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Victimes de l’environnement

Publié le 5 octobre 2002
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Une ZUP à la dérive

A Blois, Françoise Arzur a pu prendre une semaine de vacances pour la première fois en deux ans. Installée depuis 14 ans dans sa petite officine de la ZUP de Blois, seule depuis fin 2000, elle se débat dans ce quartier à la dérive, qui a perdu une partie de sa population. « C’est devenu un quartier de pauvres, explique-t-elle, avec une clientèle en grande partie étrangère, tous ceux qui avaient un peu d’argent sont partis. » Le petit centre commercial où elle s’était installée comptait à l’origine douze commerces, il n’en regroupe plus que quatre. « Mais j’aime ce quartier, tient-elle à préciser, j’y effectue un travail social en lien avec les habitants, on sert vraiment à quelque chose. »

Après avoir tourné avec quatre salariés, l’officine (900 000 Euro(s) d’activité) ne fonctionne donc plus qu’avec sa titulaire. Malgré l’aide de son mari retraité pour la comptabilité, la charge est lourde : « Alors que je devrais fermer à 19 heures, je suis presque toujours là à 21 heures. » Elle ne craint pourtant ni la solitude, ni l’insécurité – « j’impose le respect » -, mais avoue pourtant une certaine lassitude et pourrait désormais tirer le rideau le samedi après-midi. Mais pas question pour autant de déménager.

Une catastrophe imprévisible

5mai 1996, les locaux parisiens du siège du Crédit lyonnais prennent feu. Alors installée depuis dix mois à proximité, Catherine Blanc subit depuis, jour après jour, le bruit (et la poussière) des travaux en cours. Pour elle, l’incendie « a été fatal » : « J’ai racheté la pharmacie à prix fort (97 % du CA) à un couple de retraités qui la gérait « à l’ancienne ». Les perspectives d’évolution étaient réelles vu la clientèle drainée par le Crédit lyonnais. » Or, du jour au lendemain, les 2 500 salariés de la banque ne se retrouvèrent plus que 550, la rue de Choiseul fut barrée et le CA de l’officine dégringola de 40 %. Malgré une assurance perte d’exploitation, Catherine Blanc n’a été indemnisée que de 60 000 francs. Mais avec la volonté ferme de remonter la pente, il lui a fallu quatre ans pour retrouver son CA de base (244 000 Euro(s)). « Je commence tout juste à sortir la tête de l’eau. J’étais lessivée, au bord de la déprime. » Et de raconter qu’elle fut l’objet de quatre braquages en l’espace de trois mois ! Vivant dans la crainte, elle a alors adopté un berger husky colossal. « Le chien ne me quitte pas. Sa présence est plus que dissuasive. »

La fin de la réfection du Crédit lyonnais est prévue pour 2003…

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Un seul être vous manque

A 45 ans et après quinze années d’exercice en solitaire à Bagnols-les-Bains en Lozère (250 habitants), Nadine Chaudesaigues est décidée à vendre prochainement après avoir un peu remonté la pente : « J’aspire à quelque chose de plus cool, moins tracassier, par exemple en association et en me rapprochant d’une grande ville. Le fait d’exercer seule n’est pas un problème, bien au contraire : il suffit d’être méthodique et organisé pour bien gérer son temps. C’est vraiment une bonne école : après ça, on peut exercer dans n’importe quelles conditions. Mais avant de s’installer, il faut prendre garde au contexte, à l’environnement économique et ne pas se laisser séduire que par la beauté et la tranquillité d’un site. Personnellement, c’est l’absence d’un médecin dans la commune pendant de trop longs mois qui m’a fait craquer. » Son CA s’était immédiatement effondré alors qu’elle s’en était toujours sortie jusque-là.