Installation : cette titulaire fait le pari de la reprise d’une petite officine

© Getty Images/iStockphoto

Acquisition Réservé aux abonnés

Installation : cette titulaire fait le pari de la reprise d’une petite officine

Publié le 15 mai 2023
Par Francois Pouzaud
Mettre en favori

Les petites pharmacies, qui plus est situées en plein cœur des grandes métropoles, n’ont pas d’avenir et sont vouées à fermer, faute de repreneurs. La seconde installation de Sabrina Madjeri, à 34 ans, à Marseille, bat complètement en brèche cette idée reçue. Elle a cédé sa première affaire de 1,6 million d’euros pour reprendre en novembre dernier une pharmacie de moins de 1 million.  

Mais quelle idée est donc passée par la tête de Sabrina Madjeri pour tenter de relancer sa carrière de titulaire dans une pharmacie qui aujourd’hui n’intéresse même plus les primo-accédants ? Le goût du risque… calculé. Forte de sa première installation dans une officine située sur La Canebière à Marseille (Bouches-du-Rhône), elle ne s’est pas exilée très loin du centre-ville pour fuir la concurrence. « Ma nouvelle officine, la pharmacie de la Poste, située dans le 1er arrondissement, est à 10 minutes à pied de celle que j’ai revendue à mon adjointe et dans laquelle j’ai gardé des parts », précise-t-elle. Plutôt que d’y installer sa jeune associée, sur les conseils du cabinet Pharmacessions qui s’est occupé de cette transaction, elle a choisi d’engager son diplôme dans cette nouvelle acquisition. Pour plusieurs raisons : sa typologie d’officine de quartier, alors que la précédente était une pharmacie de centre-ville par excellence avec une clientèle essentiellement de passage ; elle bénéficie de 140 m² de surface et son excédent brut d’exploitation (EBE) est supérieur à 19 %.

La mixité entre zones de quartiers populaires et résidentiels est importante. Cette diversité renforce le positionnement de « pharmacie de proximité » de son officine. « J’ai également un rôle social important auprès de la population magrébine, je suis moi-même d’origine berbère… » L’équipe en place adhère aussi à sa philosophie et humanise l’officine avec une attitude permettant une relation de confiance avec la clientèle.

Un quartier dynamisant

Sur le plan entrepreneurial, les opportunités de rachat n’ont pas manqué. La pharmacie de la Poste avait perdu beaucoup de chiffre pendant la pandémie liée au Covid-19 en raison du manque de fréquentation du quartier. D’importants travaux autour de l’officine ont également perturbé l’exploitation de la cédante, aujourd’hui partie à la retraite. Mais le quartier, en devenir, offre de belles perspectives de développement pour l’établissement. « Une préparation médicale individualisée (PMI) a transféré et ouvert en 2022 à 200 m de la pharmacie. Elle dispose de plusieurs pôles : enfant, maternité, patients VIH, contraception et IVG, un centre de planification et d’éducation familiale… », détaille-t-elle.

Le quartier dispose déjà d’une population active importante, de nombreux commerces et des anciens bureaux de la grande poste transformés en locaux d’activité et bureaux (600 employés sur 12 000 m² de locaux). Il profitera bientôt de 5 000 m² de bureaux supplémentaires en cours de construction. Sur le plan médical, la population est bien pourvue (huit médecins généralistes à moins de 350 m) ; sur le plan concurrentiel, une petite pharmacie est implantée à 150 m et celle du centre Bourse, à l’enseigne Boticinal, est à 300 mètres, sans pour autant bénéficier d’un emplacement exceptionnel. Enfin, la pharmacie profite du tourisme et des arrêts de tramway et de métro à proximité. Avec tous ces leviers potentiels de croissance mis bout à bout, Sabrina Madjeri, qui a autofinancé l’acquisition de cette officine à hauteur de 150 k€, espère porter le chiffre d’affaires entre 1,3 M€ et 1,4 M€ d’ici deux ans.

Publicité