Pharmacies de centre commercial : l’attitude ambiguë des foncières

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Pharmacies de centre commercial : l’attitude ambiguë des foncières

Publié le 11 février 2021
Par Peggy Cardin-Changizi
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Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, a promis une nouvelle aide pour prendre en charge les loyers dans les centres commerciaux non-alimentaires de plus de 20 000 m2, qui sont fermés depuis le 31 janvier : accès au fonds de solidarité, prise en charge à hauteur de 70 % des frais fixes, exonération des charges, chômage partiel… Mais qu’en est-il des pharmacies qui restent ouvertes au sein des centres commerciaux désertés ? Pour l’heure, les aides promises par l’Etat ne concernent que les commerces contraints de fermer (soit environ 25 000 points de vente). « Il y a une rupture d’égalité tant sur le plan juridique qu’au niveau des aides de l’Etat », estime Marc Fouré, ancien titulaire de la pharmacie Forum Santé à Val d’Europe (Seine-et-Marne) et cocréateur avec Michaël Angel, titulaire de la pharmacie des Arcades à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), d’une association informelle de « Pharmaciens des centres commerciaux », qui regroupe 85 pharmacies de galeries commerciales (centres commerciaux et gares) réparties sur tout l’hexagone. « Le problème est que l’Etat analyse les situations économiques par corporation de façon globale, poursuit le pharmacien. La Banque de France, qui recueille chaque mois auprès d’un panel de pharmacies, dont nous faisons partie, les chiffres d’affaires du seul médicament remboursable (TVA 2,1%), fait ressortir que l’activité des pharmacies n’a pas souffert de la pandémie ; il n’y a aucun distinguo entre les pharmacies de ville ou rurale et celles de centre commercial. De même, le chiffre d’affaires d’une pharmacie n’est pas seulement constitué de produits à TVA 2,1% », ajoute-t-il.

Lors du premier confinement, où la situation était déjà semblable, le chiffre d’affaires de l’officine de Marc Fouré sur le centre commercial Val d’Europe avait reculé de 60 %, – 90 % pour la pharmacie du Centre commercial des 4 temps dans le quartier d’affaires de La Défense, – 94 % pour les pharmacies des gares parisiennes. « Depuis le premier confinement, nous demandons aux directions des centres commerciaux d’obtenir des réductions de loyers proportionnellement à la baisse d’activité, puisque le montant élevé des loyers est justifié notamment par un flux de visiteurs importants. Quand il n’y a plus les services fournis et une absence de flux dans une galerie fermée, il serait logique que le loyer soit revu en conséquence ».

En mars dernier, Marc Fouré, qui était alors Président de l’Association des commerçants du centre commercial Val d’Europe – Disneyland Paris, n’a obtenu aucune réponse aux différents courriers envoyés à la foncière qui gère le centre (Klépierre). Il assure que « non seulement les loyers ont été conservés à leur maximum, mais qu’en plus les foncières ont continué de prélever les charges de fonctionnement comme à l’accoutumée, alors que “portes closes“, les coûts avaient été réduits à leur maximum. Une bonne manière de se constituer de la trésorerie sur le dos des commerçants », résume-t-il. Interrogées sur ce point, certaines foncières ne répondent pas. D’autres restent très vagues : « Des discussions ont lieu au cas par cas, pour accompagner au mieux les enseignes », répond Marc Valente, directeur de l’exploitation d’Hammerson France. Même tonalité chez Unibail-Rodamco-Westfield : « Nos équipes sont présentes pour échanger avec chaque enseigne et les accompagner ». En attendant, les pharmacies de centre commercial s’impatientent.

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