La Guyane peut encore accueillir des créations

En métropole, le réseau ne présente quasiment aucun trou dans ses mailles. Au regard du quorum, s’entend. S’il existe des créations de pharmacies à envisager sur le territoire français, il est donc logique de s’intéresser aux départements et régions d’outre-mer. « Les données de population actuellement en vigueur sont les populations millésimées 2015, indique Anne Lefebvre, pharmacienne consultante. Ainsi entre 2014 et 2015, la population a augmenté de 0,43 % sur l’ensemble de la France et une seule région présente une croissance démographique supérieure à 1 % ; il s’agit de la Guyane, avec 2,90 %. Or, selon un arrêté du 10 juillet 2013 constatant le classement de communes en zone de revitalisation rurale, l’ensemble des 22 communes de Guyane est concerné. » Pour rappel, une création de pharmacie reste possible lorsque le nombre d’habitants recensés dans une commune est au moins égal à 3 500 habitants depuis au moins deux ans pour le département de la Guyane et ceux de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Il est également obligatoire que l’adresse projetée pour ladite création se situe au sein d’une zone franche urbaine-territoires entrepreneurs, d’un quartier prioritaire de la politique de la ville ou d’une zone de revitalisation rurale.

Dernières opportunités à saisir

Et parmi ces 22 communes, 6 d’entre elles pourraient à ce jour accueillir une officine de pharmacie selon le quota fixé par l’article L.5125-4. « Ce sont les communes d’Apatou, de Grand-Santi, de Mana, de Papaichton, de Roura et de Saint-Laurent-du-Maroni », livre Anne Lefebvre. La Guyane est actuellement fortement sous-dotée en professionnels de santé. Les besoins en médecins spécialistes, en pharmaciens, en infirmiers, en sage-femmes et en kinésithérapeutes sont particulièrement importants. La plus grande région de France est également sous-équipée en matière d’infrastructures routières pour les villages de l’intérieur. Les infrastructures routières se résument quasiment à la zone littorale. Cependant, d’autres réseaux et moyens de communication sont mis en place pour désenclaver l’intérieur du territoire. Les communes de l’ouest comme Grand-Santi, Papaichton ou Maripasoula sont accessibles principalement par voie aérienne ou fluviale. Ainsi, plusieurs communes disposent d’un aérodrome : Saint-Laurent-du-Maroni, Maripasoula (un aller-retour par jour avec Cayenne) et Grand-Santi (un aller-retour tous les deux jours avec Cayenne).

En dehors de l’avion, la pirogue est le seul moyen de s’enfoncer à l’intérieur jusqu’à Maripasoula, Saül ou encore Camopi, en remontant les fleuves. Le voyage s’effectue à bord de pirogues en bois ou en aluminium, équipées de moteurs hors-bord, qui peuvent accueillir de 8 à 14 passagers. « En pratique, celui qui obtient une création en Guyane, à Roura, Mana, Saint-Laurent-du-Maroni ou éventuellement même Apatou connaîtra une situation de professionnel de santé relativement comparable à celle de métropole, signale Anne Lefebvre. Celui qui va choisir Grand-Santi ou Papaichton va sans doute rencontrer plus d’aléas, ne serait-ce qu’en ce qui concerne la logistique. » 