Les solutés de réhydratation orale

Définitions

• Le soluté de réhydratation orale (SRO) est une denrée alimentaire destinée à des fins médicales spéciales (DADFMS), c’est-à-dire une denrée « spécialement traitée ou formulée et destinée à répondre aux besoins nutritionnels de patients, y compris les nourrissons, et qui ne peut être utilisée que sous contrôle médical »(1). Les SRO sont adaptés pour répondre à un risque de déshydratation.

• Ces solutés sont des DADFMS incomplètes, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent constituer la seule source d’alimentation.

• Seuls sont inscrits et pris en charge à la liste des produits et prestations (LPP) les SRO répondant à des critères qualitatifs et quantitatifs (voir ci-après).

Composition

Les SRO sont des DADFMS qui remplacent les ADDFMS (AD pour aliment diététique) depuis l’entrée en vigueur du règlement européen du 22 février 2019. Leur composition est fixée par arrêté(2), conformément aux recommandations de l’European Society for Paediatric Gastroenterology, Hepatology and Nutrition (Espghan) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

• Qualitative. Les SRO contiennent :

→ des glucides : glucose, saccharose, dextrines… sauf lactose. Ils assurent l’osmolarité (voir Dico+) nécessaire à l’absorption intestinale de l’eau (voir Mode d’action), un apport énergétique et améliorent le goût de la solution ;

→ des électrolytes : sodium, potassium et chlore. Ils compensent les pertes de l’organisme et le sodium permet l’absorption de l’eau ;

→ des alcalinisants : citrates et bicarbonates. Ils corrigent les désordres du pH sanguin et préviennent le risque d’acidose (voir Dico+).

• Quantitative. La réglementation des DADFMS impose un ratio glucose/sodium de 1/1 et de contenir, en mmol/l, 50 à 60 de sodium (Na), 20 à 25 de potassium (K), 8 à 12 de citrates et 24 à 36 de bicarbonates. Leur osmolarité doit être comprise entre 200 et 270 mOsm/l.

• Inscrits à la LPP. Pour être inscrit à la LPP, un SRO ne doit contenir que des glucides, des électrolytes et des agents alcalinisants aux concentrations réglementaires (voir ci-dessus), et être conditionné en boîte d’au moins dix sachets à dissoudre dans 200 ml. Produits : Adiaril, Fanolyte, Novalac Hydranova, Nutriben S.R.O, Osmule, Physiosalt Réhydratation orale, Picot Expert Picolite, Viatol.

Mode d’action

• L’eau représente environ 65 à 80 % du poids d’un jeune enfant, 60 % du poids d’un adulte, soit 42 kg pour 70 kg, et 55 % chez le sujet âgé.

• L’eau est répartie entre les secteurs intracellulaire et extracellulaire, avec un passage libre entre ces secteurs par principe d’osmolarité. Ce passage d’eau est passif, du compartiment le moins concentré vers celui le plus concentré. L’état d’hydratation est maintenu par un équilibre entre les entrées (boissons et aliments) et sorties d’eau (selles, vomissements, sudation, urines…).

• En cas de pertes hydroélectrolytiques, les SRO s’appuient sur le mécanisme de co-transport du glucose et du sodium au niveau des entérocytes (= cellules de l’intestin grêle). L’eau et les électrolytes suivent l’absorption du sodium par mécanisme passif, cette absorption étant favorisée par le glucose.

Indications

• Chez le jeune enfant. Les SRO sont le seul traitement indispensable pour la prise en charge des diarrhées et/ou vomissements du nourrisson et de l’enfant de moins de 5 ans pour prévenir le risque de déshydratation, accru à cet âge. Ils peuvent l’être aussi en cas de suspicion de coup de chaleur (température supérieure à 38° C, diminution des urines, somnolence…), en première intention avant une consultation en urgence(3).

• Autres situations. Les SRO peuvent s’utiliser chez les personnes à risque de déshydratation lors de diarrhées, vomissements, canicule…, notamment chez les personnes âgées, qui retiennent moins bien l’eau et dont la sensation de soif peut être altérée, les malades chroniques, en particulier diabète déséquilibré, et/ou polymédiqués… Un avis médical est préférable car l’apport en sucres et en sodium peut être incompatible avec les traitements et l’état physiologique. Dans ces situations, le SRO n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale.

• Précautions. Les SRO sont employés de façon transitoire et ne remplacent pas l’alimentation. Ils ne doivent pas être utilisés en cas d’anurie (= absence d’urines) ou d’insuffisance rénale.

Mode d’emploi

• Dissoudre le sachet entier dans 200 ml d’eau peu minéralisée du robinet, d’Évian…, froide ou à température ambiante, sans aucun ajout de sucre, sirop, jus de fruits, sel…

• Proposer la solution au verre, à la cuillère, au biberon ou à la pipette, dès le début de la situation à risque. Commencer par 10 à 20 ml toutes les cinq minutes, puis espacer, tout en gardant une administration régulière à volonté selon la soif, tant que durent les pertes hydroélectriques, et de façon systématique après chaque diarrhée ou vomissement. Il n’y a pas de limitation de quantité, sauf si la solution provoque des vomissements.

