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Quelle reprise après le confinement ?

Publié le 13 juin 2020
Par Francois Pouzaud
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Pour le moment, il est difficile de prédire le marché des ventes d’officines dans les prochains mois. Les cabinets de transactions et les banquiers se montrent néanmoins assez confiants sur la reprise.

Pendant le confinement, l’activité des transactionnaires a certes ralenti (parfois de 40 %), mais elle a continué. « Nos négociateurs ont continué à travailler et ont pris des mandats et plusieurs affaires en cours, sous compromis de vente, ont été signées », signale Claude Artaud, directeur général de L’Auxiliaire pharmaceutique. « Avec l’aide des vendeurs, nous avons même réalisé des visites virtuelles », confie Hervé Ferrara, directeur du cabinet Pharmacessions.

Pour les projets d’acquisition en cours de négociation, « les acheteurs motivés par les affaires proposées n’ont pas cherché à renégocier les prix à la baisse », indique Claude Artaud. Et à l’heure de la reprise, Jérôme Capon, directeur du réseau d’Interfimo, ne s’attend pas à des répercussions sur le prix moyen des officines. « Le prix moyen France entière est relativement stable et correct au regard de la rentabilité depuis plusieurs années, assure-t-il. La crise sanitaire risque toutefois d’amplifier les dispersions de prix d’une officine à l’autre. »

Avec le confinement, la prospection des agences sur des biens à rentrer en vente s’est stoppée. Les transactionnaires s’accordent à dire, la conjoncture aidant, qu’il y a, de fait, un manque plus important de produits à la vente, alors que la demande reste active. « Je n’ai pas l’impression que les acquéreurs aient changé de position ou d’attitude, bien au contraire. Avec la crise sanitaire, ils ont pris conscience que la pharmacie est devenue un pôle d’excellence », commente Hervé Ferrara. Constat identique chez Claude Artaud. « Avec le coronavirus, la pharmacie éthique a redoré son blason. » Il s’attend donc à un rebond technique du marché en juin et juillet.

Des centres commerciaux à part

Le contexte de reprise risque d’être différent pour les pharmacies de passage, notamment de centre commercial, fortement impactées par la baisse d’activité liée au Covid-19. « La crise a stigmatisé une certaine fragilité des pharmacies de centre commercial non alimentaire, il est logique aussi que les vendeurs fassent preuve d’attentisme le temps de retrouver l’équilibre de leur chiffre d’affaires », argue Claude Artaud. Il souligne un autre problème lié aux incertitudes sur la valeur de l’immobilier à la sortie du confinement et à la baisse de certains placements financiers susceptibles d’écorner l’apport personnel des acquéreurs. Selon lui, la baisse de valeur d’un appartement ou celle d’un portefeuille de titres peut réduire l’apport personnel de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Ainsi, sur des affaires dont le retour à la normale risque d’être lent et compliqué, Jérôme Capon s’attend à des négociations plus longues entre vendeurs et acquéreurs et une détermination du prix également plus complexe, compte tenu d’un bilan 2020 peu ou prou détérioré. « Le prix des parts sociales sera forcément moins cher si la société doit rembourser un prêt garanti par l’Etat », souligne-t-il. Pour déterminer le prix du fonds, Hervé Ferrara suggère de mettre entre parenthèses la baisse de chiffre d’affaires pendant le confinement. « Il faut isoler cette partie et raisonner sur le chiffre d’affaires des deux dernières années », suggère-t-il.

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