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Un pharmacien crée sa maison de santé

Publié le 16 mars 2013
Par Francois Pouzaud
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La désertification médicale en milieu rural n’est pas une fatalité, et l’initiative privée peut être une solution. Un pharmacien de Meurthe-et-Moselle a ainsi forcé le destin en créant sa propre maison médicale à côté de sa pharmacie qu’il avait transférée quelques années plus tôt.

Apprenant en 2010 qu’un projet de création d’une maison médicale subventionnée est à l’étude dans une commune voisine d’une dizaine de kilomètres de Diarville, où il est titulaire, Fabrice Foltz a pris tous les risques pour relancer son propre projet. En 2003, il transfère son officine sur un terrain de 2 000 m2 acheté 15 € le m2. Hors le parking de 1 000 m2 qu’il fait construire, il lui reste une parcelle libre de 500 m2 pour créer la maison de santé. « Compte tenu du risque financier, je suis allé à l’économie et je suis passé par un constructeur de pavillons qui m’a proposé de déposer un permis de construire pour 1 500 euros ? », raconte Fabrice Foltz.

Deux médecins s’engagent avant les travaux

Une fois le permis déposé, le titulaire cherche des locataires. Son premier prospect est un gynécologue, mais l’Ordre des médecins fait obstacle à sa venue. « Par chance, une jeune généraliste a eu connaissance de mon projet et m’a fait part de son souhait mais aussi de celui d’une de ses consœurs de venir exercer dans la maison de santé, une fois qu’elle serait construite », poursuit-il. Pour figer l’accord et éviter d’autres déconvenues, Fabrice Foltz fait signer une promesse de bail avec un dédit de 10 000 € à chacun des deux médecins en cas de rétractation. « Tout était précisé dans cette promesse, comme le montant des loyers, les charges à régler, la conception du bâtiment… »

Dès lors que la présence de médecins dans les murs de la maison de santé est acquise, le recrutement d’autres professionnels de santé devient plus facile.« J’ai fait venir un kinésithérapeute, un orthophoniste et deux infirmières dans les mêmes conditions. En cas de désengagements, le montant des dédits perçus aurait permis de couvrir les remboursements d’emprunt le temps de trouver de nos nouveaux locataires », explique-t-il. Avec autant d’engagements écrits des locataires des lieux et un apport personnel de 15 %, Fabrice Foltz n’a eu aucune difficulté à décrocher un prêt bancaire sur vingt ans pour financer la construction.

Titulaire, mais aussi maître d’ouvrage et maître d’œuvre

Avec le transfert de son officine, ce pharmacien a emmagasiné de l’expérience sur la façon de suivre un chantier de A à Z. « Je faisais office à la fois d’architecte, de maître d’ouvrage et de maître d’œuvre, ce qui m’a permis d’économiser environ 50 000 euros ! » Par ailleurs, Fabrice Foltz a conçu la maison de santé en utilisant des solutions techniques performantes et économes : chauffage électrique par le sol, remplacement des portes de secours par des baies vitrées, tuiles en béton et non en terre cuite, etc. Au total, 15 % d’économies supplémentaires sur la facture finale.

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Pendant toute la durée des travaux jusqu’à l’ouverture de la maison de santé en juin 2011, il a mis un point d’honneur à associer les futurs occupants au projet, a veillé à ne pas froisser les susceptibilités des uns et des autres et à ménager les ego. « La vie en colocation n’est jamais simple, il était important que les professionnels de santé s’entendent entre eux sur leurs conditions d’exercice », confie Fabrice Foltz.

Consultez les archives sur www.WK-Pharma.fr

Lisez le témoignage de Fabrice Foltz dans l’enquête « Ces pharmaciens qui défient la morosité » parue dans Le Moniteur du 12 janvier.