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Boissons énergisantes

Publié le 12 octobre 2013
Par Denis Richard
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Qu’est-ce que c’est ?

• Une boisson dite « énergisante » (BDE) est une boisson sucrée réputée augmenter l’énergie et la vivacité. Elle est commercialisée dans les magasins d’alimentation, salles de sport, night-clubs, bars, stations-service sous le nom de Red Bull, Dark Dog, Rockstar, Burn, Monster, etc.

• Elle diffère d’une boisson « énergétique » : destinée au sportif, la composition de cette dernière (glucides et sels minéraux) favorise la récupération après un effort physique.

• Les BDE connaissent un succès croissant auprès d’une population jeune.

• Action psychostimulante. Une BDE est avant tout consommée dans un contexte festif, en groupe, pour maintenir un état de veille.

• Augmentation subjective de la tolérance à l’alcool. La caféine diminue les effets subjectifs de l’ivresse sans conséquence sur ses effets objectifs (augmentation du temps de réaction, surestimation de ses capacités, etc.). Passant ainsi pour retarder et amoindrir l’ivresse, les boissons énergisantes favorisent une consommation massive et brutale d’alcools forts (« binge-drinking »).

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Quelle est leur composition ?

• Une boisson énergisante contient notamment de la caféine (80 mg dans une canette de Red Bull), de la taurine (1 g dans Red Bull), du glucuronolactone, du sucre et des vitamines B, et, souvent, du ginseng.

• Caféine. Ce psychostimulant retarde le seuil d’épuisement, augmente la capacité d’exercice physique aérobie et la performance sportive et a des effets lipolytiques. À forte dose (mais le seuil est variable), la caféine peut induire céphalées, nausées, palpitations cardiaques, douleurs thoraciques, hypertension, tremblements, troubles digestifs et, consommée trop précocement, elle favoriserait l’évolution vers des conduites addictives. Il ne faudrait pas excéder 600 mg/j. Composant fréquent, la graine du guarana, un arbuste amazonien, est riche en caféine (> 4-5 %).

• Taurine. Naturellement présente dans la viande, la taurine est un dérivé d’acide aminé antioxydant et stabilisateur de membrane. La limite supérieure de sécurité est estimée à 3 g/j. Les conséquences d’un usage régulier et prolongé restent inconnues.

• Glucuronolactone. L’impact de ce dérivé du glucose sur la performance physique ou la mémoire n’est pas démontré.

Quels sont leurs effets indésirables ?

• Consommées de façon modérée, les boissons énergisantes ne sont pas dangereuses mais peuvent induire de l’irritabilité, de la nervosité, de l’anxiété.

• Elles peuvent toutefois être à l’origine d’événements indésirables consommées abusivement, et/ou associées à l’alcool et/ou à une activité physique intense chez un sujet vulnérable (trouble cardiaque méconnu, hypokaliémie, etc.).

• Leur usage augmente la tension artérielle, la fréquence cardiaque et allonge l’espace QT. Des arrêts cardiaques sont suspectés.

• Une déshydratation peut suivre l’ingestion d’une importante quantité de caféine, surtout associée à la consommation d’alcool.

• L’usage de boissons énergisantes, au même titre que les sodas, constitue un facteur de risque d’obésité en raison d’une forte teneur en sucres (28 g/canette de Red Bull).

• De fortes quantités de caféine exposent à un retard de croissance. Fin 2014, les fabricants devront mentionner sur les boissons énergisantes excédant 150 mg/l de caféine qu’elles sont déconseillées à la femme enceinte ou allaitante.

• L’étiologie des rares décès constatés à la suite de la consommation de boissons énergisantes est discutée.

EN PRATIQUE

• La consommation ne devrait pas excéder une demi-canette (soit 125 ml) par jour.

• Les risques liés à l’abus de ces boissons sont mal connus des jeunes consommateurs comme de leurs parents : excitation, irritabilité, usage inconsidéré d’alcool avec toutes ses conséquences.

• Si aucun impact psychiatrique de l’usage des boissons énergisantes n’est démontré, il est possible que leur association à l’alcool renforce les comportements de prise de risque accompagnant l’ivresse.

• Comme les sodas, ces boissons, trop sucrées et acides, favorisent l’érosion de l’émail dentaire et le développement de caries.

Sources : Petit A. et al. (2012), Boissons énergisantes : un risque méconnu, La Revue du Praticien, 62, 673-678 ; ANSES (2013), Avis relatif à l’évaluation des risques liés à la consommation de boissons dites « énergisantes », 195 pages.