Emulsifiants alimentaires : soupçonnés d’accroître le risque de cancer

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Emulsifiants alimentaires : soupçonnés d’accroître le risque de cancer

Publié le 19 février 2024
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On les trouve presque partout : dans les plats préparés, les gâteaux, les chocolats, les pâtisseries, parfois dans certains fromages crémeux, dans les glaces, le pain, la margarine… Une vaste étude publiée dans la revue Plos medecine menée par des chercheurs (Inserm, Inrae, Université Sorbonne Paris Nord, Université Paris Cité et Cnam), met en évidence le caractère potentiellement nocif des émulsifiants. Ces additifs alimentaires sont plus connus sous les noms de mono- et diglycérides d’acides gras, carraghénanes, amidons modifiés, lécithines, phosphates, celluloses, gommes ou encore pectines.

Une méthodologie précise

Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs ont analysé les données transmises en ligne par 92 000 Français dans le cadre de la cohorte Nutrinet-Sante conduite entre 2009 et 2021. « Les participants ont renseigné en ligne tous les aliments et boissons consommés et leur marque (pour les produits industriels), sur au moins 3 journées d’enregistrements alimentaires, avec la possibilité de réactualiser leurs données de consommation tous les 6 mois. Ces enregistrements ont été mis en relation avec des bases de données afin d’identifier la présence et la dose des additifs alimentaires (dont les émulsifiants) dans les produits consommés. Des dosages en laboratoire ont également été effectués pour fournir des données quantitatives. », explique l’Inserm.

Corrélation forte entre consommation et risque de cancers du sein

Après un suivi moyen de 7 ans, les chercheurs ont mis en évidence un risque accru de 15 % chez les forts consommateurs de monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471). Le risque de cancer du sein était lui augmenté de 24 % et celui de la prostate de 46 %. Les femmes ayant des apports plus élevés en carraghénanes (E407 et E407a) avaient 32 % de plus de risque de développer des cancers du sein, par rapport au groupe ayant des apports plus faibles.  

Des résultats robustes

Première étude observationnelle en la matière, elle ne peut donc pas suffire à elle seule à établir des liens de cause à effet directs entre la consommation de ces émulsifiants et l’apparition de cancers. Toutefois, « l’échantillon de l’étude était de grande ampleur et les auteurs ont pu tenir compte d’un large éventail de facteurs potentiellement confondants, tout en utilisant des données détaillées et uniques sur les expositions aux additifs alimentaires, allant jusqu’à la marque des produits industriels consommés. De plus, les résultats sont restés inchangés après de multiples analyses de sensibilité, renforçant ainsi leur robustesse. », souligne l’Inserm.

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Les additifs régulièrement mis en cause

Cette étude participe également « à apporter de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs », expliquent Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, et Bernard Srour, professeur junior à Inrae, principaux auteurs de l’étude. Depuis quelques années, les études mettant en cause les additifs se multiplient. Pour se préserver de leur éventuelle nocivité, l’idéal est de consommer des aliments bruts et de cuisiner « maison ».