Financiarisation : l’officine citée en exemple pour l’accès aux prêts

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Financiarisation : l’officine citée en exemple pour l’accès aux prêts

Publié le 2 octobre 2024
Par Laurent Lefort
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Pour lutter contre la financiarisation, la commission des affaires sociales du Sénat recommande, dans son rapport d’information publié mercredi 25 septembre, de favoriser la constitution d’apports bancaires et l’accès à « des modes de financement respectueux de l’indépendance » pour les professionnels libéraux. Sur le modèle de ce qui est proposé dans le domaine de l’officine. Inventaire.

Issu de la mission de contrôle sur la financiarisation de la santé, lancée fin janvier, ce rapport émet 18 propositions pour protéger au mieux l’indépendance des professionnels de santé.

La première d’entre elles porte sur l’accès aux financements. Les sénateurs font le constat que les besoins de liquidités rencontrés par les libéraux, notamment lors de leur première installation, « constituent l’un des principaux facteurs de financiarisation de l’offre de soins ». Elle prend alors la forme d’un endettement auprès de fonds d’investissement susceptibles d’influencer l’organisation et l’activité de soins.

Ce phénomène est prégnant en officine où, malgré un strict contrôle de la propriété, réservée aux pharmaciens diplômés en activité, le recours à des fonds est courant. Il se fait souvent sous forme d’obligations convertibles en actions, ce qui permet aux pharmaciens d’accéder à des financements privés sans faire entrer le fonds au capital, mais en échange de contreparties susceptibles d’affecter leur indépendance, notent les sénateurs.

Des solutions à l’intérieur même de la profession

C’est aussi dans le milieu officinal qu’ont émergé des offres complémentaires de financement protégeant mieux l’indépendance des pharmaciens, constatent les rapporteurs. Ils citent l’exemple de la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP) et de son fonds « Interpharmaciens » permettant des cofinancements par des pharmaciens qui ne sont pas en mesure de réunir seuls un apport pour recourir à un prêt bancaire.

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L’initiative de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) et d’Interfimo est également mise en avant. Les trois ont créé la plateforme de financement participatif Pharmequity, destinée à mettre en relation des pharmaciens repreneurs d’officines en recherche de fonds propres avec d’autres épargnants souhaitant investir. Ces derniers investissent en actions et donc entrent au capital mais ne sont pas autorisés à intervenir dans la gestion quotidienne de l’officine. Il est par ailleurs précisé que les deux partenaires ne doivent pas exercer dans la même région.

Enfin, les grossistes-répartiteurs peuvent proposer aux pharmaciens souhaitant s’installer ou se développer une aide, telle que de se porter caution pour un prêt.

A contrario, des fonds trop intrusifs

Ces soutiens financiers n’empêchent pas l’officine d’être la cible de fonds d’investissement (beaucoup plus) interventionnistes, n’hésitant pas à brandir la menace de sanctions financières si le business plan établi lors de l’emprunt n’est pas respecté, si les officinaux laissent entrer au capital un nouvel associé, ne recourent pas à un fournisseur déterminé ou encore n’atteignent pas les objectifs de rendement financier ou d’horaires d’ouverture, relatent les sénateurs, déclarant l’avoir appris lors d’auditions du Conseil national de l’ordre des pharmaciens (Cnop) et des syndicats de la profession.