• Conservation. Une fois reconstituée, la solution se conserve environ une heure à température ambiante et 24 heures au frais. Réfrigérée et en petite quantité, elle est mieux tolérée en cas de vomissements.

• Alimentation et boissons. Préférer la solution à toute autre boisson, moins adaptée à la réhydratation. Réalimenter rapidement. Si l’enfant est allaité, poursuivre l’allaitement en parallèle du soluté. S’il prend du lait infantile et/ou s’il a une alimentation diversifiée, les réintroduire dans les quatre heures après le début du SRO, qui doit être poursuivi. Pas de substituts au lait infantile sans avis médical. Une augmentation des selles, transitoire, est possible en début de traitement.

• Consulter au moindre signe de déshydratation : perte de poids supérieure à 5 % du poids initial, diminution des urines, rythme respiratoire rapide, léthargie, muqueuses sèches…

Autres SRO

• Composition. Certains SRO ne sont pas inscrits à la LPP en raison de l’ajout de composants qu’elle ne prévoit pas, par exemple des probiotiques et/ou du zinc pour lutter contre les diarrhées et des édulcorants pour le goût, de leur présentation et/ou de leurs indications. Exemples : P’tit Probiolog Dia Plus comprend du Lactobacillus rhamnosus GG. Hydrastis goût neutre menthe ou anis est positionné dans la réhydratation dès 50 ans en cas de diarrhées et vomissements, d’effort physique intense, de température élevée, de consommation d’alcool ; il contient du magnésium. Ydrovit, prêt à l’emploi en flacon et édulcoré, est indiqué chez l’enfant de plus de 3 ans et l’adulte.

• Mode d’emploi.

→ Hydrastis. Diluer un sachet dans 250 ml d’eau. Consommer à petites gorgées en cas de situation à risque, dans la limite de huit sachets par 24 heures, en cas de chaleur, d’efforts, de consommation d’alcool, ou de douze sachets en cas de diarrhées, de vomissements.

→ Ydrovit. Prendre 200 ml de solution en petites quantités après chaque selle liquide chez l’enfant, ou 400 ml chez l’adulte.

Législation

• Prescription. Seuls les médecins peuvent prescrire les solutés de réhydratation orale.

• Inscription à la LPP. Les SRO sont inscrits à la liste des produits et prestations au titre 1 : DM pour traitement, aides à la vie, aliments et pansements > DM, matériels et produits pour le traitement de pathologies spécifiques > Produits pour nutrition ou réhydratation. Ils suivent la description du code générique 1175983, mais chaque marque est inscrite avec un code individuel débutant par un 6.

• Prise en charge. Elle est effective uniquement sur prescription chez les enfants de moins de 5 ans atteints de diarrhées aiguës.

• Tarif LPP. Le tarif de prise en charge est de 6,20 €. C’est un prix limite, donc pas de dépassement à faire payer.

Dico +

→ Osmolarité : concentration d’une solution en nombre de moles de particules par litre de solution qui détermine son degré de pression osmotique, ici indispensable pour permettre l’absorption de l’eau au niveau des membranes des entérocytes (= cellules de l’intestin grêle).

→ Acidose : trouble de l’équilibre acidobasique correspondant à une augmentation de la concentration d’acides dans le sang, dont l’une des causes métaboliques est la perte de bicarbonates lors d’épisodes diarrhéiques.

Mémento de la délivrance

→ Les solutés de réhydratation orale (SRO) sont des denrées alimentaires destinées à des fins médicales spéciales (DADFMS) dont la composition qualitative et quantitative est réglementée.

→ Prise en charge des SRO inscrits à la LPP, uniquement sur prescription pour les enfants de moins de 5 ans qui sont atteints de diarrhées aiguës.

→ Le tarif LPP est un prix limite de vente, donc pas de dépassement à faire payer au patient.

→ Rappeler les modalités de reconstitution, de conservation, ainsi que le mode d’emploi.

Alternatives aux ruptures

Face aux difficultés d’approvisionnement en 2022, la Société française de pédiatrie a proposé l’utilisation de jus de pomme dilué de moitié aux enfants de plus de 1 an, ou une préparation magistrale dès lors qu’elle respecte la composition recommandée.

Exemple de formule de la pharmacie Delpech, à Paris, pour 1 sachet à dissoudre dans 200 ml d’eau. Chlorure de sodium : 0,35 g ; chlorure de potassium : 0,30 g ; citrate trisodique dihydraté : 0,58 g ; glucose anhydre : 2,70 g, ou glucose monohydrate : 3 g ; saccharose : 2,50 g.

→ À savoir : le Coca-Cola, ou équivalent, n’est pas approprié car très hyperosmolaire et trop pauvre en sodium.