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Rester maître de son projet

Publié le 18 mai 2013
Par Francois Pouzaud
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L’achat et le transfert d’une petite officine, opération très recherchée par les acquéreurs, sont souvent délicats à mener. Ainsi, pour s’être trop appuyé sur une société spécialisée dans le transfert, Laurent Picardo a failli perdre sa licence.

C’est toujours une course contre la montre qui démarre à compter de l’octroi de la licence de transfert car le pharmacien n’a ensuite qu’un an pour ouvrir son officine. Or, de nombreux aléas peuvent retarder le projet ou le faire avorter, comme les recours juridiques des autres confrères tentant de faire annuler la licence, le permis de construire qui n’est pas accordé en temps et en heure, les travaux bloqués, etc.

Laurent Picardo n’a connu aucune de ces affres du transfert. En juillet 2011, il rachète comptant au travers d’une SELARL, avec l’aide d’un associé investisseur, une petite officine du centre-ville d’Avignon pour un montant de 240 000 €. Cette transaction est réalisée par un intermédiaire. Jusque-là, tout se passe bien. Il prévoit un transfert de l’officine à un kilomètre, en dehors des remparts de la ville, dans un quartier en pleine expansion. L’arrivée au cœur de nouveaux logements permettra d’optimiser la desserte pharmaceutique dans cette zone.

Faire appel aux services d’un juriste

Après l’acquisition de l’officine, le cabinet de transactions passe le dossier à une société spécialisée dans les créations, transferts et regroupements qui prend en main le projet dans son intégralité. Il décharge Laurent Picardo de toutes les tâches et les formalités inhérentes au transfert : validation du projet, recherche de locaux, obtention d’une promesse de bail, montage du dossier de demande de licence d’ouverture d’officine, présentation à l’ARS, formalités administratives, financement, etc. « J’ai obtenu l’autorisation de transfert en décembre 2011. Il ne restait plus qu’à réaliser les travaux d’agencement dans le local d’accueil, dont le bailleur est une société civile immobilière détenue par la société qui s’occupe de mon transfert », raconte-t-il. A ce stade, de nombreux frais et dépenses doivent être engagés : réservation d’un local pendant la durée de la procédure de transfert, indemnités de loyer à payer avant l’ouverture en plus du dépôt de garantie, travaux d’agencement, achat du mobilier, du matériel informatique, constitution du stock de départ, apport de trésorerie initial, etc. « Le coût global devait être financé par un prêt de 250 000 €, mais je devais également régler à cette société des indemnités de loyer égales à 50 % du loyer tous les mois précédant l’acceptation du transfert ainsi qu’un droit au bail de 30 000 €. Elle devait s’occuper de toutes les démarches auprès des banques pour obtenir un prêt. Or, elle n’a rien fait et je me suis retrouvé avec une officine à transférer sans en avoir les moyens financiers. »

Laurent Picardo a failli ne pas décrocher son prêt à temps pour pouvoir lancer les travaux et ouvrir avant la date butoir de décembre 2012. « Vu les difficultés rencontrées, j’ai dû faire appel aux services d’un juriste pour décrocher ce prêt. En effet, les banques refusaient de financer mon installation si la SELARL ne rachetait pas la SCI, détentrice des murs, à la société qui s’était chargée de mon transfert. A cause de ses négligences, j’ai bien failli perdre ma licence », témoigne-t-il.

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Les conseils de Laurent Picardo

« Pour ne pas s’exposer à des risques non identifiés, il faut prendre le temps de vérifier l’aptitude et les compétences (juridiques, fiscales, comptables ou patrimoniales) de chacun des professionnels en présence (diplôme d’Etat approprié, détention d’une carte professionnelle) et leur demander d’être mis en relation directe avec des pharmaciens ayant réalisé des projets de même nature. »