IBUPROFÈNE : Prudence chez l’enfant fiévreux

En juillet, un avis de l’Afssaps mettait en garde contre l’utilisation de l’ibuprofène en cas de varicelle. En cause, un risque de surinfections cutanées graves. Dès lors, faut-il aller plus loin et bannir les AINS de l’arsenal pédiatrique ? « Le vrai problème, c’est plutôt la prise en charge de la fièvre chez l’enfant », explique le Pr Bertrand Chevallier, chef de service de pédiatrie à l’hôpital Ambroise-Paré. Un fait est sûr, l’ibuprofène ne devrait pas être utilisé en première intention. « L’ibuprofène est efficace, mais c’est un AINS et il en possède les effets secondaires. »

Outre son effet délétère dans la varicelle, l’ibuprofène est suspecté de provoquer des insuffisances rénales aiguës chez les nourrissons souffrant de nausées ou de vomissements, et peut-être de majorer le risque de pleuropneumopathies à pneumocoques. « La fièvre est rarement grave. On ne doit pas employer un médicament ayant des effets secondaires potentiellement graves pour traiter un symptôme bénin ! D’autant plus qu’il existe un traitement très bien toléré, le paracétamol », ajoute le Pr Chevallier. Pour lui, il faut avant tout revoir les conseils à donner en cas de fièvre. Sauf si l’enfant la tolère mal et chez le nourrisson de moins de trois mois, il n’y a pas d’urgence à traiter la fièvre. Les premières mesures doivent être physiques : ne pas couvrir exagérément l’enfant, aérer la pièce, proposer à boire régulièrement.

Côté médicaments, un seul passe l’examen haut la main : le paracétamol. « La bithérapie et l’alternance de deux antipyrétiques n’ont aucun intérêt. En revanche, il faut donner du paracétamol régulièrement pendant 48 heures. » Quant aux convulsions fébriles, elles ont lieu plutôt au début de la phase fiévreuse, et le traitement médical de la fièvre ne les prévient pas. « Ne diabolisons pas l’ibuprofène, conclut le Pr Chevallier. C’est un bon médicament mais il faut l’employer à bon escient. »