Cession Réservé aux abonnés

Nouvelle-Aquitaine : un marché à deux vitesses

Publié le 19 septembre 2020
Mettre en favori

En Vendée et en Poitou-Charentes, Nicolas Guerrand, du cabinet Patrice Manquillet Conseil (groupe PSP), qualifie la crise sanitaire de « parenthèse » positive pour la transaction de pharmacies. « Le marché s’est affolé depuis le déconfinement, il a la confiance des banques qui préfèrent soutenir les pharmacies qui ont démontré leur résilience face à la crise, plutôt que d’autres entreprises », explique-t-il.

Cet engouement touche toutes les officines quelles que soient leur taille, leur localisation et leurs typologies. « Les pharmacies de moins de 1 M€ trouvent preneur à vil prix. J’ai vendu cette année 250 k€ une pharmacie de 800 k€ de CA et je viens de rentrer un mandat de vente à 350 k€ pour une officine de même taille, en limite de la Charente-Maritime, située à une demi-heure des plages, seule au pays dans une zone touristique avec deux médecins », précise-t-il.

Les petites pharmacies du Limousin n’ont même pas cette chance. « En Haute-Vienne, en Corrèze, dans la Creuse où tout le département est en zone de revitalisation rurale, mais également dans le Nord de la Dordogne, il est difficile d’attirer les acquéreurs en première installation malgré les nombreux avantages fiscaux de ce régime », déplore Cyrille Agot, de Planète officine. Selon les endroits, les prix des officines en dessous de 1,5 M€ peuvent faire le grand écart, entre 30 et 70 % du CA HT.

En revanche, à La Rochelle et à Royan (Charente-Maritime), aux Sables d’Olonne (Vendée), et en périphérie de ces villes, les pharmacies de plus de 1,5 M€ continuent de tutoyer les sommets, autour de 95 % et 100 % du CA HT. De ce côté-ci du littoral, le Covid-19 ne semble pas avoir pénalisé les estimations à venir sur les pharmacies de centres commerciaux, soumises aux aléas des consignes sanitaires. « L’une d’elles, à la Roche-sur-Yon, réalisant 2,7 M€ de CA, dont 75 % en TVA à 2,1 %, a été appréciée à 3 M€ », mentionne Nicolas Guerrand.

Publicité

Si la crise semble avoir réveillé l’intérêt des diplômés pour l’officine, elle a aussi provoqué l’inquiétude des vendeurs. « Ils avancent leur projet de cession, car ils craignent une inflexion des prix des officines par effet de levier en cas de remontée des taux et de l’inflation, ainsi qu’une baisse de leur CA avec la crise économique et une rentrée sociale difficile », livre-t-il. Sur le secteur Aquitaine et Sud-Ouest, Roger Gravel, du cabinet CCRI (groupe PSP), rapporte des réactions des acteurs moins épidermiques : « Il n’y a pas eu d’afflux de vendeurs ni de retrait des acquéreurs, les transactions se déroulent avec la même sérénité. »

Pas de changement non plus sur le marché à deux vitesses des métropoles. A Bordeaux (Gironde), les grosses pharmacies sont plus nombreuses qu’autrefois à la suite des transferts ou des agrandissements des points de vente, une évolution des structures dont font les frais les petites officines. « Celles-ci ont du mal à se vendre, souvent à moins de 65 % du CA HT », souffle ce transactionnaire.

Le contraste des prix reste plus que jamais saisissant avec ceux pratiqués sur la côte, d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) à La Rochelle (7 à 8 fois l’EBE et jusqu’à 100 % du CA HT).