (abdomen ou bas-ventre)

Particulièrement douloureux, ils nécessitent parfois une hospitalisation.

Traumatisme des testicules et du pénis

Uriner immédiatement et vérifier qu’aucune douleur ou difficulté n’existe (la levée de spasme prend quelques minutes). Hospitalisation immédiate si hématurie ou gonflement des testicules.

Coup au plexus solaire ou à l’abdomen

S’accroupir de manière à relaxer les muscles abdominaux et respiratoires, calmer la respiration du traumatisé en lui demandant de forcer sur l’expiration. Hospitalisation si persistance d’une respiration difficile, apparition d’une angoisse et d’une pâleur. Surveillance pendant 24 heures.

Coup de chaleur

Détecter les premiers symptômes : « chair de poule », mal de tête, frissons ; puis peau rouge et sèche, vertiges, nausées, vision légèrement floue. L’aggravation passe par une diminution de la vigilance, puis une perte de connaissance et enfin un coma.

-> Dès les premiers symptômes : arrêt de tout effort, découvrir et allonger le sportif jambes surélevées dans un endroit aéré et à l’ombre. Lui faire boire de façon régulière de l’eau légèrement sucrée à une température de 15°, ou lui faire sucer du Coramine Glucose. L’asperger d’eau et lui appliquer des linges humides frais sur le visage et le cou, sous les bras et au niveau de la région inguinale. Alerter les secours.

-> Si le sportif est inconscient : le déshabiller et le mettre en position latérale de sécurité (PLS). L’asperger et lui appliquer des linges humides et de la glace comme précédemment. Ne pas faire boire une personne inconsciente. Le faire évacuer en urgence à l’hôpital.

Echauffements cutanés

Désinfecter avec un antiseptique puis appliquer un pansement gras ou appliquer une crème grasse cicatrisante et recouvrir d’une compresse.

Fracture

La fracture peut être manifeste ou suspectée en présence d’une déformation, d’un hématome immédiat, d’une douleur nauséeuse, d’une sensation de craquement ou d’une impotence fonctionnelle totale.

Fracture fermée

Couvrir le sportif, ne pas le déplacer, le laisser à jeun, appeler les secours d’urgences.

Fracture ouverte

Réaliser un point de compression au niveau de l’artère située en amont de la fracture. Appliquer des compresses stériles sur la plaie pour la protéger, puis même conduite à tenir que précédemment.

Fracture de côte

Se placer dans la position la plus confortable, éviter de tousser, de rire, d’éternuer (exacerbation de la douleur).

Appliquer doucement (sans faire de bandage compressif), de manière circulaire, une bande de contention élastique (cohésive ou adhésive) qui ne gêne pas la respiration.

Diriger le blessé (qui doit rester à jeun) vers l’hôpital pour passer une radiographie.

La reprise du sport n’intervient qu’après 3 à 6 semaines (tout sport de contact sera évité avant la sixième semaine) pour une fracture simple

Hématome sous-unguéal

Désinfecter l’ongle, évacuer l’hématome en perçant l’ongle en deux endroits à l’aide d’un trombone chauffé à rouge. Puis désinfecter à nouveau et protéger l’ongle avec une compresse imbibée d’un antiseptique et terminer le pansement (à renouveler tous les 5 jours).

En prévention : ongles de pieds coupés au carré, port de chaussures de sport confortables (une demi à une pointure au-dessus pour la course à pied, bonne protection de l’extrémité de la chaussure), correction d’une déformation du pied par le port d’une semelle orthopédique…

Lésions des dents

La luxation dentaire se traduit par une dent sortie de sa cavité. La fracture dentaire est la rupture brutale de la dent.

Mettre le sportif en PLS, retrouver la dent et la ramasser par la couronne. Rincer la dent dans un verre d’eau ou, en cas d’impossibilité, la mettre dans la bouche de l’intéressé. Surtout ne pas l’essuyer ou la gratter. Réimplanter la dent doucement dans l’axe et la tenir avec le pouce durant les 30 minutes qui suivent le traumatisme. Consulter en urgence un chirurgien-dentiste.

En fonction du mode et du temps de transport, interposer pour bloquer la dent mobile une compresse entre les dents en maintenant la bouche fermée.

