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« Le travail doit être rémunéré correctement ; la plus-value, toujours éventuelle, n’est qu’un bonus »
Depuis plus de trente ans, la plus-value a été une motivation essentielle sur le plan financier pour le titulaire : les chiffres d’affaires augmentaient régulièrement et les prix suivaient grâce au laxisme des banques qui n’ont pas voulu anticiper les conséquences du déficit croissant de la Sécurité sociale, en particulier depuis 2000. Ainsi le titulaire acceptait d’avoir un revenu de son travail très faible (3 000 € avant impôt) pour plus de 50 heures de travail par semaine lorsqu’il achetait une officine. Car le remboursement du prêt absorbait la quasi-totalité des résultats. Au bout de quelques années, le poids de la fiscalité et des cotisations sociales obligeait à vendre : la plus-value venait compenser la faiblesse du revenu du travail. Or, les SEL sont venues diminuer cette incidence fiscale et sociale, mais elle est en sursis.
L’année 2010 marque une page décisive. Pour la première fois, les journaux professionnels se font l’écho de la baisse inéluctable des prix de cession, relayant en cela les experts-comptables spécialisés. Depuis dix ans, j’alerte sur la disparité du marché entre prix, rentabilité et perspectives.
Si la profession avait pris conscience plus tôt de cette évidence, cela aurait évité à de nombreux pharmaciens de connaître des situations financières désespérées.
Depuis longtemps, on évoque la valorisation à cinq à six fois l’EBE, alors que le niveau est aujourd’hui parfois de 9 ou 10.
Si la valorisation redevient cohérente, les jeunes pharmaciens pourront s’installer normalement. La première valeur est le travail qui doit être rémunéré correctement : la plus-value, toujours éventuelle, n’est qu’un bonus.
Personne n’a envie de vendre moins cher qu’il n’a acheté. Mais si les acquéreurs devenaient plus exigeants, les vendeurs seraient contraints de baisser leur prix. Comme les pharmaciens ont très peu de formation financière et fiscale, il est impératif que les experts-comptables qui les conseillent éclairent sérieusement chaque projet. Or, cela n’a pas été assez le cas jusqu’en 2009. Cette prise de conscience est impérative de la part des pharmaciens, mais aussi des agences de transactions. Car, aujourd’hui, ce ne sont pas les vendeurs qui fixent le prix du marché, mais les acquéreurs, voire les banques. Celles-ci ont-elles intérêt à voir les prix trop baisser, ce qui dévaloriserait leur stock de nantissements et les obligerait à passer de très fortes provisions ?
Il n’est pas possible de déterminer un rapport préétabli entre la rémunération du travail, qui est un élément de décision de gestion, et une plus-value toujours hypothétique. Mais nous pouvons situer le revenu du travail à un minimum de 4 000 € net de charges sociales pour un jeune pharmacien qui, après cinq ans d’assistanat, devient titulaire.
Quant à la rémunération du capital, pour 200 000 € d’apport personnel, le pharmacien doit simplement raisonner en outil de placement. Placé en assurance vie, cet apport est rémunéré avec un taux de 4 %. Dans l’officine, le pharmacien doit également déterminer le pourcentage qu’il souhaite retrouver dans sa plus-value, par exemple 8 %, soit 16 000 € par an.
Or, ce coefficient pourrait diminuer si l’on prenait en compte les mesures inéluctables qui seront imposées par Bruxelles pour réduire le déficit de la sécurité sociale (baisse de prescriptions, baisse de marges, baisse de prix des médicaments), le non-remplacement de médecins en milieu rural, la présence de discounters et la volonté de mainmise de l’OTC par la GMS.
Le pharmacien doit enfin comprendre que son monopole n’est plus une garantie totale pour toute sa carrière. Mais il y aura toujours, comme dans toute activité professionnelle, des pharmaciens qui réaliseront d’importantes plus-values parce qu’ils sauront dénicher une officine avec potentiel et qu’ils sauront la valoriser.
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