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« J’AI TOTALEMENT CONFIANCE DANS LE SYSTÈME ET EN SA RÉACTIVITÉ »
Il a pris la direction de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) en pleine crise du Mediator, alors que personne ne voulait la place. Deux ans et demi plus tard, Dominique Maraninchi dresse un bilan de l’opération « transparence et réactivité » qu’il a entreprise au sein de la nouvelle Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Avec un certain franc-parler.
LE MONITEUR DES PHARMACIES : Racontez-nous comment s’est passée votre prise de fonction à l’agence dans le contexte si particulier du scandale du Mediator ? Qu’est-ce qui vous a motivé ?
DOMINIQUE MARANINCHI : Il y avait une crise. Le directeur général avait démissionné, le rapport de l’IGAS sur le Mediator [remis à Xavier Bertrand en janvier 2011, NdlR] accablait l’Afssaps. J’étais président de l’Institut national du cancer depuis 2006, lequel avait traversé une grave crise, morale et financière, mais était reparti sur de bons rails. On a alors pensé à moi. La directrice de cabinet du ministre de la Santé a demandé à me voir, pour me demander ce que je pensais du médicament et de cette crise. J’ai répondu que je la jugeais navrante et que je déplorais la perte de confiance dans le médicament. Il s’agit d’un bien de santé extraordinaire car distribué d’emblée à toute la population. Perdre la confiance en quelque chose qui vous fait du bien est grave ! J’estimais dommageable que l’on présente alors les bénéfices du médicament mais pas ses risques, car l’arbitrage est important pour les patients. J’ai bien connu cela dans le cancer : les effets secondaires préoccupent les patients. Ils ont du mal à les accepter, à admettre qu’ils puissent exister, mais ils veulent être informés. Un dialogue doit avoir lieu entre patients et professionnels autour de la balance bénéfice/risque. Plus de transparence sur cette balance et sur les liens d’intérêts, rétablir la confiance sur la qualité des produits, telle est la feuille de route que j’ai proposée avant d’accepter le poste et après en avoir parlé à mon épouse, bien sûr !
Voilà une nomination on ne peut plus atypique…
Le ministre avait déjà fait les choses de manière originale : le rapport de l’IGAS sur l’affaire du Mediator, codirigé par Aquilino Morelle [actuel conseiller politique au cabinet de François Hollande, NdlR], avait été présenté en public. Avant d’être nommé, je suis passé devant les commissions des Affaires sociales, en séances filmées et ouvertes aux journalistes. On m’a « cuisiné » sur qui j’étais, combien je gagnais, mes liens avec le médicament… Puis j’ai été nommé par le président de la République, car le directeur général est la personne morale qui représente l’Etat. Il dispose d’une autonomie de fonctionnement et peut décider d’autoriser ou de supprimer des produits de santé sur le territoire. Il en a la responsabilité personnelle.
Quel bilan faites-vous depuis le 1er février 2011 ?
Ça a bougé ! Se sont enchaînés les assises du médicament, deux rapports parlementaires, un livre blanc interne du personnel de l’Afssaps témoignant de son désarroi, la préparation d’un projet de loi de renforcement de la sécurité sanitaire, écrit le 1er août 2011 et débattu tout le dernier trimestre 2011. La loi est allée vers des changements profonds. Elle a rappelé la responsabilité de l’ANSM et affirmé les valeurs à respecter dont la transparence – une vraie révolution ! Ainsi, les séances des commissions d’évaluation et de suivi du rapport bénéfice-risque des produits de santé (composées d’experts du bénéfice et du risque, de médecins généralistes, de deux pharmaciens, dont un officinal, et d’une association de patients) sont filmées et diffusées sur le Net. Les dossiers d’instruction, ordres du jour et comptes rendus sont publics de même que les déclarations d’intérêt de toutes les personnes qui ont participé aux expertises. Sur notre site figurent les déclarations d’intérêt de plus de 500 salariés de l’ANSM impliqués dans les évaluations [sur 1 000 salariés, NdlR]. L’expertise se fait de plus en plus en interne mais s’appuie aussi sur des experts externes. Le contrôle est effectué par nous, par la presse, par les concurrents puisque nos décisions sont opposables. Ainsi, si nous acceptons un dossier d’un laboratoire et qu’un expert instruisant le dossier a un lien avec cette firme, un concurrent peut attaquer la décision. Evidemment, on peut mentir : mais c’est alors un délit pénal grave. Même si notre budget est passé de 110 à 140 millions d’euros, il reste plafonné en termes de masse salariale alors que nos missions se sont élargies. Mais, ce qui est sûr, c’est que l’ANSM n’est plus financée par les firmes !
Dominique Maraninchi
Directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) depuis le 1er févier 2011
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![DE LA RECHERCHE À LA PRODUCTION](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2024/07/article-defaults-visuel-680x320.jpg)