Si la réimplantation est impossible, laisser la dent dans la bouche du blessé au contact de la salive, ou placer la dent dans un flacon de sérum physiologique, d’eau ou de lait.

Luxation

Ne pas tenter de réduire le déboîtement (risque de fracture-arrachement, de lésions nerveuses). Allonger le sportif, le couvrir et appliquer de la glace en attendant les secours. Ne rien lui faire manger ni boire.

OEil au beurre noir

Allonger le sportif sur le dos, appliquer une poche de glace en interposant un linge humide entre celle-ci et l’oeil. Appliquer ensuite une crème à l’arnica ou Hémoclar en évitant d’en mettre dans l’oeil, et donner de l’Arnica 7 CH.

Point de côté

Ralentir la course en se penchant en avant tout en comprimant au niveau de la zone douloureuse avec la main. Intensifier la respiration en forçant sur l’expiration. Si la douleur ne cesse pas, arrêter l’effort jusqu’à sa disparition complète. Avant la reprise de l’activité, reprendre une respiration ample et régulière.

En prévention : faire un bon échauffement, respecter la règle des 3 heures entre le dernier repas et la compétition.

Saignement de nez

S’asseoir, tête penchée en avant. Se moucher une fosse nasale après l’autre pour évacuer les caillots. Comprimer la narine qui saigne pendant 5 à 10 minutes. Si le saignement persiste, placer dans la narine un coton hémostatique type Coalgan (laisser en place 1 heure).

Talonnade

Arrêt du sport, appliquer de la glace sur le talon, faire un pansement avec un anti-inflammatoire (Flector, Nifluril…) à conserver toute la nuit. Eviter l’appui sur le talon pendant 2 jours. La reprise de la marche peut se faire avec une talonnette en mousse (Thuasne Pedipro…)

Communiquez ! Faites bouger votre rayon sport !

Travailler en amont de l’événement sportif par des conseils de prévention. Savoir conseiller les petits traumatismes comme les vraies urgences des rencontres sportives. Un rôle incontournable que vous ne devez pas hésiter à rappeler à vos clients sportifs.

Côté vitrine

En cette année de Coupe du monde de football où l’équipe de France s’apprête à remettre son titre en jeu, une vitrine à l’effigie de Zidane et des siens ne peut que faire mouche. Programmation de cette vitrine en mai ou juin (le match d’ouverture France-Sénégal est prévu le 30 mai !). La mise en scène peut être simple : un poster de l’équipe de France posant derrière son trophée lors du Mondial 98.

Pour habiller cette vitrine, choisir la couleur bleue du maillot de l’équipe de France comme couleur dominante. La combinaison avec des couleurs or ou argent sera en harmonie avec l’événement.

Accrochez d’emblée votre clientèle sportive avec un slogan percutant : « Tout sous la main en cas de chute ! » ou « Blessure au sport : sachez que faire ! »

Le message vitrine doit véhiculer l’idée que les conseils et traitements mis en avant dans la vitrine sont exactement ceux qui sont prodigués à ces stars du ballon rond et qui leur ont permis de guérir rapidement pour revenir plus vite sur les terrains ! Au niveau des accessoires, prévoir des miniballons de foot (moins encombrants), un sifflet d’arbitre, une coupe, des médailles, l’une ou les trois mascottes officielles du tournoi, etc. Compléter la vitrine en présentant des produits par groupe de trois, par exemple. Pour les produits de contention, disposer une bande cohésive, une bande adhésive et une bande tissée élastique classique, le tout sous forme pyramidale. Pour les produits de cryothérapie, rassembler les packs à usage unique, les packs réutilisables et les bombes de froid, et tentez l’équilibre sous forme de pyramide. Vous pouvez également mettre en vedette « la mallette pour sportifs accomplis », en la présentant comme l’accessoire indispensable de toute pratique sportive.

Côté rayon

Présentez sur les étagères du haut les produits de diététique, puis disposez en dessous, sur plusieurs niveaux, pommades, gels et autres formes locales destinées à favoriser l’échauffement du muscle. Regroupez plus bas les produits contre les chocs, et à l’approche de la saison chaude, encore en dessous, les produits contre la transpiration et les soins antiampoules. La partie inférieure des rayonnages sera réservée aux produits volumineux : bandes, genouillères, chevillères, coudières, produits de cryothérapie.

Côté argumentaire

Le sportif de haut niveau est un client à ne pas négliger. Sa préparation sportive, ses besoins avant, pendant, et après l’effort, les traumatologies dont il peut être victime réclament une grande variété de produits de contention, de protection, de massage… et de nombreux conseils, en particulier sur les premiers gestes à faire ou à ne pas faire en cas d’accident : utilisation du froid, de la chaleur, immobilisation…

Quand on est sportif ou responsable d’un club, il s’avère souvent bien pratique d’avoir tous les produits de soins sous la main. Pour les équipes locales, proposer de réaliser la trousse à pharmacie du club avec l’indispensable pour les premiers soins sur le terrain accompagnés d’un livret de conseils. Insistez sur la prévention des accidents, la diététique de l’effort, et n’hésitez pas à informer sur les risques du dopage.

François Pouzaud

L’immobilisation réparatrice

Attelle, orthèse, strapping… il existe différents moyens d’immobilisation pour empêcher tout mouvement d’une ou plusieurs articulations. L’immobilisation peut être totale ou partielle.

L’immobilisation totale

Quatre types de produits sont utilisés suivant le contexte.

Les attelles gonflables d’urgence

Elles permettent à la fois de comprimer et d’immobiliser le membre ou l’articulation lésé et sont utilisées pour l’évacuation en urgence par les pompiers ou le SAMU.

Les plâtres et résines de synthèse

Les bandes plâtrées (Somos, Biplatrix…) sont utilisées pour une fracture ou une entorse grave. Les résines de synthèse (3M Scotchcast, Dynacast Extra, Dynacast Optima…) ont l’avantage d’être plus légères, plus solides, d’une meilleure perméabilité à l’air mais aussi plus coûteuses que le plâtre.

Les bandes Softcast se situent à mi-chemin entre contention et immobilisation. Elle sont composées d’une trame de fibres de verre enduite d’une résine de polyuréthanne qui polymérise en présence d’humidité et génèrent un plâtre semi-rigide. L’appareil terminé garde ainsi sa forme tout en restant flexible. L’objectif de cette immobilisation fonctionnelle est de lutter contre l’enraidissement articulaire et les effets néfastes d’une immobilisation absolue et prolongée (déminéralisation osseuse, atrophie musculaire, altération de structures tendineuses et ligamentaires).

L’attelle de Zimmer

Utilisée dans les entorses graves du genou ou dans les suites d’intervention chirurgicale sur cette articulation, l’attelle de type Zimmer (Axmed, Ligaflex, Neut…) permet l’immobilisation totale de l’articulation du genou grâce à la présence de baleines en acier rigide non articulées. Facile à enlever grâce à un système d’attaches Velcro, elle présente un intérêt lorsqu’une kinésithérapie est prescrite.

Les attelles thermoformables

Prescrites en particulier pour les articulations du poignet et du pouce, les attelles thermoformables (Gibortho, Pollax, Pollexmed, Sober…) permettent une immobilisation bien adaptée en cas de tendinites ou d’entorses. L’insert thermoformable doit être plongée dans un bain d’eau chaude (60 à 70°C) et mis en forme directement sur l’articulation du patient. Le plus souvent, l’application des attelles thermoformables demande un agrément orthopédique.

L’immobilisation partielle

Pour une immobilisation partielle, on peut avoir recours également à différents types de produits.

La contention souple ou strapping

Elle est réalisée avec des bandes élastiques adhésives ou cohésives. Leur intérêt réside dans la mise en position antalgique, la limitation de la diffusion de l’oedème et de l’hématome, la cicatrisation et la prévention de la récidive. La pose du strapping doit être réalisée par un médecin ou un kinésithérapeute.

-> Bandes adhésives (Adelast, Adheban, Biplast, Elascogib, Elastoplaste, Panelast, Urgostrapping …) : le tout-adhésif permet une utilisation « passe-partout » (strapping, maintien d’attelles…). Leur faible coefficient d’élasticité et l’efficacité de la masse adhésive expliquent leur intérêt minime pour les traitements compressifs. Afin d’éviter l’épilation ou en cas d’épiderme sensible aux adhésifs, en particulier en cas de renouvellement fréquent de la contention, il est recommandé de précéder l’application d’une bande adhésive par la vaporisation d’un adhésif protecteur (Elastospray…) et la pose d’une bande de protection (Elastomousse…).

-> Bandes cohésives (Coelast, Coheban, Coplus, Nylexogrip, Urgoband…) : elles permettent une contention efficace et fiable, même au contact de l’eau (matériau hydrophobe), en particulier lorsqu’une bande adhésive ne peut être appliquée (par exemple en présence de plaie). Elles n’adhèrent que sur elles-mêmes, en respectant parfaitement la peau tant à la pose qu’à l’ablation. Elles peuvent être un bon relais aux bandes adhésives élastiques et facilitent le maintien des accessoires tels que les poches de froid ou chaud. Elles offrent un coefficient d’élasticité très intéressant pour la limitation et la résorption des oedèmes et hématomes, la réalisation de contentions fixes sans film protecteur, la réalisation de contentions articulaires pour certaines entorses bénignes.

La contention rigide ou taping

Réalisée avec des bandes adhésives non élastiques (Urgotaping, Strappal, Tee Tape…), elle est davantage l’apanage des sportifs de haut niveau. Leur utilisation conjointe avec des bandes élastiques permet de limiter encore plus l’amplitude du mouvement.

Les orthèses courtes classiques

Les orthèses élastiques de contention classiques tels les genouillères ou chevillères, poignets, coudières, épaulières, cuissards… (Thuasne, Gibaud, Bauerfeind, Cooper, etc.) assurent un maintien modéré et sont adaptées aux entorses légères, ou aux entorses moyennes ou graves après ablation d’un plâtre.

Les orthèses courtes dynamiques

Elles sont renforcées par des baleinages souples ou par une sangle supplémentaire assurant un effet de strapping. Elles effectuent une véritable stabilisation de l’articulation concernée. Elles sont surtout utilisées lorsqu’il y a eu rupture d’un ligament entraînant une entorse grave avec réelle instabilité. Elles peuvent être également utilisées en postopératoire pour protéger la ligamentoplastie, et permettre au sportif de débuter sa réadaptation sur le terrain.

L’attelle à cellules pneumatiques

Destinée à l’immobilisation de la cheville en cas d’entorse, d’inflammation ou d’hyperlaxité, l’attelle gonflable (Aircast) contient des cellules pneumatiques, sortes de poches remplies d’air, fermées par une valve, dont le gonflage est réglable. Placées à l’intérieur de deux coques de contention, elles procurent une contention semi-rigide, adaptée à la morphologie de la cheville en mouvements, et exercent une réduction de l’oedème par compression et massage.

Pour en savoir plus

LIVRES

Les Lésions chroniques du sport

Pr Gérard Saillant, Dr Jacques Rodineau, Dr Christian Mansat, éditions Privat

Le premier chapitre de ce livre est consacré à des rappels anatomiques, à l’étude des facteurs de surmenage des différents éléments de l’appareil locomoteur, et à la présentation des différents types de lésions observées.

L’ouvrage aborde ensuite les pathologies successivement par articulation puis par sport. Un livre rédigé par des spécialistes incontournables de ces pathologies, eux-mêmes sportifs, et qui sert de référence aux partenaires santé des praticiens du sport.

INTERNET

Medisite rubrique « Sports »

http://www.medisite.fr/sport/

Cette rubrique de Medisite permet l’accès à de nombreuses informations médicales sur les pathologies sportives. Ce site propose un accès direct à certaines informations relatives aux sports les plus en vogue : course à pied, cyclisme, football, golf, roller, ski, surf, tennis. On peut aller se rafraîchir la mémoire en anatomie, radiologie, généralités sur les lésions, sur la préparation physique générale en cliquant sur les « Bases médicales ». Il est également possible de sélectionner différents dossiers : sport et traumatismes, sport et maladie, sport après chirurgie, sport et enfance…

Cas de comptoir

Depuis qu’il a repris l’entraînement de football, Sébastien souffre de crampes du mollet qui le réveillent la nuit. Que lui conseillez-vous ?

La crampe est une contraction d’un muscle douloureuse, soudaine et involontaire, qui cède en quelques minutes en étirant le muscle de façon passive. Pour cela, conseiller à Sébastien de se positionner face à un mur, à une distance de un mètre, et, tout en gardant les talons collés au sol, de se pencher en avant pour toucher le mur pendant une quinzaine de secondes. A répéter dans la journée pour prévenir les crampes de la nuit.

Les tendinites

– Elles sont dues à l’inflammation du tendon d’un muscle trop sollicité par un effort durable ou répété. Le manque d’entraînement ou d’échauffement, des mauvais gestes et l’utilisation de matériel inadapté favorisent leur survenue.

– Elles concernent le plus souvent le coude (le célèbre « tennis-elbow ») et la cheville (tendinite du tendon d’Achille).

– L’application de froid soulage la douleur de la tendinite, en plus de traitements antalgiques et anti-inflammatoires locaux et/ou oraux. Une contention légère de la zone douloureuse à l’aide d’une bande adhésive permet de limiter l’élongation du tendon douloureux lors des mouvements.

Cas de comptoir

Mathilde a repris le sport hier après un mois de vacances. Elle s’est réveillée ce matin avec des courbatures qui la gênent terriblement et envisage d’annuler son footing du lendemain. Que lui conseillez-vous ?

Les courbatures sont dues à un excès d’acide lactique produit au cours d’une activité sportive intense. La douleur musculaire se réveille lors de la contracture du muscle, et il faut conseiller à Mathilde des massages à l’aide d’une pommade décontracturante. Qu’elle n’annule surtout pas son footing, la douleur des courbatures s’améliore avec l’échauffement du muscle.

Surmenage : Attention aux lésions chroniques !

Les lésions chroniques peuvent être soit des séquelles de traumatismes aigus (par exemple, arthrose du genou après lésions méniscoligamentaires), soit des phénomènes de surmenage. Elles sont alors la conséquence directe du caractère répétitif plus ou moins traumatisant du geste sportif.

Tendinopathies chroniques de surmenage au niveau des tendons.

Contractures, élongations et crampes, au niveau des muscles, qui peuvent favoriser l’apparition de lésions plus graves (déchirure partielle ou totale) ou plus spécifiques comme le syndrome de loge de la jambe (apparition d’un oedème musculaire provoquant une gêne circulatoire avec risque de lésions musculaires et nerveuses).

Périostose (densification osseuse avec rigidification entraînant une fragilisation du périoste) et fractures de fatigue au niveau de l’os.

Chondropathies chroniques de surmenage ou arthropathies au niveau du cartilage et des structures articulaires.

Cas de comptoir

Philippe, 20 ans, pratique le saut en longueur depuis des années et a renforcé son entraînement depuis sa sélection en équipe régionale. Depuis trois jours, il se plaint d’une douleur sur le dessus du pied, survenant à l’appui, déclenchée par la palpation, cédant au repos. Peut-on lui conseiller un gel antalgique pour tenir le coup lors de sa prochaine compétition ?

Les éléments décrits par Philippe orientent vers une fracture de fatigue : antécédents récents d’efforts physiques intenses et répétés, douleurs sur un os, lors de l’activité physique, même modérée, cédant au repos, point douloureux électif à la palpation. Conseiller à Philippe de consulter rapidement un médecin qui lui prescrira une radiographie du pied.

Hydratation du sportif

– Un défaut d’hydratation peut entraîner la survenue de crampes, de douleurs type tendinites et imposer l’arrêt de l’effort.

– Il ne faut jamais attendre la sensation de soif pour boire (celle-ci représente déjà une perte d’eau de 0,5 litre). Il est nécessaire de boire régulièrement des petites quantités d’eau à chaque ravitaillement dans les courses à pied, à chaque changement de côté au tennis, aux arrêts de jeu dans les sports collectifs.

– L’idéal consiste à boire 200 ml toutes les 20 minutes à une température de 15° (pour une meilleure vidange gastrique), et jusqu’à 1,5 l par heure selon l’intensité de l’exercice et les conditions climatiques.

– Choisir une boisson ayant une composition équilibrée en glucides (5 à 10 %), sodium (1 à 1,2 g/l) et minéraux, par exemple, chlorure de potassium : 0,8 g/l (type Isostar ou Cliptol sport). Attention aux solutions trop hypertoniques qui peuvent être responsables de problèmes gastro-intestinaux pendant l’effort !