Transactions : une pharmacie vendue 1 euro

« Cela fait plus de 40 ans que je suis installée aux Hermites, en Indre-et-Loire, je vais avoir 66 ans et j’aimerais pouvoir partir à la retraite », explique Sylvie Drouet, titulaire de l’unique officine de la commune. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir anticipé. Il y a quatre ans, dans l’optique de son départ à la retraite, Sylvie Drouet met en vente sa pharmacie. Celle-ci n’est pas très grande (80 m²), mais réalise un chiffre d’affaires de 850 000 €. « A la suite d’un transfert il y a 12 ans, la pharmacie a été complètement refaite dans une grange en pierre de tuffeau », précise la titulaire. Selon un prévisionnel établi par un expert-comptable, cette officine peut permettre à son futur ou à sa future propriétaire de prélever environ 4 000 € par mois, tout en employant une préparatrice à mi-temps et un pharmacien adjoint un jour par semaine. De plus, la commune qui compte 600 habitants, est dynamique. « On y trouve une maison de santé qui accueille deux infirmiers, un ostéopathe, une orthophoniste et une réflexologue, ainsi que des commerces : une supérette, un café-restaurant, un boucher, un marché. Les habitants peuvent aussi acheter des produits directement aux agriculteurs locaux. Nous avons aussi une Poste », détaille Sylvie Drouet. S’il n’ y a en revanche plus de médecins dans le village, ils sont encore nombreux dans les communes voisines. Pas de souci donc : les prescripteurs sont bien présents ! De fait, la pharmacie draine une clientèle venant  des alentours. « Les clients sont fidèles. Ils ne viennent parfois que pour du conseil, repartent les mains vides, mais ils reviennent », observe la pharmacienne.

Une opportunité à 1 euro

Malgré ces atouts, Sylvie Drouet ne trouve pas de repreneur, bien que son officine soit en vente dans cinq agences. Elle baisse donc le prix jusqu’à 450 000 €. Rien n’y fait. Elle décide alors avec son mari, Alain, qui est aussi le maire des Hermites, de céder sa pharmacie pour un euro symbolique. Un prix qui, espèrent-ils, va attirer des repreneurs. De fait, cette annonce suscite l’intérêt des médias. « Il y a eu plusieurs articles, notamment celui de La Nouvelle République, des reportages sur France 2 et France 3 ainsi qu’à la radio (RMC, RTL, etc.). Et nous avons reçu pas mal de coups de téléphone », relate Sylvie Drouet. Les premiers professionnels intéressés par la reprise de l’officine ne sont pas des jeunes pharmaciens. « Il s’agissait plutôt de personnes ayant atteint la cinquantaine et flairé une belle opportunité de finir leur carrière dans un cadre agréable. Les jeunes ont souvent peur de s’engager à la campagne avec des horaires un peu lourds », souligne la titulaire qui, après avoir obtenu son diplôme en 1980 et travaillé en tant qu’adjointe dans la région parisienne, est venu aux Hermites à l’âge de 25 ans. Mais une semaine plus tard, l’information ayant été relayée sur les réseaux sociaux, Sylvie Drouet a alors été contactée par des pharmaciens plus jeunes.

Quoi qu’il en soit, Sylvie Drouet a bon espoir de pouvoir céder sa pharmacie dans les prochains mois. « Je perds effectivement de l’argent car 1 € revient à ne pas vendre ma pharmacie, mais elle restera ouverte et c’est cela qui me tient à cœur. Je me suis aussi rendu compte que des jeunes pharmaciens n’avaient pas d’apport pour s’installer alors qu’ils le veulent et sont prêts à travailler, constate la pharmacienne. Alors pourquoi passer à côté de cette cession symbolique ? Je ne suis pas la seule titulaire à avoir cette démarche. Il faudrait que les jeunes aient connaissance des offres. »