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Ce qu’il faut changer en 2009

Publié le 16 mai 2009
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Lors de Pharmagora, des spécialistes de la transaction se sont interrogés sur la valorisation des fonds et sur les perspectives du marché en 2009. Leur conclusion : faut que ça change !

Les difficultés économiques que traverse l’officine et la crise de confiance qui s’est abattue sur le marché des transactions en 2008 (14 % de mutations en moins) remettront-elles en cause le mode de valorisation en fonction du CA TTC ? Les spécialistes réunis le temps d’un débat à Pharmagora ne le pensent pas, même si la pertinence de cette méthode d’usage est de plus en plus contestée aujourd’hui.

« L’approche rudimentaire par le CA est le cas général en matière d’évaluation d’entreprises libérales », a fait remarquer Luc Fialletout, directeur général adjoint d’Interfimo. Mais, selon lui, l’année détestable que viennent de vivre les pharmaciens leur a fait perdre quelque peu leurs repères et devrait à l’avenir faciliter les raisonnements économiques par l’EBE, jusqu’ici insuffisamment entrés en application. « Les raisonnements approximatifs en pourcentage ne sont plus sous-tendus par des progressions en valeur de l’EBE, nous sommes aujourd’hui confrontés à un vrai problème de capacité de remboursement des acquéreurs sur la base des évaluations de ces derniers mois », a-t-il alerté.

L’évolution du marché dépend des banques

Dans un contexte de croissance du CA et de la rentabilité, un acquéreur peut se permettre de surpayer une pharmacie. « S’il achète 100 % du CA TTC et réalise 7 % de progression la première année, il a payé en réalité 93 %, ce qui n’est finalement pas très cher par rapport à la vraie rentabilité économique du fonds », a expliqué Philippe Becker, directeur du département pharmacie de Fiducial Expertise.

Mais lorsque l’EBE baisse ou stagne, le marché doit s’ajuster. « La baisse des prix se heurte beaucoup moins à l’incompréhension des vendeurs qu’il y a quelques mois, a observé Luc Fialletout. Si le monopole de propriété est confirmé et si les outils modernes de transmission (SPF-PL) sont vite mis à la disposition de la profession, le marché devrait passer sans trop de dommages les mois qui viennent. »

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Philippe Becker a invité les acquéreurs à patienter. De son côté, Stéphane Simonetti, du cabinet Channels, confirme « qu’il est encore très compliqué de faire baisser les prix sur les gros CA en raison de la forte demande ». L’évolution du marché dépend beaucoup de l’attitude des banques. « Malgré des capitaux propres jugés suffisants, les banques ont bloqué jusqu’ici les projets que je leur ai présentés parce que le prix ou le loyer de la pharmacie était trop cher », a raconté Stéphanie Laniez, une jeune adjointe qui cherche à s’installer en solo. Pour optimiser ses chances d’installation, elle présente des prévisionnels bâtis sur une hypothèse de croissance de 1 % et sous un mode d’exploitation à l’IS. Mais n’a-t-elle pas davantage intérêt à intégrer une grosse structure et à exercer en association ? « On ne peut pas envisager que chaque nouvel installé sera à la tête de sa pharmacie », a averti Luc Fialletout.

Une prime à l’insertion pour son salarié

Le rassemblement de pharmaciens au sein de grosses unités n’augmentera pas fatalement le ticket d’entrée puisque le jeune achètera une proportion plus faible du capital de la société exploitante. « Chez les avocats d’affaires et les experts-comptables, il y a une réelle prime à l’insertion (décote sur le prix) d’un ancien salarié qui devient associé ; ce type de comportement va s’instaurer peu à peu dans les unités pharmaceutiques importantes », a conclu Luc Fialletout.

Dans le secteur de la restauration, Patrick Gonzalez a ainsi signalé des baisses de prix de 30 % à 40 % lorsque le cédant partant à la retraite travaille pendant un an avec l’acquéreur avant de lui passer le témoin.

Tous les moyens sont bons

Thomas Gosselin a 26 ans et cherche depuis un an à s’installer. Pour trouver l’officine de ses rêves, il a décidé de sillonner les allées pendant les trois jours du salon Pharmagora avec un tee-shirt « Cherche officine à acheter » mentionnant également l’adresse de son site Internet. « Je voulais sentir le marché en direct, sans le filtre des intermédiaires habituels », explique-t-il. Le succès de sa démarche a dépassé toutes ses espérances. « Les gens étaient amusés par ma communication et m’abordaient spontanément, soit pour me proposer des affaires, soit simplement pour dialoguer. Les contacts ont été très chaleureux (une cinquantaine, sans compter ceux noués avec les cabinets de transactions, les grossistes…) et enrichissants avec des confrères qui se sont gentiment prêtés au jeu. » Thomas Gosselin se retrouve aujourd’hui avec des dizaines de dossiers à étudier !