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Les LABM en pleine bulle financière

Publié le 5 juin 2010
Par Francois Pouzaud
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La crise et la baisse de cotation des actes de biologie semblent épargner les LABM. Par le jeu des regroupements, les structures grossissent en taille et la rentabilité se consolide. Du coup, les prix de cession grimpent de façon vertigineuse.

Pris dans le tourbillon d’une réforme de grande ampleur de leur réglementation et face aux enjeux de la loi HPST, les laboratoires d’analyses et de biologie médicale (LABM) se regroupent à vitesse grand V pour créer des mégastructures allant de 10 à 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et ce depuis une ordonnance du 13 janvier 2010. Elle laisse la voie libre aux implantations multisites, sans autre limitation que celle liée à la localisation de ces sites sur au maximum trois territoires de santé infrarégionaux limitrophes. L’ordonnance assouplit donc la réglementation qui autorisait jusque-là une SEL à exploiter au plus cinq laboratoires.

Les biologistes incités à vendre vite

Tout ceci n’est pas sans conséquence sur les prix de cession des LABM. « Les prix se sont hissés à des niveaux qui font rêver ! », rapporte Philippe Taboulet, expert-comptable du cabinet Audit Révision Conseil. Cela devrait inciter les biologistes à vendre rapidement pour profiter des opportunités fiscales sur les plus-values professionnelles ou pour se soustraire aux nouvelles contraintes. La biologie baigne donc dans une « bulle » financière. « Les ventes se font par téléphone et il y a même des enchères fermées dans certains cas », poursuit-il.

Un prix de vente à 2,8 fois l’EBE

Selon Interfimo, la moyenne des prix de cession est proche de 100 % du chiffre d’affaires (contre 85 % en 2006), 60 % des transactions s’inscrivant dans une fourchette allant de 80 % à 114 %. Différence essentielle avec l’officine : le prix de cession varie selon la nature de la clientèle. La clientèle directe est la mieux valorisée (125 %); en revanche, le prix du chiffre d’affaires obtenu par des accords contractuels ou des relations plus ou moins formalisées est décoté, comme par exemple l’activité « clinique/hôpital » (80 %).

En outre, la rentabilité des LABM est sans commune mesure avec celle des officines. Le prix de vente s’établit à 2,8 fois l’EBE (retraité de la rémunération et cotisations du titulaire). « Toutefois, la corrélation entre l’EBE et le prix du chiffre d’affaires ne se vérifie pas dans tous les cas, certains laboratoires se vendant à des prix élevés alors que la rentabilité demeure plus ou moins moyenne », précise Philippe Taboulet.

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Les SEL plébiscitées

Les sociétés d’exercice libéral ont pleinement investi le terrain des laboratoires de biologie. D’après l’étude sur les prix de cession d’Interfimo, 95 % des acquéreurs de fonds libéraux choisissent cette forme juridique, parmi lesquels 81 % optent pour la SELARL. Actuellement, plus de 60 % des LABM sont exploités en SEL. Il faut aussi noter que la moitié des rachats de parts est réalisée par des personnes physiques, 42 % par des SEL et 10 % par des holdings de financement.