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Questions… Au Dr Gérard Apfeldorfer

Publié le 26 janvier 2002
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Les patients contraints de modifier leur régime alimentaire pour des raisons de santé éprouvent-ils la même frustration que ceux qui suivent un régime amaigrissant ?

La maladie génère en général une plus grande motivation pour suivre un régime alimentaire. Pour l’intolérance au gluten, le patient associe vite l’ingestion de gluten à un mal-être physique, ce qui entraîne un dégoût pour les aliments contenant du gluten. Pour l’hypertension artérielle, ou le diabète, les sensations sont plus floues. Les injonctions à arrêter tel ou tel aliment sont parfois difficiles à vivre. D’ailleurs, les nutritionnistes sont désormais moins absolutistes. Dans le diabète par exemple, on insiste aujourd’hui davantage sur la régularité des repas plutôt que sur l’interdiction de certains aliments.

Quelle place les pharmaciens d’officine peuvent ils occuper dans ces régimes influant sur les pathologies ?

On nage actuellement en pleine « cacophonie diététique » pour reprendre le terme de Claude Fischler. En leur disant « mangez ci, ne mangez pas ça », les gens sont de plus en plus perdus. Ils devraient limiter le nombre de référents. Le pharmacien peut, selon moi, donner des règles d’hygiène alimentaire mais sans plus. Il lui faut éviter de moraliser l’alimentation (« c’est bien, c’est mal de manger ceci ou cela »). Il peut, à l’encontre des conseils péremptoires que l’on entend et voit partout, jouer un rôle de modérateur. Il n’y a pas de bons ou mauvais aliments. Comme le disait Paracelse, « l’important c’est la dose », en l’occurrence, d’un point de vue pondéral, la quantité globale consommée sur la semaine, et d’un point de vue de santé, la variété alimentaire. Personne ne meurt d’avoir dégusté la veille une tartine de beurre. Il faut arrêter l’engrenage de la culpabilité et de l’anxiété. Bref, le pharmacien doit contribuer à dédramatiser l’alimentation.

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