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Concentration d’entreprises : les bonnes raisons de marcher ensemble
En 2014, le réseau officinal comptait 21 914 pharmacies. Aujourd’hui, on en dénombre plus que 19 676, soit 10 % de moins ! « Cette décroissance n’est pas tant liée à des fermetures sèches et définitives, mais plutôt à un phénomène de concentrations pour faire face aux nombreux bouleversements auxquels la profession est confrontée : hausse du poids des frais de personnel et nécessité de réduire les coûts, évolution de la démographie médical et donc du maillage territorial, nouvelles missions à accueillir, etc. », témoigne Tony Maurissat, chef de mission et expert-comptable du cabinet Extencia, qui a accompagné l’an dernier 43 projets d’installation. « Puisque cette tendance devrait perdurer », augure l’expert, autant s’y préparer le mieux possible. Que ce soit pour embrasser le mouvement ou le décliner, d’ailleurs. « Certaines pharmacies tirent parfaitement leur épingle du jeu seules. L’important est de pouvoir faire son choix en toute liberté, et non de vivre une association ou un regroupement comme une contrainte, une obligation dictée par les circonstances. »
Une aide pour les nouvelles missions
Diversifier ses activités réclame mécaniquement davantage d’espaces, de personnels, de nouveaux outils, du temps aussi pour se former. L’union fait ici la force : à plusieurs, les investissements seront partagés et donc plus faciles à engager. « Elle permet aussi d’atteindre une taille critique de personnels pour faciliter leur spécialisation – un préparateur maîtrisant la dermocosmétique, un autre la micronutrition, etc. – et de proposer ainsi des prestations propres aux attentes de la patientèle de la pharmacie », loue l’expert-comptable d’Extencia.
Rééquilibrer l’offre et la demande
Une population qui décline, des médecins qui s’exilent et une baisse du nombre d’actes au comptoir du fait d’une trop grande densité d’officines au km2… Face à cette recomposition territoriale, le regroupement apparaît comme l’une des solutions. « De nos jours, il est fréquent qu’une pharmacie au chiffre d’affaires modeste, dont la vente peut être difficile, soit rachetée par des officines voisines. Ces dernières s’associent pour mener à bien l’acquisition, puis ferment l’établissement afin d’intégrer sa patientèle », remarque Tony Maurissat. Une manière de rééquilibrer l’offre et la demande et de faire face aux baisses de rentabilité.
Un bon moyen de mettre le pied à l’étrier
Les primotitulaires ont de plus en plus de mal à réunir les fonds nécessaires à leur installation. « En 2023, le prix de cession moyen d’une pharmacie en France était d’environ 1,75 million d’euros et l’apport personnel se situait entre 20 et 30 %. » D’où la tentation évidente de se lancer à plusieurs pour réduire les coûts d’investissement.
Se renforcer en maintenant son autonomie
Subir une dépendance croissante est une crainte légitime, surtout dans une profession où l’exercice solitaire a longtemps été la norme. Mais l’association et la décision prise en commun ne riment pas nécessairement avec concession, sacrifice et perte de pouvoir. « Des solutions alternatives existent pour mettre des moyens en commun sans rien sacrifier à son autonomie. Les groupements d’intérêt économique et les centrales d’achats permettent de concentrer les achats, de sécuriser les approvisionnements et de négocier des tarifs plus avantageux. Cette collaboration peut également s’inscrire dans une vision plus large de coopération territoriale grâce à des projets de santé territoriaux ou à des centres de santé pluridisciplinaires », assure l’expert-comptable.
Un pas à la fois
Avant un éventuel regroupement, certains pharmaciens débutent leur association par une participation croisée. Chacun investit dans l’officine de son binôme, ce qui permet de mutualiser les commandes, de partager le personnel mais surtout d’éprouver tout futur partenariat avant de faire boutique commune. Ou quand concentration ne signifie pas nécessairement précipitation.
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