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Les jeunes reviennent à l’ officine
Pour la première fois depuis dix ans, l’ordre national des pharmaciens assure que le renouvellement des générations est en bonne voie grâce à une installation accrue des jeunes. Comment expliquer ce revirement ? Effet d’aubaine d’un marché de la transaction favorable ou retour de confiance pour le métier ?
Un léger mieux. Contrairement aux années précédentes, le dernier panorama démographique présenté le 8 juin par l’ordre national des pharmaciens révèle une tendance moins sombre pour l’officine. Même si l’âge moyen des titulaires reste stable (50,3 ans), et bien que la part des plus de 60 ans s’accroît, l’intance note une inversion de la courbe vieillissante de la profession et une prépondérance des diplômés de moins de 33 ans. Aussi, 57 % des pharmaciens adjoints devenus titulaires en 2016 sont âgés de moins de 36 ans, alors que cette part de jeunes installés n’était que de 54,9 % en 2015. Et pour assurer la relève, il faut compter aussi avec les reconversions en hausse des « quadra » des autres sections de l’ordre des pharmaciens. Au total, le nombre de migrations vers la section A a augmenté de 15 % (747 en 2016 contre 649 en 2015), et pour les seuls adjoints, la hausse des inscriptions est de 16 % ! « L’évolution démographique révèle un dynamisme et une volonté d’entreprendre, reflet de l’attrait des nombreux débouchés qu’offre la filière pharmaceutique. La profession continue d’intéresser et s’adapte aux nouvelles pratiques professionnelles et sociétales », commente Jean-Pierre Paccioni, le président par intérim du conseil national de l’ordre.
Des outils et un marché de la transaction favorables
Comment expliquer ce retournement de situation ? Plusieurs raisons peuvent être avancées. D’abord l’efficacité des outils d’accès à la propriété proposés ces dernières années. En effet, l’exercice regroupé attire les jeunes qui s’installent en majorité en association, et principalement en société d’exercice libéral (SEL). Dans une profession largement féminisée, plus encore chez les adjoints (81%), « l’exercice en société est une solution à la fois économique et sociétale, les pharmaciens ont envie d’équilibrer leur vie de famille et leur vie professionnelle », explique Isabelle Roussel, présidente du l’ordre régional des pharmaciens de Haute-Normandie. Aussi, l’an dernier, 816 nouvelles SEL ont été inscrites à l’Ordre, portant leur nombre à 9 461, soit 5 fois plus qu’en 2006. Dans son sillage, la SARL continue aussi de progresser, une forme qui conserve son intérêt si le projet d’installation n’entrevoit pas l’entrée au capital d’un investisseur. Par ailleurs, l’engouement pour les SPF-PL pour l’acquisition de titres de SEL (en progression de 49 %) gagne les adjoints : le nombre de holdings de pharmacie dans lesquelles ils sont devenus associés investisseurs a progressé de 29 en 2015 à 45 en 2016. A peine deux mois après la publication du décret autorisant l’entrée des adjoints au capital des SEL, l’Ordre affirme que « plusieurs dossiers ont déjà été déposés, dont un en Outre-mer ». Autre raison possible : le marché de la transaction favorable aux pharmaciens investisseurs. La baisse des taux de crédit associée à la chute des prix des officines boostent ce marché. « On a constaté en effet une hausse des transactions en début d’année. En raison de la situation économique de l’officine, des pharmaciens préfèrent peut-être céder et accélérer leur départ à la retraite », explique Eric Myon, vice-président de l’UNPF. « Il y a en effet aujourd’hui des opportunités à prendre pour des pharmaciens entrepreneurs. Mais c’est peut-être aussi le signe que les jeunes croient davantage dans le métier », avance Antoine Prioux, jeune titulaire de la pharmacie des Loutres à Bugeat (Corrèze). Philippe Gaertner, président de la FSPF, confirme que « les jeunes partagent la vision de la pharmacie de demain et ce n’est pas d’abord la vision business ». Même sentiment pour Gilles Bonnefond, président de l’USPO. « Les jeunes voient que les métiers vont changer et certaines facultés arrivent à faire passer ce message auprès des étudiants », reconnaît-il.
Rendre l’officine attractive
Malgré le ton optimiste de l’ordre des pharmaciens, la profession officinale n’est pas encore sauvée. Le renouvellement générationnel reste fragile. Président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), Anthony Mascle, est prudent : « Le marché de la transaction est très intéressant en ce moment. C’est une certitude. Mais nous n’avons pas constaté d’augmentation des inscrits dans la filière officine. Il est nécessaire d’agir pour rendre ce métier attractif. » Antoine Prioux partage cette analyse. « Est-ce que les jeunes s’installent parce qu’ils ont la sensation de pouvoir accomplir pleinement leur métier ? Je pense qu’on n’y est pas encore. Il faut que les anciens préparent le terrain pour les entrants », dit-il. Pour cela, les regards se tournent vers la négociation conventionnelle en cours qui devra franchir un nouveau cap dans la réforme de la rémunération. « La lisibilité de la profession passe par la signature de la future convention qui rendra à l’officine sa stabilité économique nécessaire », reconnaît Philippe Gaertner. Antoine Prioux, lui, plaide en faveur d’une véritable stratégie d’évolution du métier. « Si au niveau d’un territoire, les pharmaciens ne sont pas capables de travailler ensemble alors demain ils seront vite dépassés par un Amazon ou un Google. Il faut instaurer un mode de fonctionnement coopératif sur le territoire », suggère le jeune pharmacien.
188 FERMETURES EN 2016
En 2016, 188 fermetures ont été recensées, soit une hausse de 4,4 % par rapport à 2015. Mais bien qu’une fermeture soit une douleur à vivre, le maillage territorial reste bon et équilibré, avec des restructurations associées à une « meilleure sortie par le haut pour les pharmaciens », a déclaré Marcelline Grillon, vice-présidente du conseil central A de l’ordre des pharmaciens. Selon cette dernière, le cri d’alarme lancé par l’instance ces dernières années était lié à la « peur d’une accélération du phénomène ». L’ordre des pharmaciens note aussi que 45 % des fermetures correspondent à des restructurations volontaires (cessions de clientèle et regroupements), et 55 % sont liées à des liquidations judiciaires ou d’autres causes économiques et financières.
À RETENIR
• Le dernier panorama de l’ordre des pharmaciens révèle que l’officine attire de nouveau des jeunes.
• Les nouveaux titulaires font aussi le choix du regroupement pour exercer.
• Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce phénomène qui reste encore à consolider : efficacité des outils d’accès à la propriété, marché favorable aux pharmaciens investisseurs, évolution du contenu métier.
REPÈRES
LES CHIFFRES-CLÉS DE LA DÉMOGRAPHIE OFFICINALE
Par Loan Tranthimy – Infographie : Franck L’Hermitte
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