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- Deux pharmacies dans la poussière
Casser les ghettos et favoriser la mixité sociale, les objectifs de l’opération de renouvellement urbain menée à Limoges sont louables. Mais pas sans impacts négatifs. Dans le quartier sensible de La Bastide, deux pharmaciens en font l’expérience. « S’il n’y a pas eu d’augmentation de la demande de sédatifs ou de tranquillisants, les gens ont besoin de se confier, et nous avons un rôle d’appui psychologique », explique Patrick Giraudeau, installé depuis trente ans en bordure de la cité. Même constat à la pharmacie La Bastide II, que dirige depuis cinq ans Sylvia Baraige : « Ma préparatrice est là depuis trente ans, l’adjointe depuis sept ans, elles connaissent tout le monde ici. Après le choc de l’annonce du projet en 2009, il y a eu comme un deuil avec l’implosion des tours le 28 novembre dernier. Aujourd’hui, on a tourné une page, mais on ne sait pas ce qu’il y a sur la suivante… »
Une forte baisse du chiffre d’affaires
Car pour les deux pharmaciens, la destruction des deux barres HLM est aussi synonyme de départ : plus de 1 000 habitants, soit autant de clients, ont quitté le quartier. « Mon chiffre d’affaires a baissé de 10 % », confie Sylvia Baraige. Pour Patrick Giraudeau, qui a dû licencier un de ses trois employés, la situation est encore pire : son chiffre d’affaires a diminué de 6 % lors de l’évacuation des habitants et a marqué un nouveau recul de 7 % depuis que des palissades interdisent l’accès au chantier et isolent sa pharmacie du reste de la cité. Des palissades en place jusqu’à mars prochain, date de la fin de l’évacuation des gravats. « En tant que citoyen, je comprends ce type d’opération urbaine. Mais en tant qu’acteur économique, c’est une catastrophe ! » conclut Patrick Giraudeau.