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UNE AFFAIRE À MENER RONDEMENT
Dans le cadre d’un rachat de clientèle, le report dont on peut bénéficier est incertain. Et lors d’un rachat collectif, comment fixer les quotes-parts ? Si l’opération est souvent juteuse, elle n’est pas sans risque, avertissent les experts.
226 fermetures ont été enregistrées par l’Ordre des pharmaciens, en 2018. Parmi elles, 39 % des officines ont fermé leurs portes, sans repreneur et sans compensation financière et 32 % ont fait l’objet d’une cession de clientèle, contre une indemnisation de départ à la retraite. Le rachat de clientèle est souvent une opportunité à saisir et les pharmaciens l’ont bien compris. « Il est légitime de se préoccuper de l’évolution de sa zone de chalandise. Quant au titulaire sortant, mieux vaux rendre sa licence en étant indemnisé, même modiquement parfois, ne serait-ce que pour faciliter la reprise du personnel ou des stocks et se désengager de l’immobilier », souligne Laurent Cassel, expert-comptable du cabinet AdequA.
LES PREMIÈRES ÉTAPES
Comme dans toutes transactions financières, acquéreur (s) et vendeur doivent d’abord s’accorder sur le montant de l’indemnité envisagée. Ensuite, se posera la difficulté de la répartition dans le cadre d’un rachat collectif. « Pour décristalliser ce sujet, il peut être prévu une ventilation provisoire du prix, avec un ajustement un an après la fermeture de la pharmacie en fonction des retombées commerciales », livre Laurent Cassel. Bien évidemment, ce process doit être sécurisé juridiquement avec l’intervention d’un expert indépendant (un expert-comptable, par exemple), qui se prononcera en fonction de ses observations dans le temps (taux de fréquentation et évolution du C.A). Par ailleurs, et c’est essentiel, la question de la reprise du personnel (ressource ou charge latente ?) est délicate et peut achopper. Là encore, l’expert propose une formule, en imaginant parfois des compensations financières. Enfin, les parties soigneront la communication auprès des équipes, des patients, des praticiens, des commerçants, et parfois aussi du maire. La fermeture ne doit pas être vécue comme une simple stratégie comptable de maîtrise des coûts, mais plutôt comme une volonté d’augmenter l’offre de produits, de services, de conseils et relations auprès de la population desservie.
UN RISQUE À PRENDRE
“Payer pour rien” est toujours un risque à envisager. En effet, la déperdition du C.A peut s’avérer importante et le report de clientèle sur la pharmacie est loin d’être automatique. Il dépend surtout des flux de circulation. A partir du moment où un client utilise son véhicule pour se rendre à la pharmacie, rien ne l’empêche de rouler quelques kilomètres de plus ! « Il faut être attentif à la consistance de la population et à ses évolutions, pour anticiper des demandes de transfert éventuelles, met en garde Isabelle Métais, expert-comptable du cabinet CFE Expertis. A la différence du regroupement d’officines, la fermeture d’une officine pour cessation d’activité n’entraîne pas le gel de la licence pendant 12 ans. Le pharmacien qui a versé une indemnité peut donc être confrontée à une nouvelle ouverture par voie de transfert. » D’un point de vue légal, rien n’empêche d’ouvrir une pharmacie dans la zone proche de celle qui a fermé, si le nombre d’habitants est jugé suffisant. Et sur le plan fiscal, « l’acquéreur prend aussi le risque que cette opération soit requalifiée en une acquisition de fonds de commerce et de se voir imposer le transfert automatique des contrats de travail. », ajoute-t-elle. Entre plusieurs acquéreurs, la répartition du prix de cession de la clientèle est le point le plus délicat. En la matière, il n’y a aucune règle précise, ni aucun moyen pour garantir que le taux de récupération de la clientèle par pharmacie correspondra au taux prévisionnel ayant servi au calcul de la quote-part du prix d’achat. Ce taux peut s’écarter dans un sens comme dans l’autre, dans des proportions qui peuvent être très variables d’un acquéreur à l’autre.
SEULE LA VÉRITÉ DU TERRAIN COMPTE
A Valenciennes (Nord), neuf pharmacies ont racheté la clientèle d’une officine voisine qui a rendu sa licence. Le montant des participations a été fixé par rapport à la distance et le volume d’activité de la pharmacie acheteuse. « Les quotes-parts contributives se sont situées dans une fourchette de 5 000 € à 85 000 €, sachant que les pharmacies les plus éloignées ne s’attendaient pas à récupérer de la clientèle. Elles ont accepté de payer leur tranquillité, en participant de manière symbolique et solidaire, afin d’empêcher l’arrivée d’une pharmacie discount », précise Nicolas Plumecocq, du cabinet de transaction éponyme, qui s’est occupé de l’opération. A Châteauroux (Indre), des pharmaciens castelroussins ont racheté, par trois fois en quatre ans, la pharmacie d’un confrère pour la fermer. Dans un cas, 50 % du montant du rachat du fonds a été supporté par le confrère le plus proche, 25 % par trois autres officines légèrement plus éloignées et les 25 % restants par le reste des « participants ». A cela, il faut ajouter la prise en charge des frais induits par la fermeture de l’officine (coût des licenciements, leasing informatique à rembourser…) qui a été calculée selon la même répartition que pour la reprise du fonds. En revanche, le rachat du stock a été divisé en parts égales en valeur. Dans un autre cas, le montant de rachat de la clientèle était si faible (70 000 €) que la participation a été identique pour tout le monde. Dans le dernier cas, les pharmaciens participants ont procédé comme à Valenciennes, en prenant comme critères de répartition du prix, la proximité avec l’officine qui a fermé et le C.A de la pharmacie repreneuse.
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