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LE COUP DE POUCE DES GROUPEMENTS
Adjoint, vous souhaitez vous installer, vous êtes prêt à investir et à vous investir… Les groupements sont prêts financièrement à vous y aider en vous proposant des offres de prêt négociées avec les banques à des conditions privilégiées, en mettant en place des prêts participatifs ou d’autres dispositifs de financement.
Altruistes mais pas seulement. En se mettant au service des jeunes diplômés et de la transmission d’officines, les groupements ont ainsi l’opportunité de recruter et de rajeunir les effectifs au sein de leurs adhérents, de faire en sorte que les pharmacies changent de main sans changer de groupement ou d’enseigne et ainsi de pérenniser et de développer leur réseau. Pour le jeune diplômé, c’est l’opportunité de s’installer dans une officine qu’il n’aurait jamais pu convoiter ou acquérir seul. En contrepartie, il doit épouser le concept de l’enseigne. Pour le titulaire qui souhaite céder son officine, l’intervention du groupement optimise ses chances de transmettre son patrimoine professionnel dans de bonnes conditions. « La problématique posée est double, liée à la fois au départ d’une génération et à l’arrivée d’une nouvelle génération », présente Alain Bertheuil, président du groupe Astera.
L’offre des groupements coopératifs
Chaque groupement y va donc de son offre. Celle de Giphar est un couteau suisse. Son offre « Main dans la main » est un bouquet de services permettant un accompagnement avant, pendant et après l’installation. Sur le plan financier, le jeune diplômé peut disposer de trois offres de financement complémentaires pour améliorer son apport personnel et financer son acquisition. « Nous avons un partenariat avec Interfimo qui permet au jeune d’obtenir un prêt personnel jusqu’à 150 000 € au taux usuel du marché sur 9 ans avec un différé d’amortissement sur 4 ans [durant la période de différé, seuls les intérêts sont réglés, NdlR] et qui peut être couplé avec un prêt classique sur 12 ans financé par ce même organisme au profit de la SEL », présente Guillaume Champault, directeur commercial en charge du réseau Giphar.
Un autre prêt complémentaire garanti par Oseo peut être actionné pour compléter l’apport personnel du jeune en capital social. En tant que membre de la Fédération du commerce coopératif et associé, Giphar a accès à des prêts participatifs qui sont des fonds coopératifs de la Socorec, une société financière constituée pour le financement de commerçants de groupements indépendants. Ce type de concours, qui bénéficie aussi d’un différé d’amortissement permet d’accompagner les repreneurs d’entreprise, notamment les jeunes professionnels, en doublant leur capacité d’emprunt par la création de quasi-fonds propres. Enfin, en complément d’un prêt professionnel, Giphar a également une offre « obligations convertibles en actions » pour consolider les fonds propres, sur une durée de 6 à 9 ans pour un montant allant jusqu’à 1 fois l’apport du pharmacien.
Enfin, pour faciliter le démarrage du néotitulaire Giphar, engagé pendant 5 ans avec cette enseigne, il bénéficie d’une exonération de cotisations pendant 30 mois mais s’oblige en contrepartie à passer un certain volume d’achats à la coopérative. En tant que groupe coopératif, Astera propose également le prêt Socorec pour conforter l’apport personnel du pharmacien. « Le montant prêté peut représenter 50 % de l’apport et peut monter jusqu’à 100 % sur de très bons dossiers », précise Alain Bertheuil. Face à la frilosité des banques à financer des fonds de pharmacie et afin de les mettre en confiance, « nous apportons notre caution morale au projet présenté par l’acquéreur lors de sa demande de crédit ».
Giropharm mise sur GiroTransmission, un service global d’accompagnement ouvert tant aux adjoints qui souhaitent s’installer, aux adhérents installés qui souhaitent transmettre leur outil de travail qu’à ceux souhaitant investir dans une autre pharmacie en SEL. « Ce service a pour but de mettre en relation ces trois catégories en tenant compte des proximités géographiques », présente Emmanuelle Stuber, responsable du pôle juridique et social de Giropharm.
Ayant adopté le statut de coopérative depuis le 1er janvier 2015, Giropharm adhère également à la Socorec et bénéficie de ses offres de prêt. « Par ailleurs, nous avons un partenariat avec un professionnel spécialisé dans l’ingénierie financière qui se charge de monter les plans de financement et d’accompagner les pharmaciens pour défendre leur dossier de demande de prêt auprès des banques », indique Emmanuelle Stuber.
Un quatrième partenariat noué pour Interfimo
Outre Giphar, les conditions de l’offre Interfimo sont identiques chez Pharmavie et Pharmactiv : un prêt similaire de 150 000 € fait, à titre personnel, à un jeune titulaire pour lui permettre d’équilibrer sa participation au capital d’une SEL avec celle d’un investisseur éventuel – remboursable après une franchise de 4 ans, la SEL contractant par ailleurs le prêt principal. A noter que le prêt personnel « Jeune adhérent » de Pharmavie contractualisé avec le LCL est historiquement le plus ancien. Il existe depuis 2008.
« Nous conseillons surtout aux jeunes d’acquérir des parts de SEL exploitant des pharmacies de 2,5 M€ et plus », signale Serge Carrier, directeur général de Pharmactiv. Ils font leurs premières armes sous enseigne et d’emblée au « contrat optimum » qui correspond au concept intégral de l’enseigne. « Le “contrat optimum” est plus intéressant pour le jeune, car c’est celui qui enregistre des résultats supérieurs de 3 à 4 points à ceux du marché. Ainsi, pendant la période où il ne paie que des intérêts, il peut engranger davantage de cash jusqu’au jour où il commencera à rembourser du capital », explique Serge Carrier.
Depuis janvier 2016, la jeune enseigne Leader Santé a également passé accord avec Interfimo pour faire profiter les adjoints sous sa coupe des mêmes conditions de prêt personnel. Ciblant des pharmacies comprises entre 2,5 et 3 M€ de CA ou des pharmacies de moindre taille mais présentant un potentiel de développement permettant de se hisser rapidement à ce niveau, cette jeune pousse compte aujourd’hui 180 officinaux. Leader Santé a dans les tuyaux une alternative : une solution de financement permettant de compléter de manière plus importante l’apport personnel du jeune, si la marche de l’installation s’avérait un peu plus haute. « Ce contrat repose sur un prêt in fine de 7 ans dont le montant peut être supérieur à 200 000 €, dévoile Alexis Berreby, président et cofondateur de Leader Santé. Dans le montage, des partenaires pharmaceutiques et Leader Santé apporteraient leur caution financière auprès de la banque en charge du crédit in fine. »
De l’intérêt des obligations convertibles
Chez PHR, l’offre de services financiers s’appuie sur un partenariat avec un pool de grandes banques nationales habituées à travailler avec des réseaux de franchise (Crédit mutuel, Crédit agricole…) et, accessoirement, avec des banques d’investissement. Les projets à financer sont de toute nature (travaux d’agencement, association, reprise d’officine, première installation…). « Sur la dizaine de dossiers que nous avons montés et portés devant les banques en 2015, trois ont concerné une primo-installation dont une directement sous notre nouvelle enseigne Ma Pharmacie Référence », indique Lucien Bennatan, président du groupe PHR. Le fait pour PHR d’apporter sa caution morale et même sa caution financière permet à la banque d’attribuer d’emblée une bonne note au dossier qui lui est soumis : « En effet, le dossier est accompagné d’une étude géomarketing et d’une description du futur titulaire, qui n’est jamais présent lors du premier entretien. PHR présente seul le dossier à la banque, le jeune n’entre en scène qu’au deuxième entretien, accompagné du groupement. Il doit alors être capable d’afficher ses intentions à respecter les règles de fonctionnement du groupement sur des aspects essentiels tels que les achats, le management, la politique de communication, etc., ce qui contribuera à gagner la confiance de banques spécialisées dans le financement d’entreprises franchisées. »
Le groupe PHR sollicite plusieurs banques, non pas pour les mettre en concurrence, mais pour partager le risque à plusieurs, optimisant ainsi les chances de financement aux meilleures conditions du moment (prêt classique, sur 12 ans avec ou sans différé d’amortissement, incluant le financement du stock et le besoin en fonds de roulement).
C’est une autre option qu’a choisie Univers Pharmacie. Le groupement propose depuis 2011 à des jeunes adjoints triés sur le volet une aide financière sous forme d’obligations convertibles en actions (OCA). Pour ce faire, l’adjoint doit avoir travaillé depuis plus d’un an dans le réseau et être promu par son titulaire qui le parraine après s’être chargé de le faire monter en compétence dans sa pharmacie. Le but : être fin prêt pour en reprendre une à l’enseigne Univers Pharmacie et à rester pendant 12 ans dans le réseau. « Grâce à ce coaching et à cette aide sous forme de prêt, l’adjoint devient titulaire dès le premier jour à 100 % d’une officine qu’il n’aurait pas pu acquérir seul », fait remarquer Daniel Buchinger, président d’Univers Pharmacie. Les obligations sont des valeurs mobilières constituant un titre de créance représentatif d’un emprunt. « Cette participation se fait au travers d’une société non pharmaceutique, filiale d’Univers Pharmacie », précise Daniel Buchinger. Ces obligations sont en revanche assorties d’un taux d’intérêt versé chaque année par le titulaire et d’une prime de non-conversion. Le montage financier est prévu sur 5 à 7 ans et participe à hauteur de 66 % (au mieux) des 20 % d’apport initial recommandés. « Aujourd’hui, nous avons un recul suffisant pour affirmer que le modèle fonctionne, nous avons installé plusieurs adjoints de cette façon, à Epinal, Petite-Rosselle… Il va être présenté en 2016 à l’ensemble des adjoints et des affiliés du réseau, annonce Daniel Buchinger. Plusieurs fonds d’investissement ont déjà manifesté leur intérêt pour financer nos pharmacies, il ne nous reste plus qu’à sélectionner celui qui correspond à ce que nous recherchons. »
Une offre globale d’accompagnement
Dans la phase précédant l’installation, les groupements apportent volontiers assistance aux jeunes à toutes les étapes. Par exemple, Giphar propose deux fois par an des séminaires de formation sur l’installation pendant deux jours par groupe de 35 adjoints. « Les jeux de mise en situation par petits groupes permettent de travailler sur des projets d’installation et la présentation de dossiers de financement dans les mêmes conditions que face à une banque », précise Guillaume Champault. Juste au décours de l’installation, Pharmactiv aide les jeunes installés à partir du bon pied en réalisant au préalable un audit de leur officine avant de les faire participer à un module d’intégration sur trois jours au cours duquel ils travaillent à la mise en place de leur business plan sur 3 à 5 ans : définition de leur assortiment, de leur politique de prix, des objectifs de développement, etc. « D’autres modules, sur 1 jour et demi à 2 jours, sont ensuite organisés tous les 3 à 4 mois, s’inscrivant dans un véritable plan d’accompagnement de l’ancien adjoint », ajoute Serge Carrier.
De son côté, Leader Santé couple son offre de financement avec la réalisation d’un audit de la pharmacie et la vérification de 50 points essentiels figurant dans une check-list qui fait office de feuille de route dans le parcours de l’installation.
Chez Alphega Pharmacie, la préoccupation est la même et le coaching d’un adjoint d’une pharmacie adhérente ou sous enseigne commence en amont de la démarche d’installation. Après l’installation, « un consultant point de vente accompagne le jeune adhérent au service de sa stratégie de développement et pour le partage de bonnes pratiques », détaille Laurence Bouton, directrice d’Alphega Pharmacie.
Le groupement ne s’immisce pas dans le travail de recherche d’une pharmacie et d’un financement, ce domaine étant du ressort du jeune et des cabinets de transactions qu’il mandate. En revanche, au travers du groupe de répartition Alliance Healthcare, auquel appartient Alphega Pharmacie, le jeune installé peut bénéficier d’un avis sur son plan de financement ou d’une aide au démarrage sur la trésorerie en bénéficiant d’un crédit-découpage du répartiteur sur ses premières commandes dont le paiement sera étalé sur plusieurs mois.
L’aide « pas intéressée » de Pharmacie et Santé
A côté de l’offre des groupements nationaux, Pharmacie et Santé fait figure de Petit Poucet. Ce groupement ne compte pour l’instant que 7 pharmacies parisiennes dont les titulaires ont été installés, pour certains d’entre eux, en association avec Sunvirak Chhit, lui-même jeune installé depuis 2007 (voir Le Moniteur n° 3106). « J’ai créé ce groupement et lancé en 2012 mon blog santepharmacie.fr afin de transmettre mon savoir et de le partager », expose-t-il. Aujourd’hui, Sunvirak Chhit franchit une nouvelle étape en lançant en partenariat avec Aprentiv (un organisme agréé en formation continue) une formation sur l’installation. Elle a pour objectif d’aider les jeunes pharmaciens à acquérir les bases pour pouvoir se lancer (gestion du tiers payant, management et comptabilité). « Ma démarche n’est pas intéressée, elle est de former les apprenants sans demande d’adhésion ou de partenariat futur avec le groupement, ils gardent leur totale indépendance et choisissent en toute liberté de rejoindre ou pas le groupement. »
Prêt participatif ou classique auprès de la Socorec
Montant des emprunts : ouverture d’une ligne de 1 million d’euros
Taux : taux du marché – pas de taux fixe négocié.
Durée de remboursement :
– si prêt participatif : 7 ans (3 ans en franchise d’intérêt et 4 ans de remboursement intérêts + capital). Le montant du prêt ne peut excéder le montant de l’apport du pharmacien. Ce prêt est considéré comme du quasi-fonds propres ;
– si prêt classique : 12 à 15 ans.
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