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L’emprunt coûteux chamboule les négociations d’officines

Publié le 28 octobre 2023
Par Guy Tamboise
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Comment le marché réagit-il à l’augmentation des taux d’intérêt ? Non sans conséquences pratiques pour les vendeurs et acquéreurs.

 

Le marché de la transaction est encore porté par une vague spéculative, dans le prolongement d’une économie florissante et des trésoreries reconstituées. La reprise de l’inflation, la non-revalorisation de la rémunération des pharmaciens pour les activités remboursables et la hausse brutale des taux d’intérêt ne semblent pas être un sujet pour des vendeurs et des acteurs de la transaction enclins à se référer à la situation des années 2021 et 2022, pourtant à des « années-lumière » des nouvelles réalités. « De fait, en 2023, les vendeurs ont parfois des difficultés à accepter les nouveaux paradigmes et des acquéreurs butent sur l’obtention de leurs crédits », précise Olivier Delétoille, expert-comptable associé du cabinet AdéquA.

 

Les chiffres sont pourtant aussi mécaniques que méchants. Pour 1 million d’euros emprunté sur 12 ans à 4 % au lieu de 1 %, le surcoût pour l’acquéreur est de 160 000 € net d’impôt sur les sociétés. De fait, la répercussion sur la valorisation du fonds devrait être de 16 %. La déconvenue est grande de constater qu’à rentabilité d’exploitation constante une telle dépréciation est liée à des aspects purement financiers. Pourtant, cela n’enlève rien à la qualité de l’entreprise ni à sa valeur immatérielle qui est fonction de sa stratégie d’offres, de son emplacement, de son environnement, de ses ressources humaines, de sa notoriété, de son organisation, etc.

Une valorisation en lien avec la rentabilité espérée

 

Evidemment, la référence ancestrale et pratique au chiffre d’affaires pour valoriser une pharmacie n’a plus cours, tant le marché est erratique, les activités et les rentabilités floutées par la proportion des produits chers et très chers, la fin des tests, produits et accessoires qui ont accompagné la lutte contre la pandémie de Covid-19, la reprise de l’inflation. S’ajoute à cela la concentration des demandes sur certaines affaires… La valorisation dépend directement de la rentabilité potentielle, en rappelant une règle d’or, poursuit Laurent Cassel, expert-comptable associé d’AdéquA : « La valeur ne fait pas le prix ». Et d’ajouter : « Des affaires non rentables sont convoitées alors que d’autres, très rentables, ne trouvent pas preneurs (notamment dans certains quartiers urbains ou zones rurales) ! » Par ailleurs, des vendeurs s’arcboutent encore sur des valorisations déconnectées des réalités du moment et, de fait, ne reçoivent tout simplement pas d’offres, leur entêtement décourageant tout candidat de se positionner. La posture des vendeurs n’est donc pas toujours la bonne, et le temps devrait faire son œuvre après un retour à la raison.

 

Point positif néanmoins, les sociétés disposant d’une trésorerie non nécessaire à l’exploitation ne se privent pas de trouver des placements à moyen terme à des taux de rendement très convenables.

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