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Tout pour l’accession à la propriété
Jamais les SEL n’ont fait autant parler d’elles, jamais la remise en question du mode d’exercice individuel n’a été aussi forte. L’ouverture du capital par le biais des sociétés d’exercice libéral (SEL) et de la constitution de holdings, « c’est une chance pour votre profession », lance Michel Watrelos, expert-comptable (Conseils et Auditeurs associés). « Il est temps pour la profession de prendre des options nouvelles, renchérit Michel Caillaud, titulaire dans l’Eure et déjà actionnaire dans le capital de deux autres officines. Car avec l’augmentation progressive des départs en retraite et la faible proportion de jeunes diplômés à accéder à la propriété, certains pharmaciens installés rencontrerons des problèmes dans l’avenir. » Et Philippe Becker, de Fiducial Expertise, d’annoncer que « la pharmacie vit une époque charnière et que l’intégration des SEL est omniprésente chez les pharmaciens ». Quant à Gilles Brault-Scaillet, président du Collectif des groupements, c’est prêcher un convaincu que de lui parler de la nécessité de séparer le capital de l’outil de travail.
En 2002, le nombre de cessions réalisées au profit de SELARL a doublé par rapport à 2001. Philippe Becker explique ce phénomène : « Dans les années 90, l’avènement des SEL a été relativement faible car l’impact fiscal a freiné les pharmaciens. Puis la loi MURCEF, même si les décrets d’application sont toujours bloqués, les a fait réfléchir sur d’autres formes d’exercice. Se surajoutent les difficultés d’installation des jeunes et les perspectives démographiques de la profession qui font s’interroger les pharmaciens sur la valeur de leur outil professionnel dans les prochaines années. »
Michel Watrelos confirme faire de plus en plus de montages en SEL, avec « des pharmaciens déjà propriétaires d’un fonds qui ont des soucis d’investissements et des jeunes pharmaciens désargentés et désireux de s’installer ». Pour Gilles Brault-Scaillet, c’est la meilleure façon d’intégrer progressivement les jeunes dans le capital des pharmacies : « La loi MURCEF a été conçue dans cet esprit. En 2002, il y a eu environ 1 300 transactions et seulement 170 nouveaux entrants dans la profession. Avec les années du « papy-boom », il faudra faire face à partir de 2017 à 2 000 départs en retraite de pharmaciens par an. » Ce décalage annoncé entre l’offre et la demande donne encore plus de poids à l’appel lancé par Michel Caillaud à ses confrères installés : « Proposez à vos collaborateurs des plans de carrière avec accession à la propriété ! »
Pour Gilles Brault-Scaillet, le risque n’est pas seulement patrimonial au moment de passer la main. « Il y va des intérêts et de la représentativité de notre métier. La profession a besoin de capitaux pour bien faire son travail, avoir un personnel en nombre suffisant, se former, développer de nouveaux services et révéler les capacités et les talents inexploités de nos pharmaciens salariés. »
Conduite accompagnée.
Avec un apport de 30 500 Euro(s), Nathalie Sebert a pu acquérir une pharmacie de 0,9 MEuro(s) en banlieue lilloise. Dans le cas d’un achat classique d’un fonds, elle n’aurait pu convoiter qu’une affaire de 0,5 à 0,6 MEuro(s) avec les risques que cela suppose : « Outre l’accès direct à un palier de CA important, j’apprécie cette conduite accompagnée. Quand on s’installe, il faut accepter de se faire épauler par un associé plus expérimenté pour éviter de commettre des erreurs. Même si les décisions sont toujours prises à deux, j’ai le sentiment d’être maître à bord dans mon exploitation. » Michel Caillaud ajoute que l’intérêt des SEL réside dans la mise en commun de moyens entre pharmacies géographiquement proches et les gains de productivité qui en découlent : « A deux ou trois officines il est plus facile d’embaucher une secrétaire, de répartir les tâches, de régler les problèmes de main-d’oeuvre, d’obtenir de meilleures conditions d’achat… » Nathalie Sebert est gagnée par l’envie d’installer à son tour un junior. « Demain je deviendrai moi-même actionnaire, puisque avec mon associé nous installons mon pharmacien assistant dans une officine voisine. »
Certes, la SEL est un outil de capitalisation, « mais le pharmacien actionnaire ne doit pas attendre un retour immédiat sur investissement », considère Michel Caillaud. Selon lui, ce problème doit être bien cadré dès le départ entre les associés dont les rapports doivent, par ailleurs, être régis par un règlement intérieur.
« Il est essentiel que les montages en SEL restent entre officinaux », insiste Michel Watrelos. Pour Philippe Becker, tant que les SEL se créent sur des schémas simples, uniquement entre pharmaciens et à petite échelle, les rapports entre ceux qui détiennent le capital et ceux qui travaillent dans cette société ne devraient pas poser de difficultés. « Des associations quasiment fermées entre des gens qui se connaissent bien, se font confiance et ont des affinités professionnelles, c’est l’hypothèse parfaite ! » Il voit pourtant une limite à ce système : « Par nature, les SEL vont se multiplier et ne pourront pas échapper à la logique économique. Plus un réseau de pharmacies en SEL devient important, plus les risques de conflits d’intérêt entre les investisseurs et les exploitants augmentent. » D’où sa plaidoirie en faveur d’une évolution maîtrisée des SEL par la profession. « Les pharmaciens doivent faire preuve d’ambition et de courage et décider eux-mêmes de leur avenir, plutôt que de se le voir imposer », conclut Gilles Brault-Scaillet, estimant que demain le pharmacien aura le choix entre différents modes d’exercice : chaînes, enseignes, associations classiques, entreprise individuelle… Et qu’ils pourront coexister sans déstabiliser le réseau.
Invitation à la SEL
Hubert Mathieu, consultant en droit et économie de la pharmacie (Anticip’), est convaincu que seul le tandem SEL/SPF (société de participation financière) permettra d’assurer l’avenir du réseau et l’accès des jeunes à la propriété. Mais comme il l’a expliqué, le choix de la société d’exercice libéral, qui permet l’ouverture du capital, doit s’inscrire dans une stratégie de développement. « Le cadre de la SEL et des SPF oblige le pharmacien à passer de son statut de professionnel libéral à un statut d’entrepreneur. » Mais dans l’esprit de la plupart des titulaires, l’indépendance professionnelle est basée sur la détention du capital. Pour Hubert Mathieu, ces certitudes engendrent des conséquences dommageables pour la profession : prix élevés des officines, désaffection des jeunes, vieillissement de la profession, etc. Et Hubert Mathieu de poser la question : faut-il défendre ses privilèges ou anticiper et mettre en place une stratégie d’avenir qui tient compte de l’environnement de la pharmacie ?
Entendu
» Le nombre de titulaires bientôt à la retraite nécessite de remodeler l’organisation des entreprises et le maillage. Seules disparaîtront les officines en surnombre, pas forcément les plus petites. Mais peut-être ces dernières feront-elles partie d’entreprises pharmaceutiques disposant de plusieurs points de vente. «
Jean Parrot, président de l’Ordre
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