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Faire face à la liquidation de son fournisseur
Quand le pharmacien est victime de fournisseurs insolvables, des dizaines de milliers d’euros sont en jeu. Sur ce point, la liquidation de Novax, une société de communication multimédia mise en liquidation judiciaire depuis avril 2008, constitue un cas d’école. Qu’ont fait les anciens clients de Novax pour minimiser les effets indésirables de la liquidation de leur fournisseur ? Trois solutions pour tenter de sortir du tunnel.
Lorsque la société liquidée est un fournisseur de matériels et de contenus multimédia, la responsabilité du pharmacien peut être engagée sur le plan financier. C’est ce que nous enseigne les faillites en cascade des loueurs de télévisions vidéo DCM, SDMT ou Etoile Télématique, de Jidéa (2006) et de son repreneur Cybervitrine (2008), de Dycom Pharma (2008) et, plus récemment, de Novax (lire Le Moniteur n° 2752). Les pharmaciens engagés avec ces fournisseurs ont, en effet, été contraints de payer les loyers à l’établissement de crédit jusqu’au terme de leur contrat de location pour un matériel dont ils n’avaient plus l’usage, faute de maintenance et d’actualisation des contenus. A titre d’exemple, les 2 347 officines clientes de Novax continuent à verser un loyer moyen mensuel de 350 euros. Et les recours qui ont opposé les pharmaciens aux sociétés de leasing n’ont, pour le moment, jamais abouti. Pour autant, les pharmaciens qui étaient liés à Novax ont tenté de trouver des solutions. Les voici.
1. Créer une association
Après la liquidation judiciaire de Novax, Olivier Mayet, son fondateur, a créé, avec d’anciens clients, une association à but non lucratif afin de reprendre la prestation de services et la maintenance. Cette association s’est alors proposée comme repreneur auprès du tribunal de commerce.
L’idée est astucieuse mais elle peut se révéler difficilement réalisable. « L’initiative de l’association des pharmaciens utilisateurs du concept Novax – qui regroupe 200 officinaux – aurait pu être opérationnelle très rapidement et permettre aux pharmaciens lésés par la faillite de retomber rapidement sur leurs pieds via l’actualisation des contenus moyennant 350 euros par an », témoigne Olivier Mayet. Mais le projet a avorté en raison de la lenteur de la procédure. « L’association est devenue obsolète au bout de quelques mois car le personnel de l’ex-société Novax qui pouvait faire vivre les contenus n’a pas pu attendre la décision judiciaire. De plus, l’offre de l’association – 160 000 euros avec un volet social – n’était plus suffisante. » Le fondateur de Novax a alors été contraint de retirer son offre de reprise.
2.Gérer le quotidien avec le système D
Quand un fournisseur de contenus multimédias met la clé sous la porte, il faut, de manière urgente, assurer le service minimum pour ses clients dans la mesure du possible. C’est le cas de Jean-Michel Gérand. Ce titulaire à Ruillé-sur-Loir (Sarthe), ex-client de Novax, actualise lui-même les boucles de présentation des produits initialement conçues par la société de communication. Il consacre deux à trois heures par mois pour les prises de photos, l’actualisation des prix et des promotions, la recherche sur Internet et la modification des boucles. Et ce tout en continuant à payer la totalité de la prestation initiale, soit 250 euros HT par mois pendant deux ans, puisqu’il ne peut rompre son contrat. Pour le pharmacien, la pilule est donc plutôt difficile à avaler. « L’investissement lié à mon contrat avec Novax, soit 15 000 euros, aura été pour moi plus élevé que le budget pour renouveler mon système informatique », reconnaît-il.
3. Porter l’affaire en justice
Pierre Cazenave, titulaire de la Pharmacie Saint-Médard à Mont-de-Marsan (Landes), a choisi de porter l’affaire en justice avec une trentaine d’autres pharmaciens. « Les sociétés de financement avec lesquelles nous avons passé un contrat n’entendent pas diminuer les crédits suite à la faillite de Novax et à la cessation de l’actualisation des contenus et de la maintenance matérielle. Trois organismes de leasing différents sont concernés (CGE, GE Capital et Siemens) et nous avons pris trois avocats qui cherchent les failles dans les différents contrats. Des procédures sont en cours et devraient aboutir à la désignation d’un seul tribunal compétent, à Bordeaux, juridiction dont relève Novax », raconte Pierre Cazenave, qui centralise aujourd’hui les demandes des pharmaciens qui souhaiteraient se joindre à cette action collective. Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle : le montant des dettes des pharmaciens anciens clients de Novax s’élève de 10 000 à 20 000 euros.
Novax repris par Pharmagest
La mésaventure de Novax touche enfin à sa fin. Après la liquidation prononcée en avril 2008 et deux appels d’offres infructueux, Pharmagest est depuis début avril le repreneur officiel des licences et des bases de données. La SSII compte proposer à l’ex-parc Novax une solution d’actualisation des contenus des écrans moyennant un package dont le tarif mensuel – environ 40 Û – sera proche de celui qu’elle propose aux titulaires équipés Offimédia. Mais Olivier Mayet, l’ex-fondateur de Novax, n’a pas dit son dernier mot. En effet, les anciens clients de Novax peuvent, via leur association, et au vu de l’examen détaillé de leurs contrats, rester libres d’actualiser leurs contenus multimédias avec le prestataire de leur choix puisqu’ils utilisent librement le logiciel et la base de données pendant la durée de leur contrat. Olivier Mayet espère impliquer dans cette démarche l’un des leaders mondiaux du multimédia qui gère déjà la communication de chaînes de pharmacies dans plusieurs pays européens, avec une solution Internet et un système d’intéressement pour les pharmaciens via une régie publicitaire avec les laboratoires.
France Télécom va bientôt investir le marché
La concurrence s’annonce donc particulièrement rude pour le nouveau repreneur de Novax. En outre, s’il reste aujourd’hui peu d’acteurs sur ce marché (Pharmagest, Alliadis, Futuramédia, Agephie, Easypop et TV Croix verte), l’arrivée de France Télécom devrait bouleverser la donne en 2009. La société va en effet investir le créneau de la communication multimédia des officines en partenariat avec quelques laboratoires.
Je n’ai pas pu céder mon contrat au repreneur de mon officine
Sylvie Bréquigny, ancienne cliente de Jidéa, avait opté pour une reprise de la maintenance et des contenus par Cybervitrine avant de céder son officine. Mais elle n’a pu céder son contrat multimédia à son successeur et a dû solder les sommes qu’elles devaient à la société de leasing, soit près de 18 000 euros, avant de négocier avec difficulté une contribution partielle du nouveau titulaire. La pharmacienne a alors appris à ses dépens que les contrats de leasing des sociétés multimédias ne sont pas cessibles.
Mes écrans ne fonctionnent plus
Catherine Reynal, également ancienne cliente de Jidéa, estime avoir été victime d’une véritable escroquerie. « J’ai payé pendant deux ans, en pure perte, des mensualités de 150 euros à une société de leasing. Mes écrans sont tombés définitivement en panne il y a six mois. Je n’ai jamais repris de fournisseur de contenu pour ne pas alourdir la facture. »
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