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LES « PÉPITES » NE CONNAISSENT PAS LA CRISE
La tendance baissière amorcée en 2009 se confirme : LE PRIX DE CESSION MOYEN SE SITUE EN 2011 À 84 % DU CA TTC (– 7 points en trois ans). Le marché reste actif sur les bons outils de travail, qui restent survalorisés.
Malgré un marché devenu plus sélectif, l’année 2011 a été importante en nombre de cessions, rappelle Henri-François Rolland, responsable de BNP Entreprise Grand Nord. Cette accélération des transactions traduit les inquiétudes des pharmaciens sur l’avenir (départs en retraite anticipés par certains titulaires) et s’explique aussi par l’accroissement des pharmacies en difficulté sur le marché des cessions (ventes contraintes). » Mais après l’euphorie de 2011 (+ 15 % de cessions de fonds), les volumes de transactions (cessions de parts sociales comprises) sont corrigés à la baisse. « Le marché n’a pas maintenu les promesses qui se sont dégagées en 2011, le nombre des cessions ayant fortement régressé sur le premier trimestre 2012 par rapport à la même période de l’année précédente », rapporte Luc Fialletout, directeur général adjoint d’Interfimo. Ce phénomène de repli est classique en année électorale. Aussi se refuse-t-il à tirer des conclusions trop définitives sur l’animation du début d’année. « On n’est pas à l’abri d’une reprise des cessions », poursuit Luc Fialletout, qui constate que le marché se grippe à cause de l’inéluctable montée des cessions de parts sociales de SEL qui compliquent les transmissions. « Il y a un blocage des négociations entre acquéreurs et vendeurs sur ces cessions, explique-t-il. Le vendeur ne se résout pas à dissoudre sa SEL pour vendre son fonds et l’acquéreur refuse de racheter des parts si une décote n’est pas appliquée sur leur prix, tenant compte de la fiscalité latente sur les plus-values de cession et les réserves. Le marché est moins à l’aise sur la cession de parts de SEL car il est en manque de repères et d’usage. »
UNE BAISSE QUI S’EST BIEN INSTALLÉE
Depuis le 29 septembre 2012, les dossiers des SPF-PL peuvent être instruits par l’Ordre pour inscription. « Le fait de pouvoir accéder aux holdings devrait redonner de la fluidité au marché et avoir un effet psychologique positif sur les comportements des pharmaciens », espère Luc Fialletout. Concernant les chutes des cessions de fonds, elles s’expliquent par l’incohérence des prix pratiqués qui troublent les acquéreurs potentiels et freinent la fluidité du marché. Par ailleurs, « les banquiers sont aussi revenus à des positions plus prudentes en demandant aujourd’hui un apport en capital bien plus conséquent que par le passé », constate Michel Watrelos, expert-comptable du cabinet Conseils et Auditeurs Associés.
La pharmacie reste malgré tout perçue par les banques comme un outil de capitalisation « sécuritaire ». La baisse inévitable du prix des fonds n’altère en rien l’intérêt capitalistique de l’investissement.
Le principal facteur qui a fait augmenter le prix des officines par le passé – l’augmentation constante du CA – a disparu. A la baisse des volumes en début d’année, le marché officinal répond par un nouveau tassement des prix. Le peu de visibilité à moyen terme des rentabilités à venir, la fin annoncée de certains avantages financiers liés au générique, le contexte économique et les déficits publics, les difficultés pour obtenir un accord de financement, les perspectives de départ en retraite des pharmaciens du baby-boom concourent à faire baisser les prix des officines. Le prix de vente exprimé en multiple de l’EBE a chuté en moyenne de 8,60 en 2010 à 7,88 en 2011 (source CGP, sur la base d’une centaine de cessions), ce qui le rapproche de la « juste valeur économique » de l’officine.
« Les acquéreurs, qu’ils soient primo-accédants ou non, prennent conscience qu’ils investissent avant tout dans un outil de travail qui doit leur permettre d’en vivre décemment après avoir remboursé leurs emprunts et payer leurs impôts, signale Olivier Desplats, expert-comptable du cabinet Flandre Comptabilité Conseil. Le marché n’a pas fini l’ajustement des prix par rapport à la rentabilité. » Les prises de participations en SEL et la caution financière des investisseurs aux côtés de jeunes exploitants soutiennent le marché en volume mais aussi parfois en valeur. L’intérêt fiscal de l’impôt sur les sociétés qui augmente la capacité d’emprunt de l’acquéreur et les taux d’emprunt très bas de ces cinq dernières années jouent un rôle d’amortisseur de la baisse des prix.
LA CRISE A DES EFFETS HAUSSIERS
Sur les baisses de prix, Séverine Dehaes, avocate chez Advis, a un avis partagé : « Dans le Sud, les prix chutent sur les affaires les moins recherchées parce que les banques ont mis le holà sur le financement de tels biens, mais, a contrario, des acquéreurs achètent encore à plus de 100 % des officines qui sont au top de la rentabilité », observe-t-elle. A l’autre bout de la France, au Nord et à Paris où les prix ont sacrément chuté en moyenne, François Gillot, expert-comptable du cabinet Conseils et Auditeurs Associés, constate les mêmes excès : « La barre des 100 % du chiffre d’affaires TTC reste allègrement franchie sur certaines affaires très prisées. »
La situation des officines restées en « bonne santé » durant la crise est à bien des égards enviable sur le marché des transactions. On constate, en effet, que pour les titulaires ayant su préserver (par talent ou par chance) chiffre d’affaires et rentabilité, il existe bien une forme de rigidité à la baisse du prix de cession. Leurs officines se trouvent doublement courtisées, non seulement parce qu’elles sont peu nombreuses, mais de surcroît parce qu’elles obtiennent des résultats atypiques qui leur confèrent un véritable brevet de résistance à toute épreuve. Les repreneurs sont donc très sensibles à leur indiscutable attrait, et se retrouvent davantage à se les disputer. Ceci est d’autant plus vrai que les repreneurs sérieux et argentés ont vu ces dernières années leur « temps d’attente » augmenter sensiblement. Ils sont donc contraints, à un moment donné, d’agir et sortir du bois.
Conclusion, les pharmaciens dont les fonds de commerce sont encore des « pépites » peuvent se réjouir. La valeur de leur actif n’a pas réellement baissé. Dès lors, la situation des repreneurs devient cornélienne : vaut-il mieux attendre en regardant passer les trains, acheter à bas prix une affaire en difficulté dans une conjoncture morose, ou bien acquérir à prix élevé une affaire solide ?
AUVERGNE72 % du CA
Comme en 2010, l’Auvergne reste la région la moins chère avec un prix de cession à 72 % du CA. Elle perd même 3 % entre 2010 et 2011. En revanche, le nombre de mutations est en forte hausse : + 14.
PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR94 % du CA
C’est, Corse mise à part, la région la plus chère de France avec un prix de cession à 94 % du CA. Elle souffle la première place qu’occupait l’Alsace en 2010. Si cette dernière chute de 5 % entre 2010 et 2011, PACA se maintient. Sauf pour le nombre de mutations : – 3 entre 2010 et 2011.
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