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Une association intergénérationnelle à Crolles

Publié le 17 octobre 2020
Par Francois Pouzaud
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En Isère, deux pharmaciennes se sont associées pour acquérir une pharmacie de belle taille via une SPF-PL. Leur différence d’âge est un atout.

La pharmacie Belle Etoile porte bien son nom. Ouverte sur la dent de Crolles, un des sommets de l’Isère les plus prisés des touristes et des randonneurs, située dans une banlieue attractive de Grenoble, la vallée du Grésivaudan, elle a séduit Blandine Lucas-Pourresy et Dominique Vernet-Voisin. Ses caractéristiques aussi : un chiffre d’affaires de 2,264 M€ HT avec une très bonne rentabilité, des locaux modernes et fonctionnels, un local commercial de plain-pied (200 m2, dont environ 100 m2 pour l’espace clientèle). La pharmacie dispose également d’un grand parking public de plus de 100 places. Le pôle commercial (supermarché, restaurants, etc.) et tous les commerces de proximité génèrent un flux important en provenance des communes voisines (Froges, Brignoud, Bernin). Une sortie d’autoroute se situe à moins d’1 km de l’officine, ce qui facilite les échanges entre la commune et l’agglomération. Enfin, la commune de Crolles, qui dispose d’une population aisée, accueillera 400 logements entre 2020 et 2022 dans le cadre de la création d’un écoquartier.

Pourtant, pour sa première acquisition à 43 ans, Blandine Lucas-Pourresy, diplômée en 2004, souhaitait s’installer seule dans une petite pharmacie. Elle s’est laissée convaincre par les arguments de Daniel Genin, de l’agence Pharmacessions, qui lui a fait rencontrer sa future associée. A l’inverse, Dominique Vernet-Voisin, diplômée en 1987, était prédisposée à l’association. Elle a précédemment exploité à Chambéry (Savoie) une pharmacie de taille moyenne « que j’ai créée par voie dérogatoire en 1999 et revendue en 2011. Je me suis ensuite consacrée à mon fils qui avait 5 ans à l’époque », précise-t-elle.

Selas avant cession

Même vision de l’entreprise, mêmes motivations, les deux pharmaciennes scellent rapidement leur association et montent une holding (société de participation financière de professions libérales, SPF-PL) pour racheter les titres de la société d’exercice libéral à responsabilité limitée (SELARL) exploitant le fonds. « On reprend toutes les deux en même temps une pharmacie, un associé ne peut donc pas prendre l’ascendant sur l’autre comme cela peut être le cas quand un titulaire accueille un nouvelle associé dans sa société », souligne Blandine Lucas-Pourresy. Mieux, « Dominique Vernet-Voisin me fait partager le fruit de son expérience de titulaire sans jamais me faire sentir cette différence entre nous », apprécie-t-elle. A la tête d’une équipe de sept salariés, dont trois adjoints, les deux cotitulaires travaillent chacune quatre jours par semaine.

A égalité de parts dans la SPF-PL et d’apport personnel, la holding dispose d’un autofinancement global de l’ordre de 480 k€ et sollicite à son nom un emprunt bancaire pour financer l’acquisition des titres (le prix de cession servant de base à l’évaluation des titres a été fixé à 2 M€) et les frais d’acquisition. « La promesse de vente a été signée fin 2018, mais nous n’avons pris possession de la pharmacie que le 1er octobre 2019, car c’était la volonté du cédant de partir à la retraite à cette date », détaille Blandine Lucas-Pourresy. Entre le compromis et l’acte de vente définitif, la SELARL a été transformée en société d’exercice libéral par actions simplifiée (Selas) afin de faire bénéficier aux deux acquéreurs de droits d’enregistrement réduits (0,1 % contre 3 % pour une cession de titres de SELARL). La trésorerie de la future Selas permettra quant à elle de faire remonter 250 k€ à la SPF-PL pour les remboursements d’emprunt.

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