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Amortissement du fonds, hausse des taux et de l’inflation : un cocktail explosif ?
Si le marché des transactions a été dynamisé par la crise du Covid-19, il convient d’être vigilant par rapport aux futures opérations d’acquisitions/cessions dans une période d’inflation des prix des officines sur le premier semestre 2022 et de remontée des taux.
Il y a beaucoup de demandes et peu d’offres, ce déséquilibre fait augmenter artificiellement les prix, et prévaut aujourd’hui sur un marché jusqu’ici plus rationnel en matière d’analyses économiques », rapporte Hugues Spriet, de Pharma Cession Conseil. En effet, les pharmacies se vendant au-delà de 100 % du chiffre d’affaires (CA) HT sont légion. Jérôme Capon, directeur du réseau d’Interfimo, confirme cette consolidation des prix à la hausse, pour le moment sans conséquence sur la solidité des dossiers « dans la mesure où cette survaleur est financée par un complément d’apport personnel », explique-t-il.
Autre effet inflationniste des prix des officines : la possibilité d’amortissement du fonds commercial. Elle offre une fiscalité avantageuse à l’acquéreur qui achète le fonds. « Cette disposition de la loi de finances pour 2022 vient perturber la valorisation des fonds de pharmacie, ce dont on n’a pas forcément besoin dans une période où, par ailleurs, il faut retraiter le CA et les marges liés au Covid-19 des comptes de résultat des cédants afin de sortir un résultat normatif qui ne polluera pas cette valorisation », estime Louis Maertens, expert-comptable du cabinet FCC (groupe CGP).
Une nouvelle bulle spéculative serait-elle en préparation ? La précédente date d’une quinzaine d’années « mais elle s’était résorbée progressivement avec le temps sans éclater », note Jérôme Capon qui n’exclut pas ce scénario : « Toute aide fiscale ou toute augmentation de la durée du crédit (sur 15 ans) peut entraîner une tendance inflationniste et une déconnection des prix de la valeur économique (rentabilité) des officines. » Dans un contexte de remontée plus rapide que prévu des taux, cette bulle pourrait-elle être jugulée ? « Une remontée multipliée par 3 des taux, de 0,80 à 2,40 %, se traduirait par 8 500 € d’intérêts supplémentaires à payer par an par tranche de 1 million d’euros de CA, soit environ 100 000 € en plus sur 12 ans », calcule Arnaud Loubier, président du directoire d’Interfimo. Toutefois, « ce surplus d’intérêts déductibles n’est pas de nature à remettre en cause les business plans », rassure-t-il. Un avis partagé par Jérôme Capon : « Ce n’est pas la remontée des taux et le différentiel d’intérêts à payer qui feront que le dossier sera accepté ou pas. » Néanmoins, « la hausse des taux doit être anticipée dans les prévisionnels », ajoute Louis Maertens. « La hausse de l’inflation me gêne plus que l’augmentation des taux, car elle va se répercuter sur les charges des entreprises, notamment sur le poste des salaires, créer des tensions assez fortes en matière de coûts et de difficultés », confie Jérôme Capon. « L’inflation des coûts des achats de l’entreprise va devenir un sujet d’attention dans l’analyse du compte de résultat », enchaîne l’expert-comptable de CGP.
Un premier exercice le plus long possible
Faut-il saisir l’opportunité fiscale d’amortissement du fonds ? La réponse réside dans une analyse au cas par cas. Pour qu’un dossier passe avec amortissement auprès du banquier, « il faut que l’acquéreur présente deux dossiers, un avec et un sans amortissement, le dossier sans constituera la base de référence et le dossier avec sera optionnel, car il n’est pas certain qu’il soit mis en place par l’acquéreur », explique Jérôme Capon. C’est en effet une décision qu’il aura à prendre au terme du premier exercice comptable. « Le néotitulaire doit se donner le plus de recul possible (par exemple 24 mois), une durée plus longue est par ailleurs davantage adaptée pour absorber les frais d’acquisition », recommande Louis Maertens.